Chapitre 9

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Il était presque 4h du matin quand Beca conduisit Brittany chez elle. Une fois dans la voiture, elle retira sa perruque et la brune sourit en la voyant redevenir blonde. Elle la préférait vraiment comme ça.
 
- C'est quoi ton adresse ? Demanda alors la plus petite.
- Euh... tu veux pas plutôt me déposer devant le théâtre ? Répondit la blonde, gênée.
- C'est si moche que ça l'endroit où tu vis ?
- S'te-plaît Beca.
- OK, c'est toi qui vois ma belle.
 
Le surnom surprit Brittany, mais elle ne dit rien. Elle se contenta de sourire et la brune conduisit en silence jusqu'au théâtre. Une fois à destination Brittany ne sortit pas de la voiture. Elle n'en avait pas envie. Elle voulait rester avec Beca. La brune le remarqua et sourit en prenant la main de sa jolie blonde dans la sienne.
 
- Tu devrais y aller... ta colocataire va s'inquiéter. Fit la brune.
- Elle doit dormir comme un bébé. Et j'ai pas envie de partir... Je le sens mal là...
- Et bien... j'ai pas envie que tu partes non plus. Je suis tellement bien quand elle est près de moi.
- Je... tu... Tu m'emmènes chez toi ?
- Avec joie.
 
Beca redémarra la voiture et conduisit d'une main, car elle ne lâcha pas celle de la blonde de tout le trajet. Quand elles arrivèrent au pied de l'immeuble, elles furent obligées de se lâcher le temps de sortir la voiture. Mais dès qu'elles furent sortit, leurs mains se retrouvèrent et la brune sourit en sentant le frisson de plaisir qui la parcourut dans tout le corps. Elles passèrent devant la réception dans le hall, et Brittany fut surprise de voir que ce n'était pas Jordan cette fois. Mais bon, il ne devait pas travailler aussi tard. La brune en revanche devait lui faire confiance car elle lui confia les clés de sa voiture. Puis elles se rendirent à l'ascenseur et montèrent jusqu'au dernier étage, comme toujours.
 
- Tu as envie de quelque chose en particulier ? Demanda Beca en aidant la blonde à retirer son manteau.
- Non. T'embrasser et te faire l'amour comme jamais.
- Moi non plus à vrai dire. Je suis juste contente qu'elle soit là.
- Dis, je peux te demander quelque chose ?
- Quoi ?
- Comment tu as pu m'envoyer des fleurs si tu connaissais pas mon adresse ?
- Je les ai donné à ton amie devant le théâtre. Je voulais te les donner à toi, mais elle m'a dit que tu étais avec un client. Je pouvais pas attendre, j'avais un truc important à faire. Alors je les ai donné à... Cat, je crois que c'est son nom. Vu qu'elle m'a dit qu'elle vivait avec toi. Je savais que tu finirais par les avoir comme ça.
- Oh. Merci en tout cas. Je les ai adoré.
- Mais de rien. Bon... je suis pas mal fatiguée en fait... donc... euh... je vais aller me coucher. Bonne nuit ma belle.
- Beca arrêtes de m'appeler comme ça. Pria soudain la blonde.
- Ma belle ?
- Ouais.
- Pourquoi ?
- C'est une marque d'affection.
- Mais je t'aime bien.
- C'est justement ça le problème Beca. Tu es censée être ma cliente. Rien d'autre que ma cliente. On est pas censées s'apprécier. Et je suis même pas censée prendre du plaisir en couchant avec toi. Tu... tu devrais être un job comme un autre. Bon... Ben c'est sortit au moins.
- Attends Brittany, qu'est-ce que tu me fais là ?
- J'arrête tout avant qu'il soit trop tard.
- Mais...
- Désolée Beca. Je peux pas. J'ai pas le droit...
 
La blonde s'éloigna soudain de la brune. Elles avaient faillit s'embrasser plusieurs fois à cette soirée. Et ça lui avait ouvert les yeux. Elle était trop attachée à Beca, et ça risquait d'affecter son travail. Elle ne pouvait pas se le permettre. Alors elle récupéra son manteau, et elle s'apprêtait à l'enfiler, quand la petite brune l'en empêcha.
 
- Attends, reste s'te-plaît... je te donnerais plus de surnoms si ça pose problème. Mais s'il-te-plaît... reste. Pria Beca, les larmes aux yeux.
- Je peux pas. Fit la blonde.
- Pourquoi ? T'en as envie, sinon tu m'aurais pas demandé de t'amener ici.
- Justement, c'est parce que j'en ai envie que je dois partir. Je suis pas censée avoir envie d'être avec un client Beca. Je suis censée faire mon job, parce que j'ai besoin d'argent, et rien d'autre. Sauf qu'avec ce que tu m'as donné en une semaine, 3 700 $, je pourrais arrêter de bosser pendant deux mois complet. C'est pas normal. Même si ça me plaît de plus faire ça...
- Je t'ai pas encore donner les 2 000.
- Oui mais ce sera quand même le total une fois que tu me les donnera.
- Alors arrête de bosser si ça te plaît pas. On se verra en tant qu'amies comme ça.
- Je peux pas créer de liens avec mes clients.
- Pourquoi ?
- C'est trop de complications. Surtout pour moi...
- OK... Alors tiens. Beca récupéra les 2 000 qu'elle avait retiré en avance, et les donna à la blonde. Tiens. Prends ton fric et pars. Puisque c'est ça que tu veux. Merci d'avoir joué le jeu ce soir, c'était sympa. J'ai vraiment passé un bon moment grâce à toi. Mais maintenant prends juste tes putains de billets et pars.
- Beca... le prends pas comme ça. Ça me fait aussi mal qu'à toi. Et justement, tu dois bien te rendre compte qu'on devrait pas s'apprécier autant toi et moi. C'est pas normal.
- Je t'ai dis de t'en aller !
 
