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Nous trouvons une table dans un coin bien au fond du restaurant. Un endroit discret. Je vois qu'Arwen est profondément mal à l'aise, et je comprends. Ce n'est pas facile, de s'ouvrir. Je le sais mieux que personne.

Installées, nous retirons nos manteaux, nos bonnets, puis chacune prend une carte pour la lire sans trop de conviction. Je tente une plaisanterie, histoire de voir sourire un peu ma belle petite-amie.

K - J'imagine que je n'ai pas le droit aux fruits de mer si je tiens à pouvoir goûter tes lèvres le reste de la journée ? supposé-je en riant.

A - Tu supposes bien, répond-elle avec un léger sourire.

C'est déjà ça. Un petit sourire.

A - Donc... j'imagine que tu étais déjà venue ici avec Olivia ? dit-elle doucement, avec une expression de déception intense.

Fuck... pourquoi il a fallut qu'elle parle de ça ? Peut-être que ça la rend encore plus mal à l'aise.

K - Oui. C'était... c'était ici, répondé-je le ton bas, profondément désolée de mes actions passées.

A - Euh... hmm... mais pub crawl, ce n'est pas l'équivalent du barathon, en France ? change-t-elle de sujet, particulièrement gênée.

K - Si, c'est aussi un barathon. Mais certains lieux ont pris ce nom, certainement en faisant ce lien joueur entre le bar restaurant et le fait de faire la fête avec un barathon, dis-je avec un ton léger.

A - Je vois.

Silence pesant. Une serveuse arrive pour le briser. Nous lui disons rapidement notre commande, puis elle repart aussitôt.

K - Wen... murmuré-je sans savoir quoi dire.

A - Je sais. Eumh... je ne sais pas par où commencer.

K - Par ce que tu veux.

A - Je suis... perdue, et terrifiée. J'ai peur de sa réaction, de la mienne, peur d'être déçue, peur de la décevoir si elle se réveille. Je crève de trouille, putain. C'est quelqu'un que je dois appeler "maman" mais que je ne connais pas. Et je ne sais pas quoi faire avec... tout ça.

Je pose ma main sur la sienne, la caressant du pouce.

K - Tu n'as pas à l'appeler "maman" si tu ne veux pas. Tu n'en n'as absolument pas l'obligation. C'est ton choix. A toi de choisir la manière dont tu la vois. Et tu ne peux pas prédire sa réaction comme la tienne parce que vous ne vous connaissez pas, à supposer qu'elle se réveille. Ok ? Alors on se détend, et on verra bien le moment venu.

A - Merci, souffle-t-elle la voix tremblante, les yeux humides.

Les assiettes arrivent à ce moment là. Nous mangeons en silence, mais celui-ci moins pesant qu'avant. Le repas se déroule avec quelques petites interventions banales, du genre "Tu aimes ?", "Je peux gouter ?", ou encore "J'ai pas envie que les classes reviennent de visite.". Je paye pour nous deux sans laisser le choix à Wen, la faisant bouder un peu avant de me faire pardonner avec un baiser. Ça marche plutôt bien, comme méthode.

A la sortie du restaurant, je regarde Ren qui elle admire le ciel. Un ciel blanc duquel tombent en une danse douce de magnifiques flocons aux motifs tous aussi aléatoires et jolis les uns que les autres, parfois petits, parfois gros. Je me reconcentre sur ma petite amie, l'éclat de ses yeux me réchauffe instantanément. Un éclat d'admiration, de contemplation pure de cette danse blanche. L'un des flocons atterri sur les cils épais de son œil gauche.

K - Cute... murmuré-je la poitrine gonflée d'amour.

A - Quoi ? demande la jeune femme en se tournant vers moi.

Au-delà Des LimitesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant