57. Le poids des secrets

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Angie


La douleur que je ressens est intense. La sensation des flammes qui lèchent mon visage ne me quitte pas un instant, m'obligeant trop souvent à vaciller et à fermer les yeux. Je me sens partir, vers d'autres horizons, à chaque seconde qui défile. Pourtant, quelque chose m'empêche de céder. Je suis retenue ici par une force invisible qui me dévore et noue mes entrailles, perfore mon cœur, s'engraine dans ma tête.

— Angie, vous m'entendez ? Restez avec moi.

Je ressens qu'on me porte. Je perçois une odeur, neutre, perturbante. Peu familière. Je ne vois rien que des ombres, danser devant mes paupières, qui tentent à nouveau de se refermer.

— Ouvrez les yeux. Allez, Angie. Écoutez ma voix.

Mais c'est trop difficile, d'écouter, alors que tout ce que j'entends, c'est le silence. Celui que m'a imposé Syke lorsqu'il a fait demi-tour. Celui qu'il m'a laissé, en se mettant en danger. J'écarte les lèvres, murmure qu'il est à l'intérieur. Qu'il faut aller l'aider.

— Tout va bien se passer.

Ce quelqu'un, quel qu'il soit, ne m'écoute pas. Il ne me comprend pas. Sa seule priorité, pour le moment, c'est de me sauver. Mon unique exigence, à moi, c'est de préserver mon âme.

— Je vous en prie...

Le souffle qui s'évade de ma bouche s'apparente à un dernier. Je peine à respirer, je suffoque. Je ressens chaque braise, s'infiltrer dans mes alvéoles, alors même qu'on m'éloigne peu à peu de l'incendie. Je souffre, énormément, comme jamais auparavant. Si je connaissais la douleur morale, la physique m'est singulière. Je ne la supporte pas plus, pas moins. Je la découvre. Je sens mes poumons manquer d'air, et je ne parviens pas à comprendre si c'est parce que je suis mal en point, ou juste car on me prive de plus en plus de partager le mien avec Syke.

Il était là. Il ne l'est plus.

Il est parti. Parti, parti, parti.

Les larmes se mêlent à la suie, sur mon visage épuisé. Je suis dévastée par ce qui vient de m'arriver, par la souffrance, par la peur. Je tente, en vain, de hurler ce que je sais, ce que je veux, ce que je ne veux pas. Mais les forces m'abandonnent, et je ne parviens même plus à ouvrir la bouche pour m'armer d'une inspiration, qui me permettrai tout juste de survivre.

Je suis fatiguée, à bout.

Et Syke ne réapparait toujours pas.



Syke


La chaleur me domine désormais. J'essuie la transpiration qui émane de mon corps, tente d'éponger celle qui coule jusque dans mes yeux. Je n'y vois rien, rien du tout. Je ne discerne pas le chemin que je dois prendre, parce qu'il n'y en a plus. Aucun. Ma gorge me brûle, quand j'avale, et même lorsque je ne le fais pas. Les flammes me dévorent, quant à moi, ce sont les cendres, qui me nourrissent. L'incendie ravage tout, il s'éprend du bois, du sol, du plafond. Il s'empare de chaque pièce, de chaque issue. Il m'entoure, m'enveloppe. Et m'éloigne de plus en plus de ma seule préoccupation.

SYKE HACKER T1 - MONSTER (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant