— Si tu le dis. Mais t’es pas éternel ?
Nathan s’emballait et avec raison. Il pouvait désormais affirmer que le monde regorgeait de secrets. Les mythes étaient réel ? Les dragons, les trolls, les sorcières, les goules, la magie ? Si oui, il y avait de quoi flipper. Malgré tout, il ne put jauger la menace.
— Ne dis pas de bêtises.
— Et tu manges que des steaks ?
Faute de s’égarer sans cesse, Jannick prit les rênes de la conversation et expliqua que l’année dernière, voix-de-ferraille l’avait contacté pour lui demander de garder un monstre chez lui et de l’aider à se maitriser. Cette information chamboula les calculs de Nathan. Voix-de-ferraille préparait son départ depuis un an ? Une pièce ne collait pas au puzzle. Sa vie se déroulait normalement à cette époque. Il l’espionnait ? Pour quelqu’un qui pouvait devenir invisible sans cape d’invisibilité, cela serait un jeu d’enfant. Mais pour quelle raison ?
Il rumina tout ça sur le retour sans réussir à trouver une brèche. Ce mélimélo semblait présenter la patte d’Agatha Christie au scénario. Il n’en avait jamais lu, mais à force d’entendre Stéphen en vanter les prouesses scénaristiques, cela apparut comme une évidence.
Plus tard dans la journée, alors que la fraicheur descendait une pente douce, Jannick l’avait encore massacré. Une vingtaine de minutes au cours duquel il s’était lâché. Il disait bien qu’il ne faisait que le chatouiller, mais Nathan avait l’impression qu’il mettait tout son cœur dans chacune de ses frappes. Et puis sa logique était assez simpliste : se transformer le plus que possible pour maitriser plus rapidement cette partie de lui.
— Et qu’est-ce qui te pousse à croire que tu as raison ? avait-il demandé avec espoir d’une explication convaincante.
— C’est comme apprendre à marcher. Plus tu tombes, et plus vite tu assimiles.
— Donc, je me fais massacrer sur la base d’une théorie aussi merdique que celle-là.
— Tu sais, la majorité des loups ne sont pas capables de maitriser leur transformation. Les alphas avec cette faculté sont adulés et respectés. Et pourtant moi, j’y arrive. Sais-tu comment je me suis pris ?
— Par la souffrance, j’imagine ?
— Exactement. On m’a fait transformer tellement de fois que la douleur devint à un moment donné, insignifiante.
Nathan ressentait qu’il y avait quelque chose à creuser dans ce « on », mais il avait des raclées à manger. Dès les premières claques, les lignes pâles apparaissaient dans d’horrible souffrance, ainsi que sa superouïe. Quand il parvenait à dompter la douleur, il contemplait ses petites griffes et encaissa les enchainements de crochet. Il était un sac de boxe humain, mais il ne pouvait pas se plaindre.
Si pour se transformer, il y avait un mode d’emploi, l’inverse demeurait dans le flou total. Son professeur avait beau lui répéter que c’était lié au mental, cela ne l’aidait pas à cerner la chose. Au pif, il savait qu’il devait fermer les yeux comme s’il allait éclater et à répéter le mot détransformation dans sa tête. Et aussi bizarre que cela pût paraitre, cela porta ses fruits. Bon, cinq ou six minutes trop tard, mais cela restait encourageant. Ses crocs rentraient, ses ongles aussi et les lignes s’évaporaient. En les observant s’effacer de sa peau en toute discrétion, Nathan se demanda pourquoi ne serpentaient-ils pas son corps en sens inverse pour disparaitre. Cela se faisait en douceur, voila ce qu’il y avait à retenir.
Une heure plus tard, il mangeait encore des spaghettis en ralentissant sur le ketchup, piquait une petite somme sur le canapé et se réveillait quand voix-de-ferraille poussait la porte d’entrée. Il gardait cette même allure dangereuse et donnait l’impression d’être toujours sur ses gardes. Il ajusta ses gants, inspecta la pièce et s’assit près de Nathan. Ce dernier s’expulsa à l’autre bout. Il ne voulait pas toucher cet individu qui manifestement en savait beaucoup sur lui. Toutefois, ses yeux se laissèrent envouter par les motifs dessinés sur son blason. Plusieurs petits châteaux avec des éclats qui insinuaient qu’ils brillaient. La touche artistique le séduisait. Son imagination balada, mais ne le libéra pas de la réalité. Cette réalité qui le narguait et dans laquelle on vendait sa peau pour pas cher. Il savait qu’il n’y avait aucune logique désormais entre le réel et l’irréel, que tout ce qu’il croyait être vrai pourrait lui placarder une grosse déception. La trahison, ça le connaissait.
— Qu’est-ce que tu veux vraiment ? demanda-t-il en acceptant de crever l’abcès.
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GØN : quête et guète, Tome 1
ParanormalQuand Nathan Osborn voit ses yeux changer de forme et des lignes tracer sa peau, il découvre un monde où magie, monstres et mystère se marient pour le meilleur et pour le pire. Un monde où les secrets sont nécessaires et où sa vie ne tient qu'à un f...