CHAPITRE XXXVII : La famille la plus détestée

698 81 38
                                    


- 2 février 2029 - Pennsylvanie - Allegheny National Forest

Zachary n'avait pas longtemps résisté à la pression parentale et s'était rendu en cours le lendemain même. En entrant dans sa chambre, il vit le lit de Raphaël, sans literie, ni oreiller, ni couverture. Le bureau dégagé. Le sol impeccable. La lumière crue du jour qui se déversait dans la grande pièce froide.

Vide.

Vide comme son âme. Il laissa sa valise dans un coin puis s'assit lourdement sur son matelas, le regard dans le vide, le vide dans le cœur. Partout, le néant, il ne ressentait plus d'amour pour rien. La chambre lui semblait morne, les murs délavés entre lesquels siégeait le silence et les meubles, sans ses affaires. Il le revit allongé sur son lit, ses écouteurs dans ses oreilles, sa main derrière sa tête. Il le revit, Raphaël, se tourner vers lui et lâcher un sourire raccrocheur. Mais où était son sourire, à présent ? Il l'avait trahi, puis une avalanche de problèmes semblait s'être abattue sur lui, comme si le karma avait désiré de lui rendre la douleur qu'il avait infligé, son illusionniste avait énormément perdu. Comme si les prières de Zachary avaient été reçues avec un long temps de retard, il voyait se réaliser des souhaits qui n'en n'étaient plus. Ne pouvait-il pas récupérer sa place, maintenant que son rival avait été évincé ? Mais quelle place désirait-il, si ce n'était celle qu'il avait trouvé à ses côtés ? Celle où il n'avait plus besoin de se cacher, celle où il avait pu, pour la première fois depuis longtemps, être lui-même ?

Pour finalement être abandonné.

Zachary prépara son sac puis se rendit en cours, l'œil cave, il traversa les corridors et rejoignit son groupe qui l'accueillit à grand renfort d'exclamations enjouées. Les garçons lambinaient toujours au même endroit, sous un préau à colonnades assiégé par les courants d'air. Beaucoup d'étudiants se réunissaient ici avant d'aller en classe et ce matin-là, l'endroit était bondé.

— Eh bah, le voilà ! Le meilleur !

Tayson lui colla une tape dans le dos et gloussa :

— T'es remis mon pote ?

— Ouais, ça va.

— T'as l'air fatigué, commenta Jules.

— On en parle de ton nez ?

Son ami, qui avait un énorme pansement blanc en plein milieu du visage, affecta une expression exaspérée.

— Ne m'en parle pas. Heureusement que le guérisseur est doué, je l'enlève ce soir. (Il soupira.) Raphaël est un vrai malade, j'aurais mieux fait de t'écouter.

Un malaise étrange roula dans le corps de Zachary. Il ravala ses émotions et feignit un sourire qui lui coûta cher en énergie.

— Évidemment mec, j'ai toujours raison.

— Tu savais qu'il avait buté un gamin, toi ?

Le fils Valdez vira livide, son sourire mourut sur ses lèvres.

— Pouah, la tête que tu fais ! s'exclama Tayson.

— C'est quoi cette histoire ?

— Apparemment il aurait poussé un gamin au suicide, il y a huit ans, lui expliqua Jules. Un truc bien trash.

Zachary se sentit déchanter. Comment cette histoire avait-elle pu devenir publique ? Il feignit l'ignorance et questionna son ami :

— Qui t'a dit ça ?

— Personne. Il y avait des copies d'un article de journal placardées dans toute l'école hier.

— T'aurais vu la tronche de ce trouduc ! gloussa Tayson. T'aurais tapé une barre ! Un vrai spectacle. On est allés le voir du coup puis bah, la suite de l'histoire...

RivalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant