GØN : quête et guète
Tome 1«On passe une moitié de sa vie à attendre ceux qu'on aimera et l'autre moitié à laisser ceux qu'on aime.»
Victor Hugo
Le ciel pleurait fort et le gris régnait sur tout. Un vent froid déformait les larmes en rideaux et empêchait de savourer les traits de Milocity. On flairait toutefois ses bâtisses imposantes, ses rues désertes, ses arbres qui penchaient sous les rafales, leurs feuilles qui s'envolaient et l'agréable symphonie de la pluie.En bref, une météo de merde !
Le genre de météo qui sommait de se cloitrer chez soi pour picorer devant une énième série Netflix. Le genre de météo où tout était possible sauf une fête d'anniversaire. Mais chez les Osborn, on s'en foutait de tout. Du voisin qui pissait dans le jardin, en passant par les rats qui bâtissaient un empire dans leur grenier et encore moins de la météo.
C'était leur philosophie de vie. Après, pour une famille afro-américaine qui habitait un quartier chic, c'était ça ou des crises de nerfs tous les jours. Ça leur réussissait bien, si bien que pas mal de gens sirotaient un verre de champagne dans leur salon. Des enfants, la bouche et les poches remplies de sucreries couraient entre leurs jambes. Des ballons de toutes les couleurs oscillaient à chaque coin des pièces. Une immense banderole où était inscrite : joyeux anniversaire Nathan et quelques empreintes de paume, sur l'un des murs attirait le regard et illustrait la mauvaise blague du dieu de la pluie.
— Quel temps pourri ! s'exclama un des adultes.
— Dire que quelques heures plus tôt, le soleil brillait fort dans le ciel.
— C'est l'avantage d'habiter cette ville. Elle nous surprend toujours.
Près de la table où les bonbons de fraises, cookies, gâteaux à la vanille reposaient sous les regards gourmands des enfants, une femme ne cessait de donner des directives. Sa voix jouissait d'une touche d'autoritarisme qui faisait penser à l'héroïne de la série Scandal. Néanmoins, contre les petits monstres sur pattes, elle ne disposait d'aucune emprise. Au mieux, elle leur arrachait un rire niais et quelque grimace.
Belinda Burnnet approchait dangereusement la quarantaine, mais la plupart des gens lui donnaient trente ans. Vingt-cinq ans pour les mauvais dragueurs. Son physique enfantait des envieux. Cheveux noirs coupés court, yeux marron comme du chocolat raffiné, bouche pulpeuse, seins rebondis et fesses bien assorties. Des qualificatifs pour le moins sexiste, mais qui la convenait bien et ne la dérangeait pas. Elle préférait des compliments sur sa personnalité comme sa fougue au travail, sa manie à jeter des coups d'œil à sa montre, son aura.... Mais elle ingérait tout ce qui lui tombait à l'oreille.
Elle soupira en regardant par la fenêtre, espérant voir le 4×4 de son mari qui allait avoir de sérieux problème. Une fête d'anniversaire, de leur fils en plus, était trop importante pour laisser une petite pluie de rien du tout justifier son absence. Il était vrai qu'il ne voulait pas que son mari adoré prenne des risques inutiles à patauger sur une route glissante quasi invisible. Mais Belinda savait que son mari serait absent même avec une belle journée d'été. Elle avait toutes les raisons de croire cela vu que cela faisait plus de trois ans qu'il n'y assistait pas. Et quoi qu'Edgard sortait à chaque fois des excuses convaincante : pneus crevés ou weekend d'affaire très importante, elle le connaissait trop bien pour ne pas savoir qu'il faisait exprès.
Elle aurait tant aimé pouvoir se voiler la face et continuer de vivre dans sa petite bulle bien rangée, parfaite, douillette, mais elle n'y arrivait pas. Le plus dur dans tout cela était quand elle se mettait à penser qu'elle comprenait ses actions.
Le cri de sa fille attira son attention et fit reporter ses pensées pour plus tard. Pour le moment, elle supervisait, coordonnait et s'assurait que tous les enfants pourraient rentrer chez eux en un seul morceau.
À l'étage, dans la chambre fermée à double tour, Nathan s'appliquait à tracer les traits de ses amis. De temps en temps, il mettait la feuille devant lui pour regarder s'il suivait la bonne voix, et après un sourire satisfait, replongeait à vive allure dans son dessin. Il caressait les yeux amandes d'Aoki, détaillait les taches de rousseur qui parsemaient les joues de Stephen et agrandissait un peu les oreilles d'Ophélia.
Ces trois mannequins de fortune assissent contre leur gré sur son lit, tiraient la langue et faisait n'importe quoi quand ils comprenaient qu'ils se faisaient chier. C'est-à-dire, toutes les minutes. Nathan prenait un plaisir malsain à les entendre gémir. « Tu ne peux pas nous prendre en photo et ensuite faire ton truc là ? » Avait protesté Stephen dans un soupir douloureux. Sans lever la tête, il lui avait répondu qu'il aimait dessiner à chaud et qu'il n'y avait qu'ainsi qu'il pouvait saisir la magie du moment et les déposer sur sa feuille. Des propos sans queue ni tête qu'ils auraient démolis si cela servait à quelque chose. Nathan détenait un argument de taille qui les enrageait.
— C'est mon anniversaire, vous n'aviez pas le choix.
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GØN : quête et guète, Tome 1
ParanormalQuand Nathan Osborn voit ses yeux changer de forme et des lignes tracer sa peau, il découvre un monde où magie, monstres et mystère se marient pour le meilleur et pour le pire. Un monde où les secrets sont nécessaires et où sa vie ne tient qu'à un f...