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   Le temps avança au rythme d’un escargot et Nathan déprima

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   Le temps avança au rythme d’un escargot et Nathan déprima. Il n’avait rien pour se divertir. Pas de smartphone, pas de télé, pas de cahier, pas de crayon. Nada. La chambre qu’elle devait partager avec le dénommé Jannick ne lui disait rien qui vaille. Idem pour ce canapé sur lequel il se trouvait.

   Le froid lui donnait de petits sursauts et il se demanda comment faisait-on pour vivre dans cette maison sans cheminée. On ne pouvait tout de même pas allumer le feu à l’intérieur à l’aide de sortilège. Le foutage de gueule serait exagéré. La nuit n’était pas encore là, mais il la sentait déjà rude. Autant dire que l’envie de pioncer à même le sol se calcinait dans son esprit. Il ne pouvait quand même pas dormir dans le même lit qu’un type qu’il ne connaissait pas et qui ne l’aimait pas. Un mec qui marchait en caleçon en pleine montagne était louche. Très louche.

   Nathan sortit de la maison pour observer son environnement. C’était la première fois qu’il se trouvait à de pareille altitude et il adorait ça. L’air semblait différent. Plus léger et plus frais. Ce ciel bleu et la verdoyure qui se perdait au loin plaisait aux yeux. Un tableau parfait pour un paysagiste. Il attrapa un caillou au sol, ressentit son humidité et l’envoya de toutes ses forces contre un arbre. La pierre ricocha contre le tronc et s’envola quatre mètres plus loin.

— Hey toi ! lança son hôte qu’il n’avait pas remarqué. Interdiction de t’éloigner de la maison à moins de cinquante mètres. T’es pas ici pour des vacances.

   Chaque mot déraillaient ses neurones. Interdiction. Pour qui se prenait-il ? Toutefois, il se devait d’obéir et d’afficher un joli sourire pour montrer sa soumission.

   Jannick portait désormais un jean troué et une chemisette blanche sur le buste. Ses cheveux, lavée et brosser vers l’arrière lui donnait un petit air de playboy du 20e siècle. Dans un dernier regard lourd, il grimpa dans sa voiture et mit le contact. Nathan accosta la portière de la Ford.

— Vous sortez ? demanda-t-il le plus poliment possible.

— Ouais.

— Je peux vous accompagner ?

— Non.

— Vous êtes raciste ?

— Ouais.

   Nathan soupira.

— Je vous en prie. Je viens d’abandonner ma famille. Des types avec des masques blancs sont à mes trousses parce que je suis une espèce de monstre que je ne connais même pas. J’ai besoin de me changer les idées. Laissez-moi venir avec vous.

   Le blond parut quelque seconde sensible à ces mots. Il criait déjà victoire, mais l’expression « fous-moi la paix » refit son apparition. Le conducteur lui dévoila ses dents blanches et monta la vitre. La voiture fit marche arrière et emprunta la petite route en terre battue avant de disparaitre dans un virage. Pourquoi se prenait-il les méninges pour ce connard ?

   Et puis, se vider la tête n’était peut-être pas la meilleure attitude à adopter. Il devait penser à la vie qu’il avait laissée derrière lui. Aux sourires de Greta, aux emmerdes de Brayden. Ses amis. Peut-être devrait-il trouver un peu d’ombre et ruminer de beaux souvenirs. Non. Pas ça. Il devait garder la tête haute et oublier le passé. De toute façon, ce n’était qu’un ramassis de conneries. Rien de tout ça n’était réel. L’avenir. Voilà à quoi il devait réfléchir. Rien de mieux pour ne pas flancher. Si cela allait pour le mieux, il s’autoriserait à rêver d’un happy ending.

   Après une demi-heure passée à lancer des cailloux et à inspecter l’horizon, Nathan rentra et décida de jouer au ninja. Cette situation l’évoquait des mauvais souvenirs, mais il se convainquit que c’était pour la bonne cause. Malgré seul, son cœur s’emballa quand il pénétra la seule chambre à coucher. Il fouilla les poches des vêtements de Jannick, ouvrit les tiroirs du petit buffet près du lit, souleva le matelas et trouva que dalle. Ses cellules grises prirent le dessus et se lancèrent dans l’élaboration d’hypothèse farfelue. Ce n’était pas pas possible qu’une maison soit aussi vide. On aurait dit une planque. Et si c’était un agent du gouvernement ? Non, cela n’allait pas. Il manquait les costumes classes et l’artillerie sophistiquée. Il conduisait une voiture qui coutait, donc il devrait avoir les moyens.

   Nathan s’assit sur le lit en comprenant qu’il tergiversait pour rien et piqua une petite somme.

   Il se réveilla à la tombée de la nuit, le corps flasque et l’esprit égaré. La pénombre de la salle l’avait surprise, mais autre chose attira son attention. Une odeur de brulé l’alerta. Il passa l’interrupteur et inspecta la chambre. Tout était nickel. Il se précipita pour examiner les autres pièces. Il ne devait rien négliger. Ces derniers jours lui avaient appris que la normalité ne voulait rien dire. Toutefois, à peine qu’il sortît de la chambre, il s’arrêta. La scène qui se déroulait devant lui interpelait la curiosité. Là, dans la petite cuisine, Jannick se brulait les doigts devant une casserole pleine de spaghetti. Nathan se gratta la tête, regarda s’il y avait d’autres personnes dans la maison et avança vers le cordon-bleu en se retenant de rire.

— Bonsoir, lâcha-t-il avec précaution.

— T’as pas intérêt à te foutre de ma gueule !

GØN : quête et guète, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant