Moth to a flame

10

Leroy

"Mon cœur est plein de peur. Peur que quelqu'un d'autre vienne et qu'il s'empare du tien."

HAMZA

Même quand elle est transpirante et rouge d'effort elle est magnifique, ça fait plus d'une heure que j'assiste à son entraînement, je pense que ses coéquipières ont fini par se rendre compte de ma présence.

En même temps, je ne fais rien pour être discret depuis mardi, quand elles arrivent toutes, je fais exprès d'être dans le passage, je les salue une par une et il n'y a qu'elle qui ne me répond pas. Pour le coup, à cause de son comportement, tout le monde s'est rendu compte qu'il y avait un problème entre nous.

Je suis à ma place habituelle, la même que j'occupe depuis trois jours, accoudé à la rambarde et je ne regarde qu'elle.

Certaines filles me jettent des coups d'œil en se demandant pourquoi on ne m'a toujours pas demandé de partir, alors que d'autres, certainement, doivent savoir qui je suis et que je fais partie du club.

Elle vient de finir son passage à l'échelle et deux jeunes femmes, brunes toute les deux, s'avancent vers elle. Elles tournent leur visage vers moi, la plus petite me désigne de la main, sans aucune discrétion et demande quelque chose à Anila. Cette dernière ne lève même pas les yeux sur moi, je la vois souffler et passer la main sur ses cheveux tirés en queue de cheval. Elle leur dit quelque chose et la plus grande détourne son regard vers le mien, la bombe est lâchée, je pense qu'à partir de demain, elles seront trois à ne plus me saluer.

— Bellini, Lamrani et Galliano, vous discuterez chez vous, pour la peine deux tours et si j'en vois une parler c'est cinquante pompes.

L'entraîneur me sort de mes pensées et Anila me jette un regard qui pourrait me tuer s'il ne m'amusait pas.

Avoir enfin son attention me fait sourire et elle le voit. Quand elles passent à mon niveau, si elle, elle m'ignore totalement, ce n'est le cas de ses copines, que je devine être Meryam et Catalina. Un "connard" ainsi qu'un "baltringue" me parviennent jusqu'aux oreilles et je comprends qu'elles sont maintenant au courant pour nous.

Une fois leurs deux tours terminés, elles reprennent place avec le groupe, pendant la pause fraicheur, une de sescoéquipières se rapproche de moi et entame une conversation loin d'être innocente.

— Salut, t'es le nouveau de la réserve, c'est ça ?

— Ouais. Leroy, lui réponds-je, enchanté.

Je lui tends la main pour qu'elle la serre et elle continue de me parler sans la lâcher, quand mon attention se reporte de nouveau sur mon papillon, je constate qu'elle ne perd rien de la scène et que tout ce cinéma est loin de la ravir.

Il est donc évident que ma main reste dans celle de ma nouvelle "amie".

— Mélanie. Tu joues quel poste ?

— 9 et toi ?

— 10, je suis la remplaçante de Bellini.

Je comprends mieux cet engouement à venir me draguer, elle veut faire enrager celle à qui elle veut prendre la place.

— Tu la connais, non ?

— On va dire ça.

Je sens trois têtes de fusils braquées sur moi, j'ai envie d'envoyer balader cette fille juste parce qu'elle veut évincer mon capitaine et en même temps, la voir si possessive a quelque chose de revigorant.