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   Nathan ressentit un léger courant dans sa poitrine. Le genre qui poussait à commettre des actions regrettables. Il avait envie de foutre la pagaille dans la vie d’un inconnu. Rien qu’une fois. Il savait qu’il pensait comme une bête, mais cela ne l’arrêta pas. Au contraire, il tenta de repérer le plus faible de ces mecs qui se marraient de sa tronche. Sweet noir semblait moins ouvert à la violence cependant, son corps était bien caché. Difficile de faire un point sur sa musculature. L’autre, chemise à rayures, renvoyait le mec toujours à porter son sac par une bandoulière et qui voulait se faire remarquer.

— Je n’ai pas de copine, lança-t-il pour capter leur attention.

— Quoi ?

— Je vous ai dit que je n’ai pas de copine.

— Et qu’est-ce qu’on en a à foutre ? De toute manière, t’as une tête à te branler devant du porno de toute façon.

   Nathan s’essuya le front en sentant sa connerie à des kilomètres. Il pouvait toujours faire marche arrière et revenir à sa petite réalité bien « tranquille ». Il ne fallait pas donner l’occasion à la société de le cataloguer comme enfant à problème. Mais comment dire… toutes ses bonnes raisons produisaient l’effet inverse dans sa tête.

— J’ai essayé une fois. Trop contraignant alors j’ai plus recommencé.

   Amis sweat noir et chemise à rayures échangèrent un regard interloqué et comprirent que ce mec manquait une case.

— Mais vous savez ce que je n’ai jamais fait ?

   Nathan retint le reste de sa phrase pour augmenter le suspens, et lâcha au bout de trois secondes « frapper quelqu’un sans raison ». Il enchaina avec un crochet dans la gueule de chemise à rayures ainsi qu’un coup de pied (dans les boules) sur sweat noir. Néanmoins, son pied ne parvint pas à se frayer un chemin vers l’eldorado et s’échoua sur le genou de sa cible.

   Les yeux de ses amis transpiraient l’étonnement et la colère. Et il en était fier.

— Quoi ? Vous en voulez encore bande de nazes ?

   Chemise à rayures se jeta sur lui et il tomba à la renverse. Le poids de l’assaillant sur son buste le fit comprendre ce qui l’attendait. Il lutta pour s’échapper en prenant son courage pour ne pas hurler tel le blaireau qu’ils avaient vu en lui. Toute fois, quand le premier coup lui éclata la lèvre inférieure et que le gout de son sang s’acharna sur ses lèvres, il cria. Un coup sous l’œil droit, un autre dans le cou, un autre dans le ventre. Chemise à rayures n’était pas musclé, mais chacun de ses poings tombait comme un coup de massue. Merde !

   Les larmes couvrirent sa vue et il chiala comme un bébé. Ses cordes vocales s’amplifièrent telles que sweat noir demanda à chemise à rayures de s’arrêter. Trois autres coups bien placés et un lot d’insulte comme sale fils de pute plus tard, ce dernier se releva pour regarder Nathan.

   Les baffes ne l’aidaient pas du tout. Au contraire, ils lui rappelaient sa nature : un être pitoyable qui couinait pour pas grand-chose. Son cœur tripla de régime, et là, il s’arrêta net. Son instinct lui disait qu’un truc n’allait pas, là-dedans. Ça battait trop vite. Allait-il mourir d’une crise cardiaque, ici, dans le couloir de son école ?

   Nathan se releva tant bien que mal en mettant une main sur sa poitrine et l’autre devant lui pour proposer une trêve. L’oxygène lui manquait.

— Tout va bien, demanda sweat noir ?

— Arrête de jouer la comédie, poursuivit chemise à rayures, de toute façon, on en a fini avec toi.

   En effet, ils en avaient terminé avec ce sale fils de pute, mais, ils ne pouvaient pas partir. Un meurtre sous les bras annonçait la couleur.

   Nathan rejoignit le sol en hurlant. Ses yeux le brulaient. Et sa peau, sa peau. On aurait dit qu’on l’entaillait avec un scalpel. Tout ça, n’était pourtant rien au mal de crâne qui voulait l’assommer. Il pressa ses tempes de toutes ses forces dans l’espoir de diminuer la douleur. Peine perdue. Au contraire, il sentit des bouts de métal s’y enfoncer. Aveuglé par la souffrance de ses yeux, il palpa ses doigts et ressentit des bouts de fer là où étaient supposés être ses ongles.

   Et puis, il se souvint d’une détresse identique le jour de son douzième anniversaire. De lignes sur sa peau. De feuilles qui virevoltaient. Un inconnu dans sa chambre.

   Il ne put s’attarder sur ces images, son corps prenait feu. La douleur finit par s’estomper au bout de quelques secondes et il put ouvrir les yeux. La première chose qu’il remarqua fut qu’il se trouvait seul. La deuxième, des voix bruyantes s’acharnaient près de ses oreilles. La troisième, ces lignes rouges pale qui serpentait sa peau et ses ongles déformés. Et là, il sut qu’il devait s’enfuir.

   Il saisit son sac et partit à la conquête d’un coin tranquille. Son cœur battait à deux millimètres de ses oreilles, et ces cris le perdaient. Toutefois, il parvint à repérer les toilettes et s’y engouffra en sachant bel et bien qu’il y aurait du monde. Sac comme bouclier, il se cacha le visage et s’enferma dans une cabine. Une insulte siffla à son encontre, mais impossible de connaitre les mots. Qu'est-ce qui m'arrive ? demanda-t-il en s'asseyant sur la cuvette. Ses yeux ne purent se détacher de ces lignes qui traçaient sa peau.

GØN : quête et guète, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant