Où est Olivia ?
C'est la question que tout le monde se pose depuis qu'elle a disparu.
Angie en est certaine, cette disparition cache bien des secrets. Mais si elle s'efforce de rester en dehors de ça, ce n'est pas le cas de Syke, qui est bien déci...
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Syke
Le moteur s'arrête. À l'instar de mon cœur à l'intérieur de ma cage thoracique, la voiture s'immobilise en plein milieu de la rue. Je peine à entendre les ordres du lieutenant, qui, pour une fois, me paraît être un allié de taille. À cet instant, je me fous pas mal qu'il soit mon ennemi. Je me fiche du poids de sa tromperie ou d'à quel point il est malhonnête. Tout ce que je veux, ce que je désire, c'est qu'il rejoigne cette équipe, postée devant la porte d'entrée, et qu'il me rende Angie. Qu'il me la rende, juste pour quelques secondes, juste le temps de faire comprendre à mon cœur, malmené sur le chemin, qu'elle va bien. Juste l'occasion pour moi d'observer une dernière fois ses cheveux blonds et ses yeux d'un gris clair, qui possèdent jusqu'au moindre interstice de mon âme. Je me déteste, d'avoir cette impression constante de dépérir, à chaque fois que je la sais en danger. Et je me hais de ne pas arriver à faire la part des choses, de perdre mes moyens, quand je ne peux pas la sauver. Tout ça, ça ne dépend pas de moi. Mais ça me concerne pourtant à un tel point que je serais capable de sauter de la voiture et de me ruer dans un immeuble en flammes, pour l'épargner.
Angie
L'allumette craque et la flamme, d'abord timide, rugit d'un seul coup. Elle s'attise et grandit, passant de l'orange au rouge, pour venir danser devant mes prunelles humides. Je ne veux pas la quitter des yeux. Je l'observe, m'y raccroche. M'oblige à fuir le regard lacéré de Dolorès Genet. Mais même si mon attention n'est pas rivée sur elle, je ressens, le poids de sa tristesse. L'ampleur de son fardeau. Face à moi, elle a réuni toutes ses affaires. Elle est parée à partir, à s'enfuir, à renoncer à cette maison et à tous ces souvenirs. Ceux qu'elle a eus avec Resler, mais aussi et surtout avec Olivia, et Zach. Parce que dans son regard, je l'ai lu. Il était avec elle, à chaque moment, chaque décision, chaque acte. Elle ne l'a jamais perdu, en réalité. Elle l'a emmené avec elle, partout où elle se dirigeait. Elle l'a porté, dans son cœur, dans ses larmes, mais surtout dans sa folie. Elle l'a maintenu en vie dans son monde, sombre et rempli de colère. Et désormais, je m'en rends compte. Pour lui, elle est prête à commettre l'irréparable.
Syke
Les gyrophares illuminent les façades autour, quand les sirènes, elles, se taisent. C'est ce qu'il y a de plus difficile, je crois, après l'attente interminable qu'on m'impose, prisonnier dans cette voiture. Le silence. J'entends mes propres pensées tourbillonner dans mon crâne, toutes aussi dramatiques les unes que les autres. Mais seule l'une d'elles me brûle, entièrement et sans condition. Je secoue la tête, laisse échapper le reflet d'une Angie à la peau grisâtre, pareil à celui d'Olivia. Je les ai vus, ces photos, dans les fichiers de la police. Je sais à quoi ressemble une personne qu'on aime, lorsqu'il n'y a plus de vie en elle. Ça m'a anéanti de m'en rendre compte, parce qu'Olivia était quelqu'un de bien. C'était mon amie, peut-être même la meilleure d'entre eux.
Mais Angie, elle, elle a mon cœur, mon âme. Elle est mon ange et mon Enfer. Elle est la raison de ma joie, et de mes tempêtes. Et si elle venait à s'en aller, je ne vivrais plus. Je ne survivrai même plus. Je chasse ces convictions en secouant la tête, puis effectue une nouvelle tentative pour ôter ses menottes, qui me maintiennent en place. Sans surprise, elle se solde par un échec.
Je ferme les paupières et je retiens mon souffle au moment où la police donne l'assaut.
Angie
Je ferme les paupières, tente de dénouer mes mains, me concentre pour ne pas faillir. Je n'y arrive pas. Tout ce que je perçois, ce sont ces sons, ces odeurs. Celle de l'essence qui se répand dans la maison. Celui du crépitement du début d'un feu, qui se propage jusqu'à mes oreilles, bourdonnantes. J'ai peur. J'ai froid. J'ai mal. Elle ramasse ses affaires, et je sens qu'elle s'éloigne. Mais je ne la regarde pas. Parce que l'image qui vient de se glisser dans ma conscience me l'interdit formellement. Je refuse qu'elle soit le dernier visage dont je me rappelle. Lui. C'est lui que je vois. Lui que je veux imaginer. Toujours, et tout le temps. Même si ça comprend l'ultime instant où je me trouve en vie.
Syke
La porte s'effondre. Le bois rend les armes.
Angie
La porte s'effondre, le bois rend les armes. J'ouvre les yeux et enfin, je fais face.
Syke
J'ouvre les yeux et enfin, je fais face.
La portière claque.
— Elles n'étaient pas là-bas.
Et c'est fini. Tout est fini.
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