— Nat, garde ton calme mon chéri.Edgard songea que cette chose qui les fixait n'avait plus rien d'humain, mais la voix qui tonna était bel et bien celle de Nathan. Quoique dézingué et timbrant une peine grande comme le monde.
— Je vous ai demandé de sortir de ma CHAMBRE.
La réplique avait quelque chose d'hilarant quand on s'attardait sur les détails (un monstre dans sa chambre). Cependant, personne ne rit et personne ne bougea. La chaleur s'accrut et les murs se mirent à trembler. Cela débuta par une petite vibration puis s'intensifia à une magnitude de 7 sur l'échelle de Richter. Le lit, le petit bureau, l'étagère qui contenait des figurines collector suivirent la cadence. Les affiches se détachèrent des murs et la lumière de l'ampoule vacilla, plongeant quelques instants Belinda et son mari dans une pénombre inquiétante. Malgré ces anomalies, elle restait droite dans ses bottes et ne cédait pas à la panique.
— Calme-toi ! Je vais tout t'expliquer. Je t'en prie.
Cette marque de bienveillance sortit comme une imploration. Un appel à l'aide. Les secousses diminuèrent et Belinda y vit un signe que tout n'était pas encore perdu. Qu'il y avait encore une chance que sa famille puisse continuer à mener leur agréable vie.
— Je comprends que tu sois en colère ou que tu sois triste, poursuivit-elle, mais ces mots, elle ne l'aurait jamais dû l'ajouter.
— Tu me comprends, maugréa Nathan. Tu me comprends. Tu me comprends.
Il répéta ces mots encore et encore, jusqu'à en faire des paragraphes. Ils n'avaient pas le ton d'une question. C'était comme une leçon qu'il voulait mémoriser et croire. « Tu me comprends ».
Les feuilles vierges du box qui s'étalaient par terre ballotèrent, excitées par une force invisible. Au bout de plusieurs secondes, tandis que les murent émettaient leur dernière secousse, ils s'envolèrent pour tourner autour de Nathan. Edgard émit enfin son "What the fuck" qui lui pendait aux lèvres.
Une véritable tornade s'était formée dans la chambre, de quoi mettre sur la table le sauve-qui-peut. Vingt ou trente révolutions plus tard, une feuille quitta l'essaim, prit une teinte noirâtre le tout en étant suspendu. Quelque chose de grave se préparait et Edgard le ressentait. Dans un extrême poussé, il attrapa la main de sa femme pour fuir. Cependant cette dernière ne bougea pas et lui lança un de ces regards qui disait tout. Elle ne comptait pas abandonner son fils ici, pas quand il avait le plus besoin d'elle. Elle semblait même reprocher sa lâcheté.
Edgard se sentit faible, minable et tout les autres qualificatifs qui faisait mal au cœur. Et quand il pensa que ce qu'il redoutait arriva à cause de ses mots, il lâcha la main de sa femme. Il le regretta aussitôt, car la feuille noire s'y colla en un éclair.
Belinda chancela avant de tomber, agonisante. Il avait rugi et allait prendre la tête de sa femme quand une feuille colla sur son avant-bras. Quelque chose infiltra sa peau et draina un passage dans sa chaire. Il retrouva illico le sol tandis que les larmes lui montaient aux yeux.
Des larmes ? Pourquoi des larmes ? Un creux se forma dans sa poitrine et une violente fièvre le frappa. Il sanglotait désormais, contre sa femme victime du même sort. Pourquoi n'arrivait-il pas à contenir ses pleures ? C'était plus fort que lui.
« Tu me comprends. Tu me comprends. Tu me comprends » entendit-il résonner dans sa tête et là, oui là, il comprit tout. Ces feuilles n'étaient pas en train de les tuer. Elles les claquaient les émotions de Nathan, son... fils.
Il comprit ce qui lui fit si difficile de comprendre depuis qu'il avait appris la vérité. C'était un gosse avec des sentiments bien plus qu'humains. Qui souffrait beaucoup, et tout ça à cause de ses mots. CE N'EST PAS NOTRE FILS BELINDA.
Qu'est-ce qui lui a pris de dire cette chose aussi débile ? Il tendit la main vers sa femme et voulut lui demander pardon, mais il ne put prononcer aucun mot. Ces feuilles ne les tueraient pas, elles les montraient la vérité. Cependant, quand il s'aperçut qu'une dizaine d'autre se noircissait, il sut qu'il allait trépasser. La vérité allait le tuer. Son corps ne pourra pas en supporter d'autres. ET SA FEMME ! Sa femme qui avait été toujours là ne méritait pas de subir un tel traitement. Il voulut demander pardon, mais la parole n'y était toujours pas.
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GØN : quête et guète, Tome 1
ParanormalQuand Nathan Osborn voit ses yeux changer de forme et des lignes tracer sa peau, il découvre un monde où magie, monstres et mystère se marient pour le meilleur et pour le pire. Un monde où les secrets sont nécessaires et où sa vie ne tient qu'à un f...