La brune lâcha ses larmes et lui jeta les billets à la figure. Elle lui lança un dernier regard, remplie de colère et de tristesse, puis elle alla s'enfermer dans sa chambre. La blonde resta plantée dans le couloir pendant plusieurs minutes sans savoir quoi faire. Finalement, elle finit par retirer son collier, récupéra les billets sur le sol, et déposa le tout sur le comptoir en laissant un mot. Puis elle sortit de l'appartement, prenant juste assez d'argent pour payer le taxi.
 
Le lendemain
 
Beca n'était pas d'humeur à aller bosser. Il était plus de 11h et elle était toujours en pyjama dans son lit. Les traces de mascaras de la veille étaient toujours sur ses joues à force d'avoir pleurer, et elle s'en moquait complètement. Elle finit tout de même par sortir du lit, son ventre criait famine et sa vessie allait exploser. Elle alla alors aux toilettes, avant de se rendre à la cuisine. C'est là, sur le comptoir, qu'elle trouva l'argent, le collier, et le mot de Brittany. Enfin, le mot... la lettre serait plus exact en fait. Elle souffla un coup, et prit la feuille entre ses mains avant de se mettre à lire, retenant son souffle par anticipation, et par peur de ce qu'elle allait apprendre.
 
« Ma Beca,
Tu vois ? Il y a déjà un problème... tu es ma cliente, je devrais pas t'appeler comme ça. Je ne devrais pas non plus t'apprécier. Mais pourtant c'est le cas. En une semaine tu m'as fais me sentir plus aimée, et plus importante que jamais. Même avant que je me lance dans ce « métier » personne ne m'avait jamais traitée aussi bien que toi... avec respect et amour. Au point que même moi je finisse par me sentir belle et importante pour quelqu'un. Je te serais toujours extrêmement reconnaissante pour tout ça. Toujours. Mais il faut que tu comprenne que mon activité professionnelle m'interdit de m'attacher aux gens avec qui je couche. Pretty Woman n'est qu'un film, ce n'est pas la vraie vie... Dans la réalité, les gens comme moi se battent pour survivre. On finit par accepter n'importe quoi pour pouvoir payer le loyer. On se fait insulter et rabaisser. On a pas notre place dans un monde comme le tien. Alors il vaut mieux qu'on arrête de se voir toi et moi... ne viens plus me chercher.
C'est difficile à comprendre je sais, mais je fais ça pour toi. Si tu continue de me fréquenter, les gens le sauront, et ton image sera salie pour toujours. Même si je cesse d'exercer, je serais toujours rattachée à l'image de la prostituée qui faisait le trottoir devant le théâtre. Et ta réputation sera ternie. Ce n'est pas le moment qu'un truc pareil t'arrive alors que tu viens d'être nommée officiellement rédactrice en chef, et PDG de Glam's. Tu es une figure publique et importante désormais. Tu as un avenir brillant qui t'attend, et j'ai pas le droit de gâcher ça. Et je ne le ferais pas. Je t'en fais la promesse.
Cela dit, tu resteras toujours dans mon cœur, et tu seras toujours la seule de mes clientes qui pourra dire que... je t'appréciais vraiment, et je prenais vraiment du plaisir avec toi. Merci pour tout jolie brune. Saches que je penserais toujours à toi, et à travers ce collier, je serais toujours auprès de toi.
Je t'embrasse.
 
Brittany...
 
P.S: Je te laisse ton argent, parce que cette soirée n'était pas vraiment un travail pour moi. J'ai adoré. Je prends juste 50 $ pour payer le taxi et rentrer chez moi. »
 
Beca retenait difficilement ses larmes depuis qu'elle avait commencé sa lecture. Son regard se posa sur le collier que Brittany lui avait laissé, et elle le prit délicatement dans ses mains. Curieusement, il lui parut bien lourd... comme s'il contenait tous leurs sentiments inavoués à toutes les deux... et là ce fut trop. Elle éclata en sanglot et se laissa tomber à terre, serrant contre son cœur ce collier qu'elle avait trouvé si beau quand Brittany le portait, mais qui lui paraissait des plus ordinaires maintenant qu'il était simplement dans sa main...
 
Reviens Brittany... Je t'en prie reviens.
 
- Je t'aime...
 
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« Ni feu, ni charbon, ne sont aussi brûlant qu'un amour secret que chacun ignore... »
 
≈ Anonyme ≈
 
 
« Les plus beaux actes d'amour sont ceux accomplis dans le secret du cœur, ils ne s'oxydent pas. »
 
≈ Jean Guitton ≈

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