TOME 1.
Où est Olivia ?
C'est la question que tout le monde se pose depuis qu'elle a disparu.
Angie en est certaine, cette disparition cache bien des secrets. Mais si elle s'efforce de rester en dehors de ça, ce n'est pas le cas de Syke, qui est b...
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Angie
Il m'observe, presque sans réaction. Son corps ne montre rien, aucun geste, aucune parole. Mais ses yeux... ses yeux sont si sombres qu'ils m'avouent tout, même s'ils se taisent pourtant. Il me devient de plus en plus difficile de l'affronter sans ciller, c'est pourquoi je prends la décision de le détourner. Je ne le fuis pas, en réalité. C'est moi, que je fuis. Moi, dont j'ai honte. Et je crois qu'il éprouve la même chose, juste là, face à moi.
Je me dirige vers la fenêtre à mon tour, puis l'imite, quelques minutes plus tôt. Je plonge mes yeux clairs vers l'azur du ciel, et je serre les dents, pendant que je m'oblige tout de même à lui donner plus d'informations sur la bombe que je viens de lâcher.
— Il y avait cette fête, chez elle. Je n'avais pas prévu d'y aller, mais Ali a eu un problème, là-bas. Elle est tombée malade et dégobillait ses tripes dans les toilettes. Encore aujourd'hui, elle me jure que ce n'était pas à cause de l'alcool.
Je lâche un ricanement amer, et mon regard, comme aimanté, quitte la fenêtre pour rallier Syke. Son visage me fait l'effet d'un taser sur la nuque. Ou dans le cœur. Pas l'ombre d'un sentiment ne traverse ses iris. Rien, si ce n'est le néant. Le vaste et vide creux qui me torture l'estomac et que reflète le bleu de ses yeux.
Je ravale mon sourire aussi vite, puis renoue à la vue que me propose l'extérieur.
— Je me souviens avoir ri, face à la démesure de cette maison. J'avais grandi dans un taudis où ma mère et mon frère avaient fini par s'ôter la vie. Les murs, chez moi, faisaient contrastes. Ils ne reflétaient que l'abandon et la couleur du sang, tandis que ceux-là étaient d'un blanc immaculé. Je n'éprouvais rien pour Olivia, si ce n'est de la jalousie. J'ai sorti mon appareil photo pour figer ça. Pour me rappeler ce que je ressentais, à ce moment-là. J'imaginais cette famille, entière et parfaite, et je revoyais la mienne, morte. J'entendais les rires provenant du jardin. Et très franchement, je n'étais pas prête à les affronter, ce soir-là. Alors, je suis passé sur le côté.
J'inspire, ferme les paupières et secoue la tête. Puis comme pour braver ma propre vérité, je les rouvre. Je fais face.
— J'appuyais sur le déclencheur, encore et encore. J'avais mal, et c'était, à l'époque, la seule façon que je connaissais pour guérir. Et puis, d'un coup, je les ai eus dans mon viseur.
Je baisse le menton, et, malgré moi, me rappelle.
— Ils étaient à la fenêtre. Olivia et Zacharie Kaplan. Ils...
Je m'arrête, souffle, pour enfin reprendre :
— Elle trompait Duncan. À la voir, comme ça, le visage tordu de plaisir et la joue collée à la vitre, ça m'a mise hors de moi. J'ai appuyé sur le déclencheur, davantage, je ne m'arrêtais plus. Je savais que c'était malsain de les épier de la sorte, mais ça me bouffait. Elle avait le droit d'agir ainsi et d'avoir un foutu palace pour maison. Alors que moi, je n'avais rien demandé. Et je n'avais rien, tout court.
