45. Prise au piège

56 12 3
                                    

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


Syke


J'ai passé le seuil de la maison d'Angie avec des tourments plein la tête et le cœur lourd de non-dits. Quand je l'ai quitté, à l'aube, c'était l'esprit libre et le corps anesthésié. C'est ainsi que je pousse ma propre porte, désormais : vide de rancœur et de ressentiments.

Je me suis efforcé de rester à distance tout ce temps par peur qu'il nous arrive quelque chose. Mais, au fond, l'insécurité que je n'ai jamais cessé d'éprouver depuis que je la connais s'est arrêtée hier soir. Alors que mes bras l'enveloppaient et qu'elle me contemplait, tandis que je me décidais enfin à me dévoiler à elle en lui offrant honnêteté et vérité, j'étais bien. J'étais moi. La nuit nous a ensevelis, et je n'ai pas quitté ma place.

Plus de paroles, juste des regards.

Des caresses. Des baisers.

Contre moi, je sentais son cœur battre. Cet organe, qui semble avoir été aussi malmené que le mien par la vie, et qui nécessitait à cet instant plus que jamais d'être apaisé.

Maintenant, je me remémore ses yeux, la douceur de ses cheveux, la chaleur de sa peau. Et je m'efforce d'enterrer ce que j'éprouve, par unique respect.

Celui d'Olivia, de l'existence qui lui a été arrachée et de ce que je n'ai plus le choix d'endurer.

— Manu, c'est moi. Je suis rentré.

Lorsque je passe le séjour, une vision repoussante vient illico me hanter. Cette femme, qui baigne dans ses larmes et dans sa terreur, les pupilles dilatées.

— Il est venu ici, Syke.

Sur les genoux, elle ne cesse de répéter :

— Il est venu, ici. Il est venu ici.

Comme une ode à la mort, parce qu'elle a compris.

Et que, par obligation, moi aussi.



***



Angie


Entre mes doigts, je ne cesse de faire tourner cette petite rose en papier. Ce matin, alors que j'ouvrais les yeux, il ne restait plus rien d'autre que ça. Cet origami est l'unique souvenir qu'il a daigné me laisser avec de s'en aller.

De disparaître.

Seulement, la déception ne suffit pas à couvrir le reste. Avant cette nuit, je n'arrivais pas à me détacher de ces images, qui défilaient dans mon esprit et qui me forçaient sans arrêt à imaginer ce qu'il se refusait à m'offrir. Maintenant qu'il l'a fait, je sais que je ne pourrais plus jamais m'en défaire. Le souvenir de son visage est gravé en moi, quand bien même mon cerveau a du mal à assimiler.

SYKE HACKER T1 - MONSTER (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant