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   Sachant que son apport serait quasi nul, il prit la direction de la maison, mais un son l’immobilisa. Un métal qui coulissait sur un autre ? Il se retourna, la tête sens dessus dessous, avec l’espoir de se tromper. Des bruits de pas écrasèrent son optimisme.

— Des gens approchent, hurla-t-il à plein poumon à son amie.

   Mais ce dernier fixait devant lui en grognant.

— On s’est fait repérer, lâcha une voix masculine.

— C’est mieux ainsi, lança une autre plus jeune et plus suave. Allez viens, je déteste faire attendre des amis.

   Deux ombres s’étirèrent entre les troncs d’arbre. À force de progression, ils laissèrent l’anonymat des ténèbres et se présentèrent au rayon de la lune. Ils portaient des capuches et des masques noirs. Un haut en cuir plus qu’étriqué protégeait leurs bustes et descendait sur des pantalons apparemment souples. Leur main gantée serrait chacun, une longue épée qu’ils trainaient volontairement sur le sol. 

   Nathan songea à ces mythes et à l’argent censé être une faiblesse pour les loups. Non, pour les vampires ? Tout ce mélangeait dans sa tête. Peu importe, même une aiguille serait dangereuse dans les mains de ces hommes. Il les regarda avancer comme si le monde les appartenait et sans aucune hésitation vers le monstre.

— Dis-moi, tu es bien Jannick Andresen pas vrai ? questionna l’un d’entre en pointant son arme devant lui.

   Le loup-garou remua ses oreilles.

— Je suppose que ton silence est un oui. Après tout, pouvoir se maitriser durant la pleine lune et capable de parler sous sa forme animale me réponds déjà. Sache que je suis très honoré et que ce serait un grand plaisir pour moi de te trancher la tête.

   Il déposa sa main libre sur sa poitrine avant de faire une révérence. Décidément, tous les membres de cette secte étaient des cinglés et Nathan avait peur du point final de cet affrontement. Devait-il fuir ? Et à quoi bon prévoir une scène auquel on ne pouvait rien changer.

   Le dérapage de Jannick le sortit de ses pensées. Ce dernier fonçait tête baissée vers ces intrus. Il tenta une patte vers l’un de ses assaillants, mais la cible n’eut qu’a reculer d’un pas rapide pour esquiver et regarder son camarade l’entailler sur le flanc. Jannick poussa un cri rageur. Nathan accourut vers lui pour la simple et bonne raison qu’il avait cessé de réfléchir.

— Arrêtez, c’est moi que vous voulez alors laisser le tranquille.

   Ces mots l’étonnaient, mais il n’y avait rien de plus censé. Il risquait de toute évidence de se faire capturer, alors pourquoi ne pas le faire avec un poing d’honneur. Il sauverait son pote.

— Barre toi d’ici gamin, ragea Jannick qui tenait ses côtes.

   Sa colère lui prit de court et l’amena à reconsidérer ses paroles. Il n’y avait rien à considérer. Le personnage s’inscrivait dans son registre. Un loup grincheux solitaire qui refusait de l’aide. Rien de bien surprenant.

— Laissez-lui la vie sauve et prenez-moi.

   Il terminait à peine ses paroles qu’un bout de bois    s’enfonçait dans son bide. Une seconde après, il comprenait que c’était des griffes. Les griffes de son ami.

— Oh là ! s’exclama l’un des masqués. Ce n’est pas gentil.

   Nathan rejoignit le sol, mais le choc était tel qu’il ne pouvait que regarder les yeux argenter du loup-garou. Ce denier semblait briller encore plus quand il devina qu’il était vraiment vénère. Décidément, rien ne tournait en rond dans cette partie du monde. Ce qu’il tentait n’avait rien de mal. Au contraire, il jouait au héros. Peut-être qu’il avait piqué son égo ? Quand sa plaie fut cicatrisée et que seule la brise nocturne troubla le silence, Nathan se demanda comment avait-il fait pour bouger aussi vite.

— Tu me sous-estimes, avait lancé Jannick de sa voix lourd comme s’il devinait les pensées de Nathan.

   Le loup-garou s’accroupit et rafla le sol à répétition. Ses griffes quadrillèrent la terre une dizaine de fois avant d’hurler qu’il mangeait des masques noirs au p’tit déjeuner. Étrangement, ces mots remplissent de joie le cœur de Nathan. Puis de dégouts et finalement de joie. Cela devrait être une expression courant chez les monstres. Hein ?

Jannick s’élança.

   Sa vitesse augmenta et il surprit l’un des assaillants qui recut un coup de patte en plein bide. Jannick et tenta de mordre sa jambe, mais il l’esquiva dans un geste digne des plus grands gymnastes. Puis s’ensuivit des actions dépassant l’entendement et qui transpirait l’animosité. Des coups d’épée, des esquives à un millimètre près, des jurons, et bien en évidemment, des coups de patte en pleine gueule ainsi que des lames qui écornaient la chair.

   Néanmoins, Jannick maitrisait et semblait être plus proche de gagner que de perdre. Un peu comme ces boxers qui mettait les plus bons cous qu’il avait l’habitude de regarder à la télé. Jannick gagnerait. Voilà tout ce qui importait.

   Cependant, alors que le combat s’intensifiait, et qu’il restait en bon spectateur incapable, il se questionna sur le pourquoi d’une telle violence. Jannick était un monstre, une bête, c’était un fait, mais il ne mangeait pas d’humain. En tout cas, plus maintenant. Il avait aussi de bonté en lui autant que pouvait l’avoir une personne normale. Mais peut-être qu’il divaguait. Il passa sa langue sur ses crocs et contempla ses lignes. Soudain, un cri s’éleva. Il releva la tête et découvrit un tableau horrible. Jannick, le loup-garou tenait un bras de ses assaillants dans sa gueule tandis qu’une épée se dressait fièrement dans sa jambe droite. Le compagnon du malheureux qui risquait de perdre son bras peinait à attaquer. Nathan sentait que Jannick allait vraiment l’arracher. Alors il hurla à son ami de ne pas commettre l’irréparable et de relâcher cet homme, mais ces mots s’adressaient au vent. Personne ne le calculait, trop occupé à résoudre une équation complexe auquel il ne saisissait même pas la forme.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 13 ⏰

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GØN : quête et guète, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant