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Anila



"La vie se passe à désirer ce qu'on n'a pas, à regretter ce que l'on a plus."

Joseph ROUX



Voilà ce que c'est que de ne pas avoir de filtre, merci maman.

Mes mots sont allés plus vite que mon cerveau et ils sont sortis avant même que je ne puisse les ravaler.

Je sens Leroy se tendre, sa main cesse tous mouvements dans ma chevelure.

J'ai merdé, c'est mort.

Il décale ma tête afin de pouvoir séparer nos corps. Il se redresse doucement, glisse ses jambes hors du lit et se lève.

Leroy, tu fais quoi ?

Ani c'est pas possible.

S'il parle de nous deux, je le tue.

J'entends un assourdissant boum-boum dans ma poitrine et je ressens une brulure si intense que je pense faire une combustion spontanée.

De quoi tu parles ?

Tu vas faire comme c'est prévu. Finir tes bagages, prendre la bagnole avec ton père après-demain et vivre la vie dont tu nous parles depuis le CM1. Tu vas conduire ta Mustang et épouser Aguero.

T'es sérieux ? Alors pour info ça fait bien longtemps que dans mes rêves, ce n'est plus Kun qui me passe la bague au doigt.

T'as très bien compris ce que je voulais dire.

Leroy, je te parle de nous, tu me parles du foot. Je me suis laissée emportée, désolée c'est l'émotion, le trop plein, les mots ne sont pas sortis comme je l'espérais.

Ani, putain, ton rêve est à portée de tes mains, ne fout pas tout en l'air pour une histoire de cul.

Une histoire de cul ?

C'est pas ce que je voulais dire ?

Pourtant c'est exactement ce que tu as dit.

Je le vois faire les cents pas dans ma chambre en même temps qu'il rassemble ses affaires, il prend la fuite comme un lâche.

Peut-être qu'en fin compte il a eu ce qu'il voulait. Le trophée tant convoité mais si peu remporté.

Je vais te poser la question une dernière fois Leroy. Tu fais quoi ?

Il s'arrête alors qu'il est entièrement rhabillé, souffle de dépit mais ne me regarde toujours pas.

Ais un minimum de respect pour moi et regarde-moi pour me répondre.

Il se fout de ma gueule je crois, aucun coup d'œil dans ma direction.

Si j'avais su que me baiser ferait disparaitre le peu d'estime que tu avais pour moi, je ne t'aurais jamais laisser de me toucher.

La colère qu'il me renvoie au moment où son visage se relève ne m'atteint même pas car lorsque nos regards se croisent enfin, je ne suis persuadée que d'une seule chose, je l'ai perdu aussi rapidement que ce que je l'ai eu.

Moth to a flameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant