Moth to a flame

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Anila

" Entre une grâce et une garce, il n'y a qu'une lettre de déplacée. Le plus souvent une lettre de rupture."

Claude FRISONI

C'est pas possible, il n'arrêtera jamais.

Il va m'emmerder combien de temps encore ? Même en me servant de son concurrent direct ça ne suffit pas. Qu'est-ce qu'il peut m'énerver.

Ma main est toujours prisonnière de celle de Wissam, on ne rompt le contact qu'une fois installé dans sa voiture et à l'abri des regards de mon pire cauchemar.

Je m'installe, cale le derrière de mon crâne sur l'appui-tête, souffle en fermant les yeux, bloquant les larmes de rage qui menacent de couler.

J'inspire profondément plusieurs fois par le nez, avant de souffler jusqu'à vider mes poumons par la bouche. C'est à se demander si je me calme ou si j'accouche.

Wissam n'a toujours pas démarré, ni prononcé une parole. Il sent que je suis à deux doigts d'exploser.

Tout le monde au centre sait que je suis concentrée, bosseuse, franche et relativement raisonnable mais ils savent aussi que quand on me pousse à bout, que j'estime que l'on fait preuve d'injustice ou encore qu'on me manque de respect, je rentre dans des colères épiques. Plusieurs personnes, mon chauffeur y compris, en ont déjà subi les foudres.

Il faut que je me reprenne.

On a dit qu'on faisait comme s'il n'était rien. Ni mon ancien meilleur coéquipier, ni mon ancien camarade de classe, ni mon ancien meilleur ami et encore moins mon ancien petit ami.

RIEN.

Quatre lettres, c'est facile à retenir ça. Non ?

Allez Ani, tu le détestes. Il t'a fait du mal, il t'a fait espérer, il t'a dépucelé pour mieux te quitter après, il ta brisé le cœur.

Oui mais qu'est-ce qu'il t'a aimé aussi.

STOP

C'est un connard, il faut que je me rentre ça dans la tête.

J'ouvre les yeux, on est toujours dans le parking à l'entrée du centre. Wissam ne dit toujours rien, les mains sur le volant, l'œil fixé droit devant. On reste dans ce silence pesant un moment. Quand il me sent relativement plus apaisée il brise le silence.

— Ça va ?

Mais pourquoi ce n'est pas de lui dont je suis amoureuse. Il coche toutes les cases. Il est sérieux, monstrueusement gentil, il ne boit pas, ne fume pas, ne passe pas ses soirées avec ses potes à se taper la planète, il joue au foot et fait non négligeable il est canon et baise comme un dieu.

Pourquoi ?

Parce qu'il n'est pas Lui.

— Je ne sais pas.

— Ani, c'est pas grave je te jure.

— Si c'est grave. Je me suis servi de toi.

— Écoutes, si ça m'avait emmerdé, je ne serais pas rentrer dans ton jeu.

— Ouais, mais je déteste mentir, c'est pas moi ça.

— À situation désespérée, mesure désespérée.