Angie
Mes paupières sont lourdes et ma tête on ne peut plus douloureuse. J'ouvre les yeux avec une difficulté que je ne maîtrise pas. Je peine à me redresser, mes membres me résistent, quand je sens quelque chose couler le long de ma joue. Je tente de passer mes doigts dessus, en vain. Mes mains attachées derrière mon dos m'en empêchent.
Ma vision floue s'estompe, au plus les secondes s'égrènent. Le décor se fait plus net, plus réel. Forcée de rester assise sur une chaise, je constate l'endroit où je me trouve. J'ignore si je suis soulagée de ne pas me trouver dans un taudis. Lorsque je me rends compte qu'on ne m'a pas jeté dans une cave, sombre et humide. Au contraire, autour de moi, des meubles, des fleurs, des bibelots. De la couleur. C'est étrange, parce qu'elle ne reflète en aucun cas ce qu'elle devrait à mes yeux. Je la vois, je la discerne, mais je ne la ressens pas. Tout est clair, mais me semble obscur. Tout est beau, mais me paraît inquiétant.
Je ne crie pas. Je ne le peux même pas, tétanisée par ce que j'observe, un peu à la fois.
Un piano, des peintures, des photos. Et puis, un cadre.
Ce cadre.
Le visage qu'il expose me file des frissons. J'attrape froid, si bien que mes dents claquent les unes contre les autres. Resler m'a toujours paru familier. Son épaule a été mon réconfort. Il était mon ami. Et aujourd'hui, plus rien de cela n'a de sens. Je me trouve dans sa maison, et je ne comprends pas. Ni pourquoi, encore moins comment.
— Tu es réveillée.
Je n'arrive pas à me confronter à ça. À cette voix, à cette posture, à cette trahison. Je me mure dans le silence, préfére garder mon énergie pour élaborer un plan. Pour dénicher une issue. Seulement, la lame froide qu'on vient de placer sous ma gorge déconnecte mon cerveau en moins de deux.
— Tu n'as pas à t'en faire. Ce sera bientôt terminé.
Je clos les paupières, tandis que le couteau circule le long de ma mâchoire, maintenant. J'ai peur, je suis effrayé même, et pourtant, ma fierté m'interdit de le lui montrer. Je n'ai rien vu venir. C'est ce qui repasse, encore et encore, dans ma tête et dans chacune de mes pensées. Je serre mes poings liés derrière moi, tente d'évacuer ce volcan d'émotions. Je réfléchis, à Syke. Je m'efforce de ne pas me laisser emporter, de ne pas imaginer le pire. Je prie pour qu'il soit en sécurité, plus que moi à cet instant. Pour qu'il ait réussi, là où j'ai échoué. Ma tête me fait encore mal, mais bien moins que mon cœur, maintenant. Et puis, comme un terrible coup du sort, je me rappelle. Mon sac. Je ne sens plus le couteau sous ma gorge, quand mes yeux cherchent, inlassables, la réponse à mes questions.
Je perçois une main, qui vient récolter le fluide qui coule le long de ma tempe. Je vois des doigts, rouges sang. Je respire l'odeur, du fer, de la forfaiture, de la pourriture. Mais rien ne compte plus que ça. Plus que ce que je ressens lorsque je m'aperçois qu'il est là, au pied d'un meuble, au fond de la pièce. Mon sac à dos me semble entier et mieux que ça. Il est fermé. Je prie désormais pour que les secrets qui se trouvent à l'intérieur soient en sureté.
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SYKE HACKER T1 - MONSTER (terminé)
RomanceTOME 1. Où est Olivia ? C'est la question que tout le monde se pose depuis qu'elle a disparu. Angie en est certaine, cette disparition cache bien des secrets. Mais si elle s'efforce de rester en dehors de ça, ce n'est pas le cas de Syke, qui est b...