Nous arrivons chez mes parents, ayant convenu que Charlie et moi resterons avec eux toute la semaine parce qu'ils m'ont manqué, comme je leur ai manqué, et qu'il en va de même pour mon frère. Je laisse ma valise près de la machine à laver sachant que pratiquement tout le linge à l'intérieur est sale, puis vais directement sous la douche pour me rincer des émotions de la journée. Je n'ai qu'une envie, me coucher et oublier cette sensation, ce frisson de frayeur. Ce mauvais pressentiment. Dans mon lit, j'attrape mon portable pour appeler Kyra, autant par envie d'entendre sa voix que pour me réconforter.
K - Oui, chérie ? répond-elle à la seconde.
A - Tu as répondu vite, remarqué-je sourire aux lèvres.
K - J'étais entrain de scroller sur insta, alors oui.
Mes deux sourcils se relèvent si fort qu'ils en viendraient presque à se décoller de ma tête.
A - T'as insta toi ? Mais pardon ? m'exclamé-je étonnée.
K - Heee ! Je ne suis pas un dinosaure ! J'ai pas 80ans mais 24, je te signale. Figures toi que j'ai aussi les réseaux sociaux ! réplique ma petite amie presque vexée.
A - Désolée, c'est juste que je n'arrive pas à voir les profs avec des réseaux sociaux. C'est juste un préjugé sur ta profession, je crois, dis-je en haussant les épaules même si elle ne peut pas le voir.
K - Je croyais qu'en philo vous appreniez à déconstruire les préjugés, jeune fille... souffle Kyra avec un ton professoral sévère qui me fait toujours autant d'effet.
A - Certes, mais l'année n'est pas terminée, le travail n'est pas fini, répliqué-je, c'est normal que je ne sache pas encore tout !
K - Mouais... On va dire ça.
Un petit silence confortable se pose, un ange passe.
K - Tu avais besoin de quelque chose, mon chat ? demande ma blonde après cet instant sans un bruit autre que nos respirations lentes et détendues.
A - Non. Je voulais juste t'entendre, j'aime bien ta voix et tu me manques déjà, soupiré-je en regardant mon lit vide de tout autre corps que le mien.
K - On se voit lundi au lycée, Chat. Tu peux bien attendre jusque là, non ?
A - Oui, je le peux, mais je ne veux pas. Et puis je ne suis même pas sûre de te voir puisqu'on a pas cours ensemble avant mardi. Mais j'attendrais.
K - Ok. Je vais aller me coucher, je suis fatiguée. Tu devrais en faire autant, le voyage était assez éprouvant, autant négativement que positivement.
A - C'est vrai. Bonne nuit, Love.
K - Bonne nuit, chérie. Je t'aime.
Je raccroche quelque seconde après. Kyr' a raison, le voyage était éprouvant. C'est le bon mot. Trop d'émotions, et ça fatigue. Je branche mon portable, m'allonge sur le dos en recouvrant mon corps nu de mon plaid bleu et de ma couette, mes paupières se fermant immédiatement. Une nuit peuplée de rêves, ou plutôt de cauchemars. Un homme qui nous suit, Kyra qui disparait en un tas de cendres, celles-ci me filant entre les doigts. Des cris, du désespoir, de la peur, des angoisses et des frissons, de la terreur. Du noir tout autour, des regards, des index accusateurs dans sa direction.
C'est en sueur que je me réveille à 5 heure du matin. C'est les yeux grands ouverts dans le noir que je comprends que je ne me rendormirai pas. Autant parce que je ne trouverai plus le sommeil que je ne veux plus le trouver. Pas si c'est pour avoir des cauchemars. Je me redresse, frottant mon visage de mes mains. J'ai besoin de me défouler. De bouger. D'exploser. Ou plutôt, c'exploser cette angoisse constante.
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Au-delà Des Limites
RomanceUne boîte de nuit. Une femme au rouge à lèvres bleu. Une jeune femme de Terminale au corps de bronze taché de blanc. Une nuit mouvementée quelques jours avant la rentrée. Le lycée, un cours d'anglais. "C'est elle ?" pensent-elles en même temps, l'...