CHAPITRE III : Bagarre de couloir

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- 15 septembre 2028 - Pennsylvanie - Allegheny National Forest

Raphaël poussa le battant de la porte, découvrant une chambre spacieuse et parquetée, des murs tout en pierre et un tapis central. Encastrées dans le mur opposé, des fenêtres à carreaux offraient une vue imprenable sur une coursive fleurie, où de jeunes mages s'entrainaient à jeter des sorts élémentaires. Sous elles, deux bureaux en bois. Les lits, hauts et larges, livraient le confort d'un épais matelas rembourré, un traversin et un oreiller. Debout devant celui de gauche, un jeune homme blond achevait de vider sa valise. Brook entra derrière Raphaël en couvant les lieux d'un œil émerveillé.

— Oh, la chance ! T'as des rideaux vert sapin ! Les nôtres sont jaune moche.

Le colocataire de Raphaël se retourna et leur jeta un regard surpris. C'était un beau jeune homme, assez pâle, mais d'une pâleur de lys, douce comme un printemps esquissé. Il avait les joues creuses, les cheveux soigneusement peignés, le nez pointu et noble. Brook sentit les papillons de l'attirance danser dans le creux de son ventre.

— Oh, désolée ! Salut. Je... je suis sa cousine, je ne fais que passer.

Il répondit, dévoilant un accent brut et prononcé :

— Bonjour, je crois que les filles ne sont pas autorisées dans les dortoirs des garçons.

— Ouais, je... désolée, je vais partir.

— Je ne le dis pas pour que tu t'en ailles, répondit-il gentiment. (Il balaya l'air de la main et envoya une onde qui repoussa doucement la porte, claquant le battant.) Il y aura moins de risques ainsi. Je m'appelle Cameron, freut mich.

Il leur sourit, cordial et Raphaël se détendit.

— Moi c'est Raphaël et elle, c'est Brook.

— Enchantée ! dit celle-ci. Si je puis me permettre, ton accent, c'est d'où ?

— Allemand, j'espère qu'il ne vous incommode pas trop, on m'a déjà dit que mon parlé n'était pas compréhensible.

— Euh non, pas du tout. Je ne sais pas qui t'a dit ça, mais il a de la merde dans les oreilles.

Raphaël secoua doucement la tête, le sourire aux lèvres, puis se dirigea vers son lit pour y récupérer son sac de voyage et ranger ses affaires. Il connaissait sa cousine par cœur. À en juger par sa façon de triturer ses manches et de dodeliner, le beau Cameron lui avait tapé dans l'œil.

*

Ce soir-là, Zachary retira son t-shirt couvert de sueur, exhibant son torse pâle et sculpturale, puis s'allongea sur le banc de musculation et entama une série de développé couché. La salle de sport de Veritas offrait un espace vaste et lumineux, ainsi qu'une large gamme de machines. Après plusieurs exercices, il se rassit, se détendit la nuque et secoua les mains pour décrisper ses muscles grippés. L'impression d'un regard glissa dans son dos, aussi il se retourna et surprit deux filles sur des elliptiques, occupées à l'observer. Les demoiselles se détournèrent vivement et il sourit pour lui-même, habitué mais jamais las de sentir l'admiration des autres. Un peu plus loin, Dayna travaillait ses dorsaux sur la poulie. Elle fit une pause, le vit, lui sourit, puis son attention se perdit derrière lui et Zachary se retourna.

Il déchanta.

En plein dans l'allée centrale : le nouveau. Vêtu en tout et pour tout d'un short de sport, Raphaël exhibait ses muscles saillants. Zach détailla avec dépit la perfection de son dos en v, ainsi que la marque précise de ses abdominaux qui creusaient dans sa peau halée. Il constata, non sans aigreur, que ce petit bâtard avait les épaules plus larges que lui. Le bâtard en question le vit et évita immédiatement son regard, avant de le dépasser pour atteindre les supports pour haltères.

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