« À l’aide, au secours ! », entendit-il en fond sonore. Le mode urgence de son cœur reprit du service. C’était la voix de Jannick et il se mit en route pour le secourir. Le temps ne lui permit pas de réfléchir. Sinon, il aurait su qu’un loup-garou qui criait à l’aide était tombé sur un os qui lui collait à la gorge. Un os qu’il ne pourrait surement pas retirer. Mais c’était mieux ainsi. Il aurait passé pour un trouillard. Il courut un ou deux kilomètres dans ce noir adouci par la lune et quand la voix se fit claire comme de l’eau de roche, resta bouche bée face au spectacle. Là devant lui, une flèche (d’un mètre de long, peut-être) clouait Jannick à un tronc d’arbre. Du sang s’évadait de sa blessure, coulait le long de son ventre et rejoignait la mare dans laquelle trempaient ses fesses.
— Aide-moi, articula-t-il en laissant échapper un filet de sang.
Nathan fixa son ami, arrimé par la terreur. Il portait le ciel sur sa tête.
— Aide-moi !
La voix de Jannick se fit plus ferme et répéta sa phrase en crescendo alors que son visage virait au rouge. Il déposa une main sur la flèche et le retira d’un coup. Un geyser de sang s’envola sur la face de Nathan et le fit reculer. Le pénis balançant dans l’air, Jannick avança vers lui jusqu’à le dominer de sa hauteur.
— Je vais mourir ce soir si tu ne viens pas m’aider. Alors, réveille-toi !
Des crocs poussèrent dans sa gueule avant qu’il ne se jette sur le cou de Nathan.
Ce dernier se redressa en sueur sur le lit. L’obscurité faisait main mise sur la chambre alors il se leva, emmêla ses pieds dans les draps par terre, tituba vers l’interrupteur et alluma l’ampoule.
Un rêve ?
Ses tempes lui faisaient mal et la fièvre le poursuivait même dans la réalité. Qu’est-ce qui venait de se passer ? Il connaissait la réponse, mais ignorait avec quel doigt le toucher. Les derniers mots de Jannick résonnèrent dans sa cervelle. Il refusait d’y prêter attention, mais cela sonnait encore et encore. Tel un marteau que l’on frappait à répétition dans un gong. Il pressa sa tête qui lui faisait un mal de chien et réfléchit. Pouvait-il donner du crédit à un rêve ? Non ! Oui. Un peu des deux. Malgré que les nouveautés de ce monde semblaient illimitées, il ne pouvait pas croire cela. Cela voudrait dire qu’il pourrait prédire l’avenir et cela ferait une anomalie de trop. Même s’il pouvait devenir riche avec. De toute façon, Jannick lui avait interdit de sortir de la maison.
Il devait lui faire confiance et rester ici. Il se pressa encore son crâne. Quel mal de chien ! Peut-être qu’il était vraiment en danger et qu’il désirait vraiment de l’aide. Nathan poussa un « fait chier » plus que mémorable et fouilla dans les tiroirs. C’était bien beau de se mettre en danger pour des superstitions, mais si c’était pour se casser la jambe dans un nid de poule, autant rester ici.
La trouvaille ne fut pas à la hauteur des attentes (une petite lampe poche longue de 10 centimètres), mais il allait devoir le faire avec. Il attrapa les clés de la maison, éteignit la lumière, se convainquit que c’était une mauvaise idée, et sortit.
Le froid de la nuit harponna son corps. Il aurait dû sortir avec la couette. Nathan alluma sa torche avant de se demander s’il ne fallait pas la garder fermée. Il était un citadin pur souche, par conséquent, des aventures nocturnes en pleine forêt ne cadraient pas avec lui. Pas de lampadaires, pas de néons, pas de trottoir… Il regarda la lune blanche au-dessus de sa tête avant de faire un pas de plus, puis une autre.
Son intrusion le pilotait, néanmoins, il s’arrêta au bout d’une minute de marche en comprenant qu’il avait tous les paramètres dans son camp pour échouer. Étant poussé par un rêve sortant de l’ordinaire, pourquoi ne pas se laisser guider à fond les manettes ? Il s’était noyé, et sauf à preuve du contraire, on se noyait dans de l’eau. La rivière !
Il piquait vers la droite, le mini projecteur éclairant à demi chemin, le cœur au rythme de ses pas. Cinq minutes plus tard, l’écho de la rivière lui indiqua qu’il s’était emballé pour rien. Il scanna les alentours à 360 degrés pour renforcer cette pensée, jura et prit la route du bercail.
Le courage passé, il ressentit tout le poids des arbres sur lui. Il tremblait et avait l’impression d’être observé. Il voulut rester aux abords du ruisseau bien éclairé par la lune. Ce qui serait stupide.
Puis, un hurlement s’éleva et brisa le restant de son self-control. Cela semblait si proche. À moins que ce ne soit sa super ouïe. En tournant sur lui-même comme un danseur de salsa, il fit tomber sa lampe qu’il ramassa aussitôt. Un autre cri déchira la nuit. Ah ! Pourquoi cela arrivait-il maintenant ? Il était sûr que c’était Jannick, mais cela ne l’aida pas à mieux respirer.
Il se rappela de sa fougue lorsqu’il dévorait ce pauvre cheval. Le même sort allait lui tomber sur la tête. Il passa ses mains moites sur son visage désormais en sueur. Devrait-il s’enfoncer dans les bois ou rester ici ? Lorsqu’un troisième chant de loup résonna à un secteur différent de celle d’avant, la réponse s’éclaircit.
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GØN : quête et guète, Tome 1
ParanormalQuand Nathan Osborn voit ses yeux changer de forme et des lignes tracer sa peau, il découvre un monde où magie, monstres et mystère se marient pour le meilleur et pour le pire. Un monde où les secrets sont nécessaires et où sa vie ne tient qu'à un f...