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Une goutte tombe sur le dos de ma main posée sur ma cuisse. Je relève la tête, jamais je n'avais vu une expression aussi déchirée sur le visage de Kyra. Elle semble à la fois choquée, effroyablement triste, et souffrante d'une douleur sourde.

K - Je t'ai fait tant de mal que ça ? murmure-t-elle en ignorant la larme sur sa joue droite, puis la suivante sur la gauche.

Je hoche la tête.

A - Une première fois lorsque John t'a dit de me quitter, et que tu l'as fait immédiatement. Tu l'as écouté lui, plus que moi alors que tu disais m'aimer. Une deuxième, lorsque tu m'as dit le même instant que je n'étais pas assez importante. Une troisième lorsque tu m'avais dit que notre relation importait plus que la prison, ton boulot, et que quelques temps après tu n'as même pas le courage de dire à ta sœur la vérité. Une quatrième, lorsque tu matais Olivia. Et là ce n'est que ce que tu m'as fait. Je ne parle pas des mots de John, ou de mes parents à l'hôpital, de Moon, de Mélissa et ses potes.

Kyra lâche un petit hoquet face à l'énumération de mes douleurs.

K - Je suis tellement, tellement désolée, déclare ma professeur avant d'enfouir son visage mouillé dans mon cou. Je n'ai toujours que pensé à moi sans me dire que tu en souffrirais, je suis désolée, Ren. Vraiment.

Je passe mes bras autour de sa nuque, la serrant plus fort contre moi.

A - Et le pire c'est que je n'arrive pas à t'en vouloir.

K - Tu me pardonnes ?

A - Je t'ai déjà tout pardonné, même si je ne le veux pas.

La jeune femme me serre d'autant plus contre elle, a tel point que je ne sais plus où commence son corps et fini le mien.

A - Je crois que le problème, c'est que tu m'aimes de façon mesurée, assez pour être amoureuse de moi, mais pas assez pour me faire passer avant toi. Hors, moi je t'aime inconditionnellement et c'est nocif, parce que je te laisse me détruire à chaque fois. Le problème, c'est que je suis celle qui se sacrifie le plus alors que je risque moins. J'agis pour toi, toujours et seulement dans ton intérêt plutôt que dans le mien. Et ça fait mal, c'est mal d'aimer comme ça, parce que je ne peux pas prendre soin de moi. Alors que toi tu restes capable de te préoccuper de ton état, de ce que tu ressens, de ce que tu fais ou non pour moi. C'est ce que je disais, je t'aime trop. Beaucoup trop.

Kyra ne dit rien. Je prends son silence pour une affirmation de mes dires.

A - Je suis fatiguée d'avoir mal, murmuré-je avant poser un baiser sur sa tempe.

K - Est-ce que c'est une façon courtoise de me quitter ? demande-t-elle en se crispant.

A - Non. Je ne te quitte pas. Je veux juste que tu saches ce que j'ai sur le cœur, même si c'est un peu poussé par l'alcool.

"Un peu" ? Mon oeil ! C'est UNIQUEMENT grâce à l'alcool.

Ta gueule, petite voix...

Nous restons dans cette position, mes jambes autour de sa taille et mon corps collé au sien, ses bras m'entourant toute entière, son visage enfoui dans mon cou.

Ma - Je crois qu'elles sont bourrées, nos amoureuses, entendé-je doucement. On dirait qu'elles dorment.

Ka - Je pense aussi.

P - On va rentrer. Même si je dois dire qu'elles sont mignonnes.

Ma - Vous les connaissez du lycée, alors ?

P - Oui. Même si je connais Arwen depuis plus longtemps qu'elle ne le pense.

Ka - Comment ça ?

P - C'est une longue histoire. Rentrons.

Au-delà Des LimitesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant