Il sprinta comme si sa vie en dépendait. Il connaissait le chemin néanmoins, cela ne l’empêchait pas de manger des frappes par ci et là.
Deux minutes de courses. Des bruits de pas résonnaient derrière lui, mais c’était possible que ce soit les siennes. L’idée de s’arrêter pour vérifier ne lui frôla pas l’esprit. Deux minutes de parcours de plus et les formes de la maison se distinguaient. Il n’avait jamais participé à de marathon de sa vie, malgré cela, il pensa que les coureurs devaient ressentir la même chose en apercevant la ligne d’arrivée. Les talons lourds, les secondes étirées, le souffle en vitesse de croisière, la poitrine plus haut que la tête… Quand il mit les pieds dans la cour où il prenait des raclées quotidiennes, le sourire nargua ses lèvres, néanmoins, cela lui porta malheur.
Quelqu’un le poussa dans le dos et l’envoya manger la poussière. Surpris, il laissa un bon moment son nez dans la terre. La peur l’empêchait de se retourner. Il avait juste envie de fermer les yeux et de disparaitre, comme tout froussard qui se respectait. Cependant, un hurlement dans son dos l’aida à agir. Un animal de 2 m 5 de haut le surplombait de toute sa superbe. Son pelage noir brillait en compagnie d’une lueur de lune et de ses yeux argentés. Le pire n’était pas cette expression de bonheur sauvage qui le poussait à dévoiler ses canines. Ou les filets de baves qui s’échappaient de sa gueule. Ou ses muscles plus que saillants. Non, le pire était cette forme humanoïde et trompeuse. Son regard était bestial mais son visage s’apparentait à celui d’un homme. Il se tenait sur ses deux pieds (ou patte) et possédait même des pectoraux. La blague ! Lui qui désirait tant voir la forme de Jannick en intégralité, il était servi. L’heure n’était toutefois pas aux réjouissances. La faim semblait marquer les traits du monstre et son petit doigt chantait qu’il allait bientôt servir d’encas.
— C’est moi Jannick. Nathan. Tu ne vas pas me manger n’est-ce pas ?
Le loup renifla l’air, puis avança d’un pas. Ou d’une patte.
— Jannick ! Je t’en prie, calme-toi.
Mais le poilu continua sa progression. Une fois à son niveau, il se pencha vers lui à la vitesse d’un escargot. Son instinct lui proposa de mettre une bonne droite. Après tout, il avait une force au-dessus de la normale. Pourquoi ne pas s’en servir pour une juste et noble cause que celle de conserver sa vie ? Mais une autre voix contrattaquait que cela ne servirait à rien. Le loup-garou ouvrit grand la gueule et là, il pensa à Belinda et à son sourire angélique. C’était donc avec ce souvenir qu’il allait mourir ?
Il ferma les yeux et attendit une morsure qui ne vint jamais. Au contraire, quelque chose de frais se déposa sur joue pour la râper à plusieurs reprises tandis qu’un liquide chaud y échappait. Nathan ouvrit les yeux et comprit que la bête le léchait comme pouvait le faire un chien à son maitre. Dégouté, il recula pour se mettre sur pieds.
— T’aurais vu ta tête, lança Jannick avec une voix légèrement timbrée.
Des milliers de choses passèrent dans l’esprit de Nathan tandis que son visage fondait vers une étrange grimace. Le même que pourrait afficher un bébé en gouttant du citron. Il mit ses mains en évidence pour mimer une position de défense avant de jurer à tout-va.
— Ne me dis pas que t’es là Jannick. Sinon…
— Sinon quoi ? Tu vas fermer les yeux et prier ?
Le monde se retira de ses épaules. Il y avait une pointe d’étonnement, un poil de colère et une immense envie de crever un fou rire. Il n’aurait jamais pu imaginer que Jannick pourrait être un adepte de ce genre de blague de très bonne qualité. Cela le surprenait. Suretout qu’il gardait sa forme de loup-garou. Pour arrêter ce carnage, il avoua sa trouille et demanda de passer à autre chose. Jannick n’en fit qu’à sa tête.
— Désolé c’est trop marrant, pouffa-t-il
Toute fois, il s’en remit.
— Tu me fais honte. Je m’attendais à un minimum de réaction. Je t’ai pourtant enseigné de frapper quand une occasion se présentait.
— Je savais que tu te contrôlais. Je ne voulais pas te faire du mal, mentit-il pour ne pas perdre la face.
— Mais qu’est-ce que tu fous dehors ici ? Je t’avais bien demandé de ne pas laisser la maison.
Nathan se rappela de son rêve. Il regarda les pupilles argentés du monstre devant lui et décida de parler. Il narra ce rêve étrange qui l’avait extirpé de son sommeil et au fur et à mesure qu’il progressait dans son histoire, Jannick perdait ce reflet d’humain qui le rassurait tant. Au point final, il enchaina.
— Il ne faut jamais sous-estimer le moindre signe qui soit. Rentre et verrouille la porte.
— Quoi, mais pourquoi ?
— FAIS CE QUE JE TE DIS !
Nathan s’inquiéta. Pourquoi ce changement soudain à propos d’un simple rêve ? Il le lui avait avoué parce qu’il s’imaginait buté sur sa froideur habituelle. Pouvait-il sonder l’avenir ? Jannick allait-il mourir ce soir ? Était-il en danger ? Évidemment qu’il l’était. Il l’avait toujours été. Néanmoins, ce soir pourrait-il être le paroxysme ? Il balbutia des mots inutiles tandis que le loup-garou scannait avec inquiétude les arbres qui l’entouraient. Il aurait aimé dire qu’il voudrait rester près de lui pour affronter la nuit et ses menaces, mais il n’y arrivait pas. Forcer de constater qu’il avait presque fallit se pisser dessus tout à l’heure.
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GØN : quête et guète, Tome 1
ParanormalQuand Nathan Osborn voit ses yeux changer de forme et des lignes tracer sa peau, il découvre un monde où magie, monstres et mystère se marient pour le meilleur et pour le pire. Un monde où les secrets sont nécessaires et où sa vie ne tient qu'à un f...