CHAPITRE XV : Un reflet des autres

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- 11 janvier 2029 - Pennsylvanie - Allegheny National Forest

La rage assaillit Raphaël, ses vieilles craintes refluèrent et une douleur cinglante se planta dans sa poitrine.

— Fais-moi virer et j'en parle à tout le monde, menaça-t-il pour toute défense.

— Personne ne te croira.

— Tout le monde me croira, tu le sais. Parce que les gens ont confiance en moi, mais toi... (Il le darda d'un regard glacial.) Tout le monde te déteste.

La phrase heurta Zachary de plein fouet, un déluge de tristesse dévala tout son corps.

— J'n'en ai rien à foutre, affirma-t-il durement.

— Ce n'est pas moi que t'essayes de convaincre.

Sur ce, il se leva du lit et se dirigea d'un pas décidé vers son lit. Il éteignit sa lampe et se coucha en tirant sur la couverture comme si elle avait tué sa mère. Zachary fixait le vide. Il se sentit soudainement si vide qu'il lui sembla que tous ses organes avaient quitté son corps. Une souffrance cinglante nageait dans sa poitrine et ce n'était pas seulement la sienne, c'était celle qui avait infligé à Raphaël. Chaque mot contre Anderson était un mot contre lui-même. Mais c'était trop tard.

Et c'était mieux comme ça.

Ce qui venait de se passer n'avait aucun sens. Ce n'était pas lui, il n'était pas comme ça, il ne se faisait pas baiser par des mecs et encore moins par ce crétin de... fils de pute de nouveau. Il voulait le démolir, il voulait l'étreindre, il voulait lui arracher son sourire et le voir fleurir, le repousser et l'attirer à lui. Il voulait le détester mais il n'y arrivait plus.

*

- 12 janvier 2029 - Pennsylvanie - Allegheny National Forest

William Vargas, professeur de magie élémentaire, se tenait en plein centre de la salle d'entrainement, une haute pièce vide surplombée de croisées d'ogive. Élégant dans son costume noir, il suscitait maintes chuchotements admiratifs et parfois quelques regards concupiscents. Sa sévérité faisait sa réputation, son manque d'amabilité donnait à son aura un aspect captivant auquel beaucoup étaient sensibles. Il s'avança vers ses élèves, ses chaussures claquèrent les dalles froides dans le silence de son cour, qu'il avait aisément imposé. D'un simple geste, il fit jaillir une flamme dans sa main droite puis, avec la même aisance, fit naître une boule d'eau dans sa main gauche.

— Feu et eau, dicta-t-il, les deux éléments que tout opposent. Pourtant, si l'eau peut éteindre les flammes, les flammes elles, peuvent réchauffer l'eau la plus froide, l'amener à ébullition et l'évaporer jusqu'à sa dernière goutte. Le feu peut détruire l'eau.

Silence. Ses élèves observèrent leur professeur faire cesser sa magie et enfoncer ses mains dans ses poches.

— Je veux deux élèves, déclara-t-il.

Sur ce, il se dirigea vers eux, longea lentement la rangée puis s'arrêta devant Raphaël.

— Toi, dit-il, je ne t'entends pas beaucoup.

Raphaël sortit du rang pour se placer quelques mètres devant lui.

— Évidemment, chuchota Zachary à Tayson, le basse lignée. Putain de politiquement correct.

William se tourna subitement vers lui et le darda d'un œil glacial.

— Toi. Avance-toi et mets-toi devant lui.

Zachary fit claquer sa langue, alla se positionner devant Raphaël et le fusilla du regard. Mais un instant dans les yeux bicolores suffit à lui faire détourner les siens.

RivalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant