— Qu'est-ce que t'as ? questionna Greta.
— Rien du tout.
— Maman dit que ce n'est pas bien de mentir.
— Elle a raison. Mentir c'est pas cool.
— Alors pourquoi mens-tu ?
— Je ne mens pas. Demande à madame Poloch.
Elle écarquilla les yeux et se gratta la tête. Trois secondes plus tard, elle se mettait sur ses pieds, direction sa poupée.
— C'était une blague. Greta, reviens ! hurla Nathan en se marrant de sa naïveté.
Elle n'en fit qu'à sa tête et percuta Brayden dans sa course. Ce dernier avait la mine pâle et les paupières collantes. Il chancela vers Nathan en bâillant avant d'échouer sur une chaise.
— Pourquoi court-elle ?
— Madame Poloch.
— Maman doit jeter cette fichue poupée. Elle va devenir cinglée à force de la croire vivante.
Un flux grimpa de l'estomac de Nathan. Le genre qui donnait un gout acide dans la gorge et une envie de vomir. Pas à cause des mots de Brayden, mais de Brayden lui-même. Ses traits lui rappelaient son père et sa crédulité. Pourquoi ne ressemblait-il pas à aucun membre de la famille ? Parce qu'il n'était pas de la famille.
Cette colère n'avait pas lieu d'être, cependant il n'arrivait pas à la garder hors de lui. C'était comme son ombre, elle ne le lâchait pas d'une semelle. Une ombre pouvait disparaitre quand il n'y avait plus de lumière. Mais, face à ce sentiment, rien à faire.
— C'est toi le cinglé ! ragea-t-il d'un ton bourru.
— Quoi ?
— Je veux dire qu'elle n'est pas cinglée. Elle a beaucoup d'imagination. Pas comme quelqu'un qui passe son temps à jouer aux jeux vidéos.
— Tu penses qu'il est donné à tout le monde d'être un professionnel du gaming ? Il faut avoir les bonnes dispositions cellulaires pour cela. Les bonnes capacités cognitives qui te permettront de réagir à l'instant T.
— Ce n'est pas parce que tu utilises des mots comme cellulaire ou cognitif que ce que tu dis est vrai.
— Hmmm !
Belinda réapparu et tenait son sac : signe qu'il fallait mettre les voiles. Nathan attrapa ses écouteurs, sa valise et alla s'assoir dans la voiture. La logique voudrait qu'il s'assoie côté conducteur, mais il fuyait cette place comme la peste. Il préférait celle de derrière. Où il pouvait oublier Belinda. Le front contre la vitre, il regarda la place du 4x4 d'Edgard. Nathan ignorait quoi penser du fait qu'il faisait tout pour être le plus absent possible et qu'il l'évitait tout autant que lui.
Plus tard, quand Belinda demanda de passer la ceinture de sécurité, il pensa que la mort ne serait pas une mauvaise chose. Si elle se faisait dans la douceur, il pourrait l'accepter.
Il sursauta. Devenait-il dépressif ? Qui pouvait bien avoir envie de mourir ? Il passa rageusement sa ceinture et regarda la ville défiler sur un vieux tube de Justin Bieber qu'il passa en boucle jusqu'à arriver à l'école.
— À plus tard, les garçons ? héla Belinda.
— Au revoir man.
— Ouais, à plus, murmura-t-il le dos tourner.
L'école ressemblait à ses endroits aux allures sinistres qui faisaient penser à sa piaule rien qu'en le voyant. Haut d'un étage, ses murs de briques rouges s'étendaient sur plus de quarante mettre de long. Ses fenêtres sans rideau rappelaient à l'ordre. Pas mal d'élèves piétinaient le gazon qui le devançait, mais il préféra utiliser le petit sentier de pierre plate et toucher le mât qui arborait le drapeau du pays. Il plongea dans les couloirs bondé et vibrant de conversation. Cela le foutait en rogne, alors il augmenta le volume pour exploser ses tympans, bouscula deux ou trois élèves au passage sans s'excuser. Arrivé devant la porte de sa classe, il inspecta la vitre et devina ces ados souriants qui jacassaient comme s'ils n'avaient que ça à foutre. Ses amis étaient aussi de la partie.
Il retira ses écouteurs pour laisser la réalité l'envahir, poussa la porte, un sourire plus grand que la normale sur la face. Faire comme si tout allait bien. Parce que tout allait bien. Et puis, il était super content de retrouver ses potes.
— Enfin te voilà Nathan, s'enquit Aoki en ramenant ses cheveux vers l'arrière. Je pensais que tu allais nous priver de ta présence encore une fois.
— Lâche-moi tu veux bien Ao !
Il tchéqua Stephen dont les taches de rousseur prenaient de l'ampleur. Ophélia, plus Barbie que jamais. Une tentative à Aoki pour la chambrer avant de tomber à ses côtés. Il déposa son front sur le dossier et essaya de dormir. Voilà bien une chose qui l'aidait ces derniers. Ces moments où il n'éxistait pas et où rien n'avait d'imporrance. C'était calme, vide. S'il existait un bouton pour rendre ça le processus plus rapide, ce serait juste parfait. Néanmoins en bonne petite taquine, Aoki deplaça son siège et chuchota dans son oreille.
— T'as foutu quoi pour être aussi blasé ?
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GØN : quête et guète, Tome 1
ParanormalQuand Nathan Osborn voit ses yeux changer de forme et des lignes tracer sa peau, il découvre un monde où magie, monstres et mystère se marient pour le meilleur et pour le pire. Un monde où les secrets sont nécessaires et où sa vie ne tient qu'à un f...