Le cœur de Nathan loupa une cadence et il ne put répliquer quoi que ce soit. Un sourire grand comme quatre se dessina sur la bouche de Jannick qui s’approcha.
— Tu n’avais pas pensé à ça hein ? Tu n’es pas meilleur que moi. On représente la même idée. Une aberration de la nature.
Il se trompait. Cette pensée ne l’avait pas quitté depuis cette scène. Et cela lui faisait peur. Un monstre se devrait d’être effrayant. Un bug de la normalité qui échappait au contrôle de l’esprit. Cela conviendrait peut-être à s’adonner à des pulsions indomptables.
— Je… je ne suis pas un monstre.
— Tu l’es, enchaina Jannick en passant derrière lui. Il saisit un paquet de clopes qui trainait sur la petite table, et coinça une entre ses dents.
— Je n’ai rien d’un monstre.
— Alors, va retrouver ta famille. Va rejoindre tes amis et montre-leur ce que tu es.
Un silence qui voulait trop dire tomba dans la pièce. Nathan avait envie d’objecter une phrase. Un mot qui lui donnerait espoir et qui le ferrait voir l’horizon avec moins d’incertitude. Il n’en trouva pas. Ses yeux devinrent lourds et son corps pesa des tonnes. Il se laissa choir sur le canapé.
— Tu as raison, avoua-t-il entre deux sanglots. Tu as raison. Tu as raison.
Il mit ses mains sur sa bouche en essayant de retenir la fatalité qu’il répétait, mais rien à faire. Ses larmes dégoulinaient sur ses doigts et sa bave envahissait sa paume. Jannick lui demanda de fermer sa gueule. Il aurait bien voulu.
— Je n’ai rien réclamé moi. Je… j’aimerais retrouvé… ma petite vie.
— Parce que tu crois que j’ai demandé à dieu de faire de moi une bête sauvage prête à sauter sur tout ce qui bouge.
Nathan ressentait la colère du loup-garou envers lui. Elle était aussi grande qu’injustifiée. Il avait droit d’avoir peur, de rêver de sa petite routine. Des gens menaçaient de le tuer, d’autre, de l’exploiter. Cela croulait sous le sens d’être en panique.
— Pourquoi tu te fâches sur moi ?
— Je ne suis pas fâché contre toi.
— Je le savais. Tu vas me bouffer.
Jannick le balaya de sa main. Il retira un briquet de sa poche et porta la flamme au bout de sa clope. Nathan pleurait toujours, mais à débit raisonnable. Ses doigts tremblaient et son estomac voulait sortir de sa poitrine. Le silence remplit la pièce. Une minute ou une heure plus tard, les pupilles de Jannick se trempèrent et même la fumée de cigarette ne put le dissimuler. Cela mit la tête de Nathan à l’envers et l’entraina vers des perspectives douteuses. Les loups restaient des bêtes futées, mais pourquoi aller jusque-là ?
— À six ans, reprit Jannick qui ne cachait même pas sa peine, j’ai été arraché à ma meute pour être le cobaye de groupe qui travaillait en relation avec la confrérie des gardiens. On m’a fait vivre l’enfer durant seize ans. On me disait que c’était pour éradiquer le mal en moi. À force d’entendre ça chaque jour, j’ai fini par y croire, tu sais. Ils allaient m’enlever cette chose si douloureuse, si inhumaine. Cela m’aidait à supporter la souffrance.
Il montra ses dents, mais cela n’avait rien d’un sourire.
— Cela n’a servi qu’à deux choses en fin compte. Maitriser ma transformation et comprendre que changer sa nature est impossible. On est ce que l’on est un point c’est tout. Espérer n’y changera rien.
Nathan ressentait de la fatigue dans sa voix. Pas la peine de remettre ses mots en question. Et quelque part au fond de lui, il savait déjà tout ça. Son anomalie ne serait pas guérie à coup de médicament ou de sirop. Il s’essuya les yeux, gonfla ses poumons et tenta de se calmer.
— Je fais de mon mieux pour ne pas succomber à mes pulsions, tu sais. Je me goinfre de steak tous les jours. J’évite de bruler de l’énergie. Ça marche la plupart du temps, mais dès fois ça survole ma volonté.
Nathan entendait trop et il ruminait les paroles de Jannick comme un grand mantra. Son instinct lui disait que c’était la pure vérité, mais il avait quand même du mal à l’accepter. Pas parce qu’il était de mauvaise foi. Non, disons qu’il s’y retrouvait en ses paroles et que peut-être, il aurait à trainer un boulet aussi lourd toute sa vie. Il s’excusa tout de même avec plus de peine et de sincérité et s’adossa sur le canapé.
— Pourquoi ? T’as raison d'être sur ses gardes avec moi. J’ai me contrôle bien, mais à l’approche de la pleine lune, cela devint pénible. Alors, continue à te méfier de moi et de tout le monde.
— Même de voix-de-ferraille.
Jannik secoua sa cigarette et les cendres tombèrent sur le parquet.
— Sauf d’elle !
— Elle ? C’est une femme ?
— Et merde ? ragea le blond. Oui et tu ne dois pas le dire.
Nathan prit un coup dans son égo. Non pas qu’elle soit bien grande, mais cela l’embêtait de savoir qu’une femme assurait sa protection. Une femme avec un super costume, des épées qui faisait peur et avec des pouvoirs trop classes, mais une femme quand même. C’était très misogyne comme pensée. Et si c’était ça sa face d’ombre. Voir les femmes avec des yeux de patriarcat et jurer sur tous les féministes de ses deux ? Ce serait mieux que de bouffer la gorge d’un cheval. Oui, oui.
— Et elle est jolie ? demanda-t-il en pesant le pour et le contre.
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GØN : quête et guète, Tome 1
ParanormalQuand Nathan Osborn voit ses yeux changer de forme et des lignes tracer sa peau, il découvre un monde où magie, monstres et mystère se marient pour le meilleur et pour le pire. Un monde où les secrets sont nécessaires et où sa vie ne tient qu'à un f...