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   L'angoisse attrapa son col et le fit agir n'importe comment. Il infligea des coups-de-poing aux troncs de quelques arbres, cracha dans l'eau et jeta des pierres le plus loin que possible. Il ne voulait pas s'arrêter, mais une pensée sombre l'y contraignit. Voilà pourquoi on l'avait largué. Ses vrais parents avaient découvert le monstre qu'il était et l'avaient abandonné.

   Cela n'avait aucun sens. La meilleure solution aurait été de le tuer. Et s'il raisonnait juste, cela voudrait dire que Belinda et Edgard l'avaient élevé en connaissant les risques. Tout se mélangeait dans sa tête et formait un mélimélo. Une peinture abstraite dont un siècle ne suffirait pas pour en saisir le sens.

— Soyez sur tes gardes ! C'est peut-être un piège.

   Nathan leva brusquement la tête. Des gens venaient dans sa direction.

— Perso, je pense qu'on va trouver que dalle.

— Peut-être bien.

   Qu'est-ce que cela voulait dire ? Il n'avait jamais vu quelqu'un dans cette partie des bois. Encore moins qui parlait de piège. Le cœur en expansion, il se releva avec la ferme intention de se barrer d'ici. Il ignorait comment fonctionnait sa superaudition, mais il savait que ces gens étaient encore loin. Cependant, alors qu'il attrapait son vélo, une flèche s'enfonça dans le pneu avant. À quelques centimètres de sa jambe. Quel con s'amusait avec ça ?

— Coucou toi, émit une femme derrière lui.

   C'était une conne alors ? Ce n'était pas le moment de faire des blagues. À l'approche de la mort, il paraissait qu'on pouvait dérailler. Nathan ne voyait pas encore la menace, mais il sentait le danger. Il le sentait dans ses tripes. Et pas la peine d'être devin, non plus.

— C'est impoli de ne pas répondre à une aussi belle femme que moi.

   Nathan se retourna. Une femme vêtue de noir se tenait devant lui. Veste, pantalon, chemise blanche, col. L'armada des femmes aux métiers importants comme avocate ou cheffe d'entreprise. Sauf qu'à tout cela s'ajoutait une petite arbalète et un masque blanc. Un look mortel. Nathan peinait à respirer et ses mots ne sortaient plus. Une chance, car de toute manière, il ne saurait pas quoi dire. Surement pas : « vous avez amoché mon vélo, madame ».

— Les gars, venez voir ça, reprit-elle déposant deux doigts sur son oreille.

   Venez voir quoi ? se demanda Nathan. Mais il se rappela la tête qu'il tirait. Un beau joli phénomène à mettre sur les vidéos complotistes de YouTube ou dans un labo. Alors ainsi prenait fin sa petite vie. Disparaitre sans laisser de trace comme tant de gens. Il lisait de temps à autre l'actualité et comprenait que beaucoup de gens mouraient dans l'ombre. Peut-être que c'était la meilleure solution. Un monstre comme lui ne méritait pas mieux.

   Les gars étaient deux et portaient eux aussi des costards ainsi que des masques blancs.

— C'est quoi ? s'exclama l'un d'entre.

— Je n'en sais rien. Tu crois que c'est une illusion ?

   L'arbalète se leva et une flèche se planta dans l'épaule de Nathan. Ce dernier hurla de toutes ses forces. Son corps trembla et frappé d'une faiblesse soudaine, chuta sur le tronc de l'arbre le plus proche.

— Je crois qu'il est tout à fait réel.

La femme avança.

— Pour... pourquoi ? balbitua Nathan entre ses spasmes.

   Elle l'ignora et avança ses doigts pour toucher son front tout en lâchant un « fascinant » glaçant. Elle pencha ensuite la tête et arracha la flèche dans sa chair. Il hurla encore. Dire que ce matin il pionçait dans son lit. Il voulut cracher sur son agresseur, mais il risquait de prendre une nouvelle flèche. Son cœur s'agita dans sa poitrine avant que la douleur ne disparaisse ? Nathan tira le collet de son maillot pour voir une chose qui l'horrifia encore plus. Il n'y avait pas de marque de blessure.

— C'est impossible, lâcha la femme en levant la flèche aux rayons du soleil. Pas une goutte de sang. Voilà une belle trouvaille.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Je n'en sais foutrement rien, mais contacte vite la tour pour se renseigner.

   Nathan aurait pu croire à un prank, mais à moins d'être de la partition sans le savoir, il ne les voyait pas dire « coupé ». Sa colère était toujours là. Cette personne l'avait quand même tiré dessus. Cependant, il n'avait plus l'envie de fuir. Une sensation étrange. Ces gens habillés comme des agents du gouvernement n'auraient aucune hésitation à le tuer. Il semblait habitué à voir des trucs comme. Peut-être, la tour pourrait lui donnée des réponses et pourquoi pas, le guérir ? Ils poussaient le bouchon un peu loin, mais il avait tout à gagner.

— Vous allez me kidnapper ? demanda-t-il pour briser le silence qui venait de tomber.

— Bien sûr que non. On va t'emmener faire un petit tour quelques kilomètres plus loin.

— Cela aurait pu être drôle. Vous saviez ce que j'ai ou ce que je suis. Parce que moi, je n'ai pas la moindre idée. En tout cas, je vous trouve stylé. Outre le fais que vous m'ait tiré dessus. Et sur mon vélo. 

— Désolé mon beau. Si j'avais su, je t'aurais mis tous les deux dans la poitrine et épargné ta bécane.

GØN : quête et guète, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant