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Anila


"De l'amour à la haine il n'y a qu'un pas, comme de l'amitié à l'amour il n'y a qu'un pas aussi !"

Aurélie DEFAYS


Bleu – Vert – Rouge – Jaune – Rose – Bleu – Vert...

Les lumières de mon bandeau LED se reflètent sur le plafond, leur transition cadencée est orchestré grâce à mon doigt vissé à la télécommande.

Je me remets doucement de cette soirée "Au revoir" qu'a organisée mon frère pour moi dans la maison de notre père en le foutant lui et ma belle-mère dehors pour la nuit. Je crois qu'ils la passent chez ma mère. C'est ça quand tes parents se séparent en restant les meilleurs amis du monde, pas de névroses, pas de traumas, de l'amour, peut-être même trop d'amour. Ils ont définitivement mis la barre trop haut.

Il a convié des dizaines de personnes, alors que je n'ai pas d'amis. Pas que je sois associable ou désagréable, non, disons plutôt que j'ai des objectifs de vie depuis que je suis toute petite et qu'en gros, je n'ai de temps à consacrer qu'à leur concrétisation.

Ma vie est rythmée, depuis ma plus tendre enfance, par l'école, les entrainements de football en club ou perso le soir et les matchs le week-end. Je n'ai de place pour rien d'autre.

Pour rien, mis à part Minus, mon double, mon jumeau, l'infernal clone masculin qu'a expulsé ma mère onze minutes après moi et Lui, ma faiblesse, ma flamme, ma nuit.

Leroy Ellard.

Il est notre meilleur ami depuis le jour où notre père nous a inscrit dans le club de football d'une petite ville proche de chez nous.

J'ai débarqué avec mon maillot bleu ciel, les couleurs de l'équipe de Manchester City, et floqué du nom de mon joueur préféré, Aguero. J'étais intimement convaincue à mon très jeune âge que je marierai avec cet attaquant quand je serai grande.

Elyo, lui, freinait des quatre fers, pas emballé à l'idée de taper dans un ballon. Plutôt obsédé par les pistolet et les motos mais persuadé de devoir me protéger des garçons du haut de ses huit ans, il a fait croire à notre père qu'il voulait lui aussi jouer.

Quand on est arrivé un garçon de notre âge, s'est avancé à notre niveau.

Il avait la peau beaucoup plus foncée que nous, mais pas autant que ma cousine Ninie, les cheveux tellement bouclés qu'on aurait dit qu'il en avait beaucoup et de partout et des yeux incroyables.

Même si j'étais une enfant, je me souviendrai toute ma vie de l'effet qu'ils m'ont fait. Ils étaient comme une nuit peuplée d'étoiles et de milliers de galaxies.

Une myriade de couleurs aussi spectaculaires que les teintes d'une voie lactée.

Il ne m'a même pas regardée, s'est approché de mon frère, a tapé son poing contre le sien et s'est présenté.

Salut, moi c'est Leroy et toi.

Elyo et ça, c'est Cortex, ma sœur, lui a-t-il répondu en faisant un mouvement du menton dans ma direction.

Mon nom c'est Anila, Minus, ai-je rétorqué à mon frère.

Leroy m'a regardé avec ses grands et magnifiques yeux de manière totalement écœurée, m'a scannée de haut en bas et j'ai eu envie de l'écrabouiller quand il a prononcé ces premiers mots à mon intention.

Les filles, ça jouent pas au foot.

J'ai vu rouge direct. Il faut dire que je suis la parfaite combinaison des caractères de mes trois parents.

Moth to a flameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant