Habil pour créer des portails, mais pas fichus de planifier une fugue cette voix de ferraille. Nathan jeta un coup d’œil à sa fenêtre avant de vider son sac d’école. Il ouvrit tous ses tiroirs, sortit les vêtements qui en valaient la peine et privilégia ceux prêts à accueillir n’importe quel flèche ? Eh oui, ses blagues de merde restaient toujours d’actualité.
Il sélectionna trois boxeurs qui arboraient Mohamed Alli, quatre shorts et trois teeshirts puis battit les pieds sur son lit. Il songea à son cahier de dessin laissé dans la chambre d’Ophélia et se demanda s’il pouvait présenter des excuses sur leur groupe whattsapp. Hier, il les avait dits des trucs horribles qu’il ne pensait pas (un tout petit peu quand même) et la moindre des choses serait de ramasser sa merde à main nue. L’image poussait un peu loin, mais c’était la vérité.
Après mainte réflexion, il conclut que le temps ne l’appartenait pas et que faire ce qui pouvait être fait maintenant n’était pas qu’un dicton bon marché. Il attrapa son téléphone et composa des mots d’excuse vite fait. « Je suis désolé pour hier. J’espère que vous ne m’en vouliez pas trop. ». Assez vague, mais cela devrait faire l’affaire.
Il n’espérait pas de réponse immédiate, et étant donné qu’Aoki restait une bête active, il éteignit son portable. Il pensa aussi à ces gens qui se trouvaient dans cette maison et se demanda si une lettre était la meilleure solution de dire au revoir. Brayden y verrait une blague. Greta n’y comprendrait rien et les adultes s’alarmeront. Il ne pouvait pas aller vers eux et lâcher : « Je viens d’être attaqué par des gens en costard portant des masques. Ils m’ont mis deux flèches. Rassurez-vous, tout va bien désormais. Mais pour vous, et me protéger, je vais partir avec voix de ferraille. Un inconnu capable de créer des portails de téléportation ». Ils déduiraient à coup sûr que son choc d’il y a deux ans avait déréglé son cerveau.
Ces gens l’avaient donné l’espace d’une décennie, un toit, un frère, une sœur, de l’amour et de la joie. Il ne pouvait pas partir ainsi.
Nathan changea son teeshirt troué, sortit de sa chambre, remarqua que son haleine pouvait tuer une vache et fit un détour dans la douche. En se frottant les dents avec tout l’amour que cela réclamait, il se regarda dans le miroir en se demandant ce qu’il possédait de si spécial pour hériter de tout ces tourments. Il se rinça la bouche et descendit au rez-de-chaussée.
Comme d’habitude, tout le monde était là et s’affairait à leurs affaires. Gréta visionnait un dessin animé. Brayden pianotait sur son Smatphone. Edgard s’acharnait sur son Dell et Belinda préparait des omelettes. Évidemment, seules les personnes ayant le plus à se reprocher levèrent la tête vers lui avant d’échanger entre eux un regard énigmatique. Ils semblaient suspects de quelque chose et Nathan pensa sur le vif qu’ils savaient tous. Mais cela n’aurait pas le moindre sens. C’était surement la gêne qui poussait Edgard à gratter son cou comme s’il avait une démangeaison. Nathan s’approcha.
— Bonjour tout le monde, dit-il pour les bonnes manières.
— Bonjour, répondit Belinda.
Cette dernière pria en son for intérieur pour que son mari puisse faire un effort. Surtout en un jour aussi fatidique. Il répondit à sa prière avec un simple hochement de tête. Elle cassa un œuf en pensant qu’il pourrait faire plus et regarda Nathan. Il semblait avoir passé une bonne nuit, ce qui serait anormal vu toutes les choses auquel il a dû être confronté ces derniers jours.
— Alors, bonne nuit ? reprit-elle pour ne pas laisser un silence gênant s’immiscer entre eux.
La question symbolisait à elle seule l’état de leur relation. Elle savait que cela ne pouvait pas aller et pourtant, elle demandait. Pourquoi ? Parce que cela semblait être la suite logique. Bien sûr, il répondit positivement. Belinda songea qu’il devait être fort pour faire semblant. Quoique leur conversation d’hier s’était soldée sur une mauvaise note, elle aurait aimé pouvoir y revenir. Elle avait des choses à mettre au clair. Mais comme souvent, l’atmosphère n’était pas propice. Elle lui proposa une part d’omelette qu’il engloutit avec le sourire. Un sourire qui le rappelait des jours d’insouciances.
— Alors, mon omelette, c’est le meilleur pas vrai ? risqua-t-elle.
— Oui. C’est toi qui as ramassé le reste de mon flyer dans ma chambre ?
— Oui. Je croyais que t’aimais cette affiche.
— Je l’aimais en effet.
Nathan se gratta le cou avant d’ajouter le plus suspect que possible.
— Et tu n’as pas fouillé dans mes affaires n’est-ce pas ?
Belinda sut qu’il voulait vérifier qu’elle n’avait rien lu de compromettant comme : » je vais devoir partir. ». Pour un dernier message, cela manquait de mot. Ce n’était pas un télégramme et il avait eu plus d’une heure pour s’exprimer. Et s’il n’avait rien à exprimer ?
Cette pensée la déprima. Malgré tout ce qui pouvait les séparer, Nathan était et resterait (qu’il le voulait ou non) un membre de sa famille. Imaginer que son départ puisse le laisser indifférent apparaissait à de la folie. De plus, elle avait partagé ses pensées l’espace d’une minute ou deux. Elle connaissait avec précision ce qu’il ressentait. Quoiqu’en deux ans, les choses pouvaient changer.
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GØN : quête et guète, Tome 1
ParanormalQuand Nathan Osborn voit ses yeux changer de forme et des lignes tracer sa peau, il découvre un monde où magie, monstres et mystère se marient pour le meilleur et pour le pire. Un monde où les secrets sont nécessaires et où sa vie ne tient qu'à un f...