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Anila

"La meilleure façon de prédire l'avenir est de le créer."

Peter DRUCKER


Pas possible de rester chez lui alors qu'il n'est pas là. Je récupère le reste de mes affaires et retourne chez-moi.

Je ne suis pas peu fière de ma vengeance et je suis persuadée qu'il ne l'a pas regardée qu'une seule fois, il est même certainement en train de se la repasser en boucle. Tant mieux, je le ferai plier plus rapidement.

En une semaine, j'ai mis à la trappe trois années de douleur, de rancœur et de colère. Il n'y a plus que nous, ce que l'on vit, ce que l'on ressent, ce que l'on veut. Mais je ne perds pas de vue son départ imminent. Six mois peuvent sembler long, mais ça arrive à toute vitesse. On ne va pas avoir le choix, il va s'en aller, dans un autre club, une autre ville, un autre pays. Et s'il est évident que cela ne brisera pas le lien que l'on a, ça va être compliqué d'être loin l'un de l'autre, surtout que chaque séparation est assurée pour au minimum une saison de football, soit au moins dix mois.

Je fais la forte, mais chaque journée passée ensemble nous rapproche du terminus. Il va prendre un aller sans retour pour Manchester et je vais le regarder devenir un grand joueur. Il sera adulé, admiré et entouré de tout un tas de filles plus belles les unes que les autres, plus féminines, plus disponibles, plus à même de lui apporter toute l'attention et le temps qu'il mérite.

Est-ce vraiment nécessaire que je me pose toutes ces questions ?

Trois ans avec trois cents kilomètres entre nous n'ont pas réussi à nous séparer, alors il est impensable que cela arrive un jour.

Ce que l'on a lui et moi c'est fort, vrai et rien ni personne ne pourra aller contre ça.

Comment une nuit sans lui peut me paraître aussi insurmontable ?

J'ai l'impression d'être complétement dépendante, c'est pas bon. Heureusement que nos matchs du week-end nous obligent à mettre de la distance, ça me permet de me remettre les idées en place. Être trop entière va me desservir, je le sens je le sais. J'ai passé ma vie à me battre avec moi-même pour ne pas être ma mère. Mais on est ce que l'on est. Et ce que je suis, c'est éperdument amoureuse de Leroy Ellard. Et Leroy Ellard causera inévitablement ma perte.

J'occupe mon temps du lendemain entre l'entrainement, la récupération et la préparation d'un énorme apéro-dinatoire archi diététique, match du surlendemain oblige, pour mes colocataires et mon frère que l'on dégustera devant le match de Leroy.

Cat me donne un coup de main, pendant que Mer se prélasse dans son bain, une heure qu'elle se pomponne, je suis sûre que c'est parce que mon frère sera là ce soir. Depuis les révélations de ce dernier, je fais en sorte d'être très attentive à leurs interactions et je mets ma main à couper, qu'elle n'est pas insensible aux charmes de mon double. Je dirai même qu'elle lutte de toutes ses forces contre ce qu'elle veut vraiment, sa fierté est son pire défaut.

T'as dit à Élyo de prendre le dessert ?

Ouais t'inquiètes.

Et sinon ? Avec Leroy ? On t'a pas vu de quatre jours et t'as jamais été si... Heureuse.

Je ne sais pas quoi te dire. Je suis amoureuse de ce mec insupportable depuis que je suis enfant. Comment tu veux qu'être enfin avec lui ne me rende pas heureuse ? J'ai enfin ce que j'ai toujours voulu, je l'ai enfin, Lui.

Moth to a flameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant