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   Nathan respecta sa parole et loupa les derniers jours d’école sous prétexte d’une nausée

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   Nathan respecta sa parole et loupa les derniers jours d’école sous prétexte d’une nausée. Il ne mentait pas totalement, cependant, rentrer dans les bonnes grâces du petit Jésus ne faisait pas partie de ses priorités.

   De temps à autre, une migraine monstrueuse le paralysait. Pas aussi intense que la première fois, elle lui arrachait tout de même des larmes chaudes. Il ne pouvait même pas crier sous peine de se faire griller quand les autres se trouvaient à la maison. Il redoutait la réapparition des lignes et des yeux de renard, mais heureusement, ces derniers ne semblaient être qu’un lointain souvenir.

   Ses parents ne lui questionnèrent pas sur cette volonté évidente de rester cloitré dans sa chambre et d’éviter l’école comme la peste. Ils se contentaient de demander comment il se sentait et s’il avait besoin de quelque chose. Il répondait avec le peu de mots que possible, avant de déposer sa tête sur son oreiller en émettant une énième question sans réponse. Il jouait les scènes de manière convaincante, néanmoins, il soupçonnait que Belinda ne la croyait qu’à moitié. À sa manière d’insister son regard et de me toucher pour voir s’il n’avait pas de la fièvre.

— Je devrais t’emmener à l’hôpital, avait-elle dit hier. Le ton plein d’inquiétude.

— Non pas la peine.

— Mais ça fait trois que tu es couché.

— Je me sens déjà beaucoup mieux.

— Mais.

— Je vais bien.

   Il n’avait pas hurlé, mais Belinda ressentit toute l’agressivité de Nathan. Ce dernier ne regrettait rien. J’ai bien le droit de demander qu’on me laisse souffrir en paix, avait-il pensé.

   Edgard l’avait visité dans sa chambre. Une grande première depuis longtemps. Trop longtemps. Même s’il ne le disait pas, Nathan s’était senti un peu soulagé de le voir ici sans pour autant avoir à parler de chose sérieuse. Avec ses visions qui hantaient désormais sa tête, cela aurait été un fiasco.

   Il avait senti tout son courage à sa démarche pour traverser sa porte et lâcher du politiquement correct. Genre : « Comment tu te sens ? » « J’espère que tu t’en remettras le plus vite que possible. » Des phrases en manque de vitamine si l’on se référait à ce qu’il devrait représenter, mais Nathan en respectait l’honnêteté. Il ne faisait pas trop et acceptait sa honte.

   Greta le visitait très souvent aussi. Ça lui faisait plaisir. À chaque fois qu’elle rentrait dans la chambre avec ses petits pas, son sourire d’ange et sa voix aussi joyeuse que Mickey, il ne pouvait s’empêcher de penser que c’était peut-être la dernière fois qu’il la voyait. Ça lui brisait le mental comme cette foutue migraine. Il restait quand même droit dans ses bottes et lui retournait au max son sourire. Il se perdait dans ses sujets imaginaires, son ignorance, sa franchise du cœur. Et surtout, son amour pour lui.

   Greta aimait son frère comme elle pouvait aimer l’un de ses jouets. Peut-être plus. Et Nathan le savait. Entre deux réflexions, il s’était demandé si elle pleurerait s’il disparaissait du jour au lendemain. C’était égoïste, mais il l’espérait. Ce serait comme s’il n’avait jamais compté pour un membre de sa famille et cela le mettait en pétard.

— Approche Greta.

— Pourquoi ?

— J’ai un secret à te dire.

   Dans sa petite robe légère et la fraicheur d’un bon bain frais sur le corps, Greta accourut. Elle raffolait des secrets. Nathan déposa ses yeux dans les siennes.

— Tu es la meilleure petite sœur du monde.

   Elle apparut déçue et Nathan crut quelques secondes, qu’il avait pêché quelque part.

— Mais je le sais déjà.

   Il pouffa et la serra dans ses bras en murmurant qu’il l’aimait très fort.

— Je t’aime très fort, moi aussi grand frère.

   Le cœur de Nathan occupa toute sa poitrine et les larmes coulèrent encore.

   Il ne voulait pas rester dans sa petite chambre à penser à des choses insensées. Suretout les derniers jours de vacances. Toutefois, il avouait que cela lui faisait du repos émotionnel. Les questions d’Ao, les doutes d’Ophélia et l’insolence éloquente de Stephen lui cassaient les burnes.

   Il se souvenait de ces moments de pur bonheur et d’ignorance. Ça le manquait, mais c’était peut-être mieux ainsi. Tellement mieux qu’il envisageait de ne pas participer à leur habituelle réunion du dernier jour d’école avant les grandes vacances. Cette réunion signifiait tellement que le rater serait pris comme un crime. « On ne ratait pas la réunion de la liberté », entendait-il déjà dans les murs.

   Ses amis appartenant à des familles assez à l’aise financièrement, ils pouvaient se permettre de planifier leur mois de détente. Ça se résumait souvent à la visite de lieux exotiques par ci, petit séjour dans les iles des caraïbes par là. Des colonies de vacances, des visites à des parents. Des vacances de gens qui profitaient de la vie quoi. C’était peut-être la dernière fois qu’il pourrait parler à ses amis.

GØN : quête et guète, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant