Où est Olivia ?
C'est la question que tout le monde se pose depuis qu'elle a disparu.
Angie en est certaine, cette disparition cache bien des secrets. Mais si elle s'efforce de rester en dehors de ça, ce n'est pas le cas de Syke, qui est bien déci...
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Syke
— Tu entends ce que je te dis ? Syke !
Je me retourne, les épaules basses et le nez rivé vers le sol. Le respect que j'ai envers cette femme défie tous les obstacles, et pourtant, pour la seconde fois depuis plusieurs jours, je ne peux être d'accord avec ce qu'elle avance.
— Je sais ce que je fais, grondé-je.
Malgré cela, je ne relève pas mon visage. Je suis toujours ce gosse, qu'elle a connu au détour d'un couloir, prêt à braver le monde à coup de pelle.
— Écoute, commence-t-elle, et ses mains viennent se poser sur les miennes. Je suis de ton côté, tu le sais. Mais cette fille...
— Je sais, soupiré-je.
— Elle est dangereuse, ose-t-elle, les dents serrées.
— Oui Manu, tu as raison.
J'expire, récupère doucement mes paumes, puis pivote pour quitter sa vue qui m'oppresse. Bien sûr que c'est la vérité. Angie est l'ange noir dont je ne parviens pas à me défaire. Elle est sombre, secrète, et torturée. Mais à la fois, elle est si belle et captivante qu'elle finit toujours par m'attirer à elle à nouveau. J'ai tenté par tous les moyens de me libérer de ses ailes, qui se déployaient autour de mon corps, mais je dois bien avouer qu'en plus d'avoir perdu, je me suis égaré, moi.
Puis-je seulement lui reprocher d'avoir un tel pouvoir, sur ma personne ?
— Elle ne cherche pas uniquement ton attention, Syke. Elle veut tout savoir, tu comprends ? Tout, jusqu'au moindre détail de ta vie. J'ai discuté avec elle, j'ai bien vu comme elle est...
— Déterminée ? soupiré-je.
— Sorcière ! s'écrie-t-elle en ouvrant grands les yeux. Elle est prête à tout, cette gamine !
Je retiens mon sourire, parce que je crois qu'il n'est pas le bienvenu dans cette discussion. Ça m'amuse, certes, mais je dois aussi avouer que ça m'effraie. Angie se rapproche, petit à petit, de ce que je m'entête à lui dissimuler depuis qu'on se connait. Elle a foiré tous mes plans, celui de maintenir mon identité secrète en premier. Putain, oui. J'ai été jusqu'à prendre le risque de regarder mon château de cartes s'effondrer en m'invitant carrément dans sa chambre.
— Je t'ai soutenu dans tes idées, mais ta mère ne voudrait pas que...
— Non, pas de ça, l'imploré-je d'une voix rauque.
— Je sais que tu n'aimes pas en parler, mais c'est la réalité, mon petit. Elle est telle quelle, et tu dois l'accepter.
— C'est pour elle que je suis ici.
— C'est pour elle que tu es venu, me reprend-t-elle. Mais est-ce seulement encore le cas, désormais ?
Dans ma tête, je rugis. Et même si je me tiens dans une position qui ne dévoile rien en lui faisant face, mes yeux, eux, ne trompent pas. Les siens changent d'ailleurs au gré des secondes, et se transforment de résignés à malheureux. Le pire, je crois, c'est d'avoir conscience de cette vérité. Je n'ignore pas que je me mets plus en danger chaque jour qui passe. Que je ne parviens plus à maintenir les limites, et encore moins à le vouloir. Je suis hantée, par l'image de cette jolie blonde, au point d'oublier parfois l'inoubliable. C'est bien pour ça qu'il faut que je me reprenne. Que je retrouve mes priorités et que je m'y accroche à nouveau. Sinon, je suis conscient que le bout du tunnel ne peut s'offrir à moi que sous l'apparence d'un échec, et cela m'est inconcevable.
