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   Il s’étonnait parfois d’entendre qu’un bon dessin devait s’approcher de la réalité. Pour lui, c’était tout le contraire. Il ferma son cahier dans un soupir, se leva et jeta un coup d’œil à la fenêtre. Il cherchait Jannick.

    Nathan sentait qu’un truc clochait avec lui. Ces derniers jours, il enchainait les paquets de clopes comme des petits pains et semblait de plus en plus anxieux. Il frappait ses poings sur les murs, crachait par terre et se réveillait en pleine nuit d’un cauchemar qu’il ne partagerait jamais. Nathan avait mené sa p’tite enquête auprès de voix-de-ferraille et avait appris que les loups-garous devraient privilégier une habitation en communauté, mais que cela arrivait de voir émerger un solitaire qui décidait de prendre son indépendance. Quoique cela restait difficile.

   Il avait alors demandé quelle était l’histoire qui se cachait derrière la solitude de Jannick, mais le masqué lui dit qu’il n’avait pas à s’inquiéter. Une belle bourde vu que cela produisit l’effet inverse.

   Cela l’intriguait, cependant, c’était parti pour être un énième mystère comme la deuxième personne qui possédait les mêmes caractéristiques que lui. Quoiqu’il fallait deux créatures pour la fécondation, il pensa qu’il y avait des chances pour que cette personne soit l’un de ses parents. Mais voix-de-ferraille avait écrasé cette hypothèse dans l’œuf. « C’est impossible pour lui de se reproduire alors ne pense pas qu’il peut-être ton père. »

— Alors c’est un homme ! s’exclama-t-il

— Il présente l’enveloppe, mais vu ses actes, j’ignore si l’on peut l’appeler ainsi.

— Tu veux dire quoi par là ?

— Il est classé #1 des « monstra non grata ». Ce n’est pas parce qu’il a distribué des bisous par ci et là.

   Outre le fait que voix-de-ferraille faisait des blagues, ce fut la numérotation pour les monstres recherchés qui le surprenait. Il devait bien avoir rejoint la liste depuis ce temps. Quelle place occupait-il ?

— Il est si méchant que ça.

— En effet. C’est le type de personnage qui donne un vrai motif d’existence à la confrérie des gardiens.

— On dirait que tu les soutiens.

— Bien sûr. J’y fais partie. La cause qu’ils défendent est noble et ils assurent l’équilibre du monde.

— Alors, ils ont une bonne raison de vouloir me tuer n’est-ce pas ?

— Peut-être, mais je trouve que c’est injuste de s’en prendre à un enfant.

   Ce qu’il disait était réconfortant. Cela prouvait bien qu’il y avait des personnes avec des principes dans cette organisation de merde. Mais avec un être qui l’était identique, en d’une liste des créatures les plus dangereuses du monde, il doutait de la menace qu’il pouvait représenter.

— Ils veulent peut-être me former pour tuer le numéro un. Après tout, tu m’as bien dit que seules mes griffes pouvaient me blesser.

— Je l’ignore, cependant, notre instance a tendance à régler les problèmes de manière… directe. Je ne pense pas que ce soit dans ces petits papiers.

   Il réfléchissait désormais à ces mots en regardant par la vitre. La normalité n’était plus de son monde, malheureusement. Nathan sortit sur la galerie ouverte en humant l’air frais et décida de se laisser guider par ses oreilles. Tant qu’il ne se transformait pas hors de la cour, cela me devrait pas poser de problèmes.

   Il traina ses doigts sur la cuirasse poussiéreux du Ford et passa derrière la maison pour se perdre dans la forêt. Ses pieds piétinaient les brindilles et les feuilles mortes tandis que ses yeux admiraient la lumière qui filtrait dans le feuillage des arbres. Jannick lui avait déconseillé de s'aventurer dans cette partie-là pourtant il revenait le plus souvent de là quand il disparaissait durand des heures. Donc ses recherches allaient commencer par là.

   Il savait qu’il ne devrait pas faire ça. Mais cela lui plaisait de faire une petite balade qui sortait de l’ordinaire. Reste zen et tout ira bien.

   Il marcha en se laissant guider par ses oreilles et au bout de dix minutes de marches, capta quelque chose d’intéressant. Des grognements entremêlés à des déchirures d’éponges. Nathan se laissa envahir par la peur et le doute. Cela pouvait bien être un ours qui se faisait un petit encas. Ou un loup. Un loup ? Il n'en avait croisé qu'un durant sa covalence ici.

   La curiosité l’emporta sur la raison et à force de progression vers la source, elle augmentait. Une odeur putride assaillit ses narines et le força à remettre en cause sa détermination. Il fit pourtant un pas de plus, puis un autre et un autre jusqu’à en faire celui de trop.

   Entre deux troncs d’arbres, une fourrure noire s’agitait sur ce qui ressemblait à une tête de cheval. Il voulut faire marche arrière, il aurait tant donné pour le faire, cependant, ses pieds refusaient de lui obéir. Ses mains couvrirent sa bouche tandis que ses yeux pleuraient le choc.

GØN : quête et guète, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant