Près de trois semaines plus tard, Nathan ne faisait pas confiance à voix-de-ferraille (il portait toujours son masque et son uniforme qui évoquait le danger) néanmoins, il avouait qu’il grimpait dans son estime.
Il lui avait apporté un cahier et une boite de géométrie pour passer le temps. Lui donnait des astuces de combat rapproché comme : « ne jamais perdre de vue son adversaire » ou « toujours protéger ses points vitaux. » Il lui proposait de lui apprendre un peu plus sur ce monde fantastique qui maintenant, après avoir digéré le choc, l’envoûtait tant.
Il y avait bien évidemment en tête de liste les fameux vampires. Ces créatures de la pop culture qui fascinait beaucoup plus qu’il ne devrait. Après tout, ce n’était que des buveurs de sangs qui s’amusaient à planter leur croc dans les cous de plus faible qu’eux. Il devait probablement puer de la gueule. Même avec une tonne de bonbon à la menthe.
Apparemment, ils n’étaient pas aussi éternels qu’on le disait. Ils avaient une espérance de vie supérieure à celui des humains, mais cela s’arrêtait là. Le double en général. Nathan sentit une grosse arnaque à cette révélation, mais il n’y avait rien de plus logique. Si les vampires étaient immortels, cela perturberait l’écosystème ou quelque chose dans ce genre. Ils restaient accros aux sangs, mais ne perdaient pas la tête devant une simple goutte.
Il y avait aussi les métamorphes qui puaient parfois l’urine. Les wendigos qui peuplaient quelques pays. Des aakinos, des Borikans et des varach. Les sorcières capables de jeter des sorts et de concocter des potions. La magie…
Tant de danger qui poussait à considérer ces jours qui venaient de s’écrouler comme du bon boulot. Et puis, il fallait le dire. Nathan se relâchait au fil des jours.
Il y avait aussi, Jannick Andersan. Oui, le blond lui avait enfin ouvert son cœur de loup solitaire et lui prenait maintenant comme son petit frère. Bon, il y allait un peu fort, mais il l’avait divulguer son nom complet, lui délaissait des morceaux de viande, lui laissait toucher à ses clopes, et quand, il s’ennuyait pour de bon, lui donnait le volant de sa Ford pour faire un tour dans la cour.
Il avait beau paraitre plus humain, cela ne l’empêchait pas de mettre de plus en plus de hargne dans chacun de ses coups. Cependant, les résultait encourageait à prendre sa théorie comme véridique. Il ne contrôlait pas sa transformation au point de l’activer ou de le désactiver par la pensée, néanmoins, l’amélioration se sentait. La douleur était toujours là, mais était devenue supportable jusqu’à redouter plus les coups que les lignes. Il maitrisait mieux sa superouie et parvenait à cibler un endroit à mettre sur écoute. Trop fun. Il pouvait s’assoir près d’un oiseau pour faire une causette et ressentait à la puissance dix la vie sonore de la nature.
Tout ça l’avait même amené à réfléchir comme un philosophe et l’avait convaincu que la nature existait en premier lieu avec sa mélodie. Une phrase à la Stéphen !
Ah, voilà le point noir qui l’empêchait de savourer les bons moments que lui donnait cet endroit. Le passé qu’il trainait comme un boulet et qu’il aurait bien aimé pouvoir se débarrasser. C’était lourd. Il pensait très fort à ses amis et aux Orsbons. Il n’était pas leur fils, mais ils devaient paniquer en sachant qu’il avait fugué pour des contrées plus vertes. Il repensa à sa lettre abandonnée quelque part dans la maison stipulant qu’il allait devoir partir. C’était nettement trop court. Il aurait surement dû être plus clair pour ne pas laisser la sensation qu’il finirait par revenir. Après tout, l’espoir était du domaine de l’homme. Toujours là à rêver malgré les signaux inquiétants. Il aurait dû mettre qu’il ne rentrerait jamais et qu’il ne devait pas perdre de temps à la rechercher si une quelconque envie les prenait.
Il pensait aussi à Greta. Souffrait-elle de ne pas voir son frère durant tout ce temps ? bien sûr que oui. Dire qu’il n’y a pas longtemps, il espérait qu’elle pleure son absence. Il ignorait ce que cela impliquait réellement. Il songeait autant à Brayden et à quel point il devait s’exciter devant les policiers. À Edgard, mais celle qui le manquait plus que tout restait Belinda. Cette femme un peu trop parfaite accro aux omelettes et aux sourires chaleureux. C’était si fort que parfois, il hésitait à demander à voix-de-ferraille de lui donner des nouvelles. Peut-être que cela comblerait sa peine de savoir qu’ils continuaient de mener leur petite vie. Mais il ne sautait jamais le pas parce que cela ne servirait à rien. Il devait couper ces liens une bonne fois pour toutes, car il n’y avait aucune raison de s’y attarder. Avait-il envie de les oublier ? Là était la véritable question. Il aurait tant aimé dire oui avec toute la détermination que lui permettait sa rage. Néanmoins, ce serait jeter à la poubelle cette partie de sa vie et cela lui mettait un peu les boules.
À part ça, tout se déroulait au mieux de ce qu’il espérait. Il bouffait des spaghettis accompagnés de steak fumant, se baignait volontiers dans la rivière, prenait désormais le temps de creuser un trou pour déféquer et respirait la nature. L’air pur lui aérait les poumons et l’allégeait.Il se trouvait sur le canapé, en compagnie de son cahier et de ses instruments de géométrie. Le soleil déclinait lentement vers l’horizon doré et accentuait sa patte sur la température. Nathan dessinait tout ce qui lui passait par la tête. Des oiseaux, des papillons, des pneus de voitures, des arbres, la main transformée de Jannick. Il constata qu’il apportait ce trop-plein de réalisme à cette projection. Ce qui l’agaçait un peu. Il aimerait bien revenir à ce style hybride qui le manquait tant.
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GØN : quête et guète, Tome 1
ParanormalQuand Nathan Osborn voit ses yeux changer de forme et des lignes tracer sa peau, il découvre un monde où magie, monstres et mystère se marient pour le meilleur et pour le pire. Un monde où les secrets sont nécessaires et où sa vie ne tient qu'à un f...