Où est Olivia ?
C'est la question que tout le monde se pose depuis qu'elle a disparu.
Angie en est certaine, cette disparition cache bien des secrets. Mais si elle s'efforce de rester en dehors de ça, ce n'est pas le cas de Syke, qui est bien déci...
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Angie
Nos peaux fusionnent, nos regards ne se quittent plus. Je n'ose plus cligner des yeux, de peur que la réalité s'abatte sur mon cœur fragile. J'ai froid, chaud, j'ai la gorge sèche et les lèvres soudées. J'ai attendu ce moment si longtemps qu'il ne me paraît pas réel.
Il ne bouge pas, son attention fixée à la mienne, comme si, lui aussi, tentait de se faire une raison. Je devrais lui hurler dessus pour m'avoir évité, lui reprocher d'être celui qu'il est et de ne pas être capable de m'offrir plus, mais ici, maintenant, dans ces conditions, je ne sais même plus si je peux encore croire à tous ces fondements.
J'ai envie de poser mes lèvres sur les siennes. Besoin de sentir ses bras autour de moi. Mais à la fois, je lui en veux tant d'avoir participé à ce que je devienne cette femme, qui s'autorise à apprécier, qui va au-delà des limites imposées juste pour s'en souvenir, que je ne trouve pas les mots.
Je déglutis avec autant de difficulté que si j'avalais du papier à poncer, tandis que mon cœur ne s'arrête plus de frapper avec hargne ma cage thoracique. J'ai mal d'avoir peur. Qu'il disparaisse, qu'il ne me donne pas les réponses que je souhaite, ou qu'il me prodigue les mauvaises, tout simplement.
Mais surtout, j'ai peur d'avoir mal. Parce que je ne peux plus revenir en arrière, et que Syke tient un bout de moi dont j'ignorais encore tout de l'existence jusqu'à il y a peu.
Lorsque ses doigts quittent ma peau pour frôler ma joue, je ferme les paupières. Je m'autorise à abandonner son image, parce que je me rends compte que lui et moi, c'est plus que ça. Mieux qu'un physique, même si le sien ne me semble pas mal du tout, que des paroles, ou que tout ce que j'ai toujours connu.
Lui et moi, c'est ça.
C'est se vouloir sans se voir, c'est se connaître sans se rencontrer, et c'est se désirer, sans plus pouvoir s'arrêter.
Sa paume glisse sur ma pommette avec la légèreté d'une plume, ce qui nourrit le creux dans mon estomac. Je pose ma main sur la sienne, incline le visage pour que ma joue touche sa peau et s'imprègne de ce contact comme si c'était le dernier.
— Angie...
Je ne sais pas s'il implore, s'il me réprimande, s'il me demande juste d'être attentive, mais l'incapacité à se contrôler que filtre sa voix renforce mes pensées. Je rouvre les yeux et ce qui traverse les siens m'oblige à me ressaisir. Un mélange d'émotions noie son bleu, si clair qu'on peut y lire à travers.
Ce que j'y vois, ce soir, ne me rassure pas. Encore moins lorsqu'il les baisse pour ne pas m'affronter et souffler :
— Tu dois laisser tomber tout ça.
Je fronce les sourcils. Il ajoute :
— Cette enquête. Olivia, ce cliché... et moi.
Notre effleurement est toujours doux et sincère, mais c'est pourtant comme s'il me poignardait en plein cœur. J'ouvre la bouche... aucune parole n'en sort finalement.
