48. Le vide

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Angie


Le vide.

C'est ce qui est le plus dur à supporter.

Avant même la douleur qui a pris possession de mon être pour le relâcher ensuite un jour après l'autre, c'est ça qui m'angoisse le plus. C'est de me sentir entière et en vie, en même temps qu'inanimée et creuse.

Mon cœur bat, c'est vrai. En dépit de cette voiture, qui m'a percutée avant de prendre la fuite, il fonctionne encore. Mais je me sens pourtant morte. Quand je repense à Syke, dans ma vision flou et trouble, qui se jette sur cette route et sur moi. Lorsque je revois ses yeux, anéantis, tristes, sans plus d'autre possibilité que la pire.

Quand je le regarde s'éloigner après le lui avoir ordonné.

« Va-t'en ». C'est tout ce que j'ai pu prononcer. Je ne sentais plus rien, dans mon corps. Mais j'éprouvais tout, dans mon âme. La trahison, le mensonge, et puis cette vérité, à laquelle j'aurais préféré éviter de me confronter. Allongée sur le bitume, je ne me sentais pas partir vers des horizons plus clairs, au contraire. Je m'enfonçais dans mes tourments, remettant en cause tout ce à quoi je croyais. Il m'a hanté, du début à la fin. Et il le fait encore, maintenant, tandis que je traine mon sac derrière moi, sans plus de forces. J'ai eu le droit de quitter l'hôpital, aujourd'hui. En réalité, j'aurais déjà pu le faire hier. Mais je m'y suis refusé. J'avais peur, pour être franche. De me retrouver seule, de ruminer.

J'enfonce les clés dans la porte. Je sais que les Peterson vont arriver. Ils ne sont pas encore au courant de mon retour, mais je n'ai aucun doute sur le fait que ça ne va pas tarder. J'ai tout fait pour reculer ce moment, celui où ils rentreront et me verront, où ils se comporteront en parents aimants, pensant qu'ils m'aideