Moth to a flame

8

Leroy

"Les erreurs ne se regrettent pas, elles s'assument ! La peur ne se fuit pas, elle se surmonte. L'amour ne se crie pas, il se prouve."

Simone VEIL

Elle a beau être de dos, je sais qu'elle est à deux doigts de péter un câble. Elle s'est figée immédiatement, son corps s'est raidi et ses poings s'ouvrent et se ferment compulsivement. On ne dit rien durant une minute et elle reprend sa route.

Oh non tu ne t'enfuiras pas.

— Ani, accorde-moi cinq minutes, s'il te plaît.

J'ai l'air désespéré mais c'est vraiment pas le plus important en cet instant.

— Il y a trois ans, je t'ai demandé quelque chose. C'est quoi que tu n'as pas capté dans ces cinq petits mots ?

Elle m'a craché cette phrase sans même se retourner.

— On peut parler ? Juste cinq petites minutes.

Elle se retourne brutalement, si ses yeux avaient été une arme, je serai mort sur le coup mais je la trouve quand même magnifique et ça me tue d'une certaine manière.

Sa voix est un peu plus grave, elle est beaucoup plus musclée qu'il y a trois ans, beaucoup plus femme et elle dégage toujours la même assurance que depuis son jeune âge.

Je n'arrive pas à détacher mon regard de son corps, de son visage et je me rends compte qu'il est possible de retomber plusieurs fois amoureux de la même personne.

— Qu'est-ce que tu veux ? Tu t'es perdu ? T'as besoin que je te montre le chemin de la sortie ?

— Je suis venu pour toi.

— Pourquoi faire ?

— Reprendre où l'on s'est arrêté.

Elle éclate de rire et je comprends que ça va être beaucoup plus compliqué que ce que je m'étais imaginé.

Elle ne s'est pas endurcie, elle est devenue complétement insensible.

— Tu te fous de ma gueule ? C'est ça ? C'est un pari avec quelqu'un ou quoi ? Allez vas y, déblaye, tu pollues mon espace vital.

Elle opère un demi-tour et repart en direction des vestiaires. Je la suis au pas de course et attrape son bras pour qu'elle se retourne.

Au contact de nos peaux, une vague de chaleur prend vie dans mon corps, un frissonnement me parcours et son bras se couvre de chair de poule. Elle le regarde, s'en rend compte et le retire violemment de ma main comme si j'allais la contaminer mortellement.

— Ne – Me – Touche – Plus – Jamais.

— Sinon quoi ?

— Je t'ai étalé quand j'avais huit ans, dis-toi que je pourrai le refaire, là et cent fois plus facilement que quand on était gosse.

— Peut-être que j'attends que ça ?

Ça y est, elle va s'énerver, c'est toujours ça de gagner, au moins j'arrive encore à lui procurer certaines émotions, même si ce ne sont pas celles que je souhaite, ça prouve qu'elle n'est pas totalement hermétique à ma personne.