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Anila



"Je pense à toi. Mais je ne le dis plus."

Marguerite DURAS



Je me dirige vers les vestiaires plus en colère que je ne l'ai jamais été.

Je ne sais pas si c'est ma tête où mon cœur qui va exploser mais rien ne va.

Il faut vite que je me reprenne, il est impensable que l'arrivée de ce ... J'ai même pas de mot assez vulgaire dans mon vocabulaire pour lui, ruine mon self-control.

C'est un cauchemar, c'est pas possible.

De tous les clubs du monde, de tous de les clubs de France, il atterrit ici, ou c'est un complot gouvernemental ou le destin est une grosse pute. Il faut que je le rende fou et qu'il décide par lui-même de partir.

"Dégage, sors de ma vie", c'est simple comme phrase. Non ? C'est simplement cinq petits mots, je n'ai pas même mis de sujet dedans histoire d'être plus claire. Qu'est-ce qui a pu lui échapper ?

Quand j'arrive à l'intérieur du bâtiment, les filles sont déjà quasiment toutes parties, je croise mes deux folasses qui me précisent qu'elle rentre avec Amel. Je les aime mais pour le coup ça m'arrange, j'ai besoin d'être seule quelques heures, redescendre en pression et enfiler mon masque "je ne ressens rien".

J'ouvre mon casier, récupère mon sac de sport pour sortir mes affaires de toilette, je m'assoie pour me déchausser et je me rends compte avoir frotté, avec mon pouce droit, la peau à l'intérieur de mon poignet gauche presque jusqu'à la brulure. Preuve irréfutable de mon état d'énervement extrême.

Je laisse ma tête pendre entre mes genoux et fixe cette partie de mon corps maintenant rougie. J'y passe les doigts plus doucement, atténuant la douleur physique et mentale d'avoir inconsciemment essayer d'effacer le tatouage qui si trouve.

Mais impossible, mon Bombyx Mori, toutes ailes déployées, est toujours là, comme une piqure de rappel permanente de ce que j'ai perdu

Il me nargue, m'empêchant d'oublier que dans la vie, quand vous donnez les clefs de votre cœur à quelqu'un vous mettez dans ses mains les armes pour vous mettre en pièces.

Je me reprends et fini par aller sous la douche, je laisse l'eau évacuer le mauvais, augmentant sa température jusqu'à la limite du supportable, déplaçant pour quelques instants la douleur que je ressens.

Quand je suis habillée je me résous enfin à quitter les lieux. Une fois au volant de ma voiture, je réalise que quelqu'un d'autre m'a prise pour une conne.

S'il est là, mon frère est forcément au courant. Et si mon frère est au courant, ça ne peut vouloir dire qu'une seule chose.

Il m'a menti.

Là je suis en colère. La tonalité de son téléphone résonne dans l'habitacle, plusieurs sonneries avant qu'il ne décroche.

Ouais.

Salut Minus.

Mes hommages Cortex.

Je ne cherche même pas à faire la conversation, je l'attaque de but en blanc.

Jure-moi que tu n'étais pas au courant.

Je ne peux pas.

Putain, t'es sérieux ? Je suis ta sœur Bordel. Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

Moth to a flameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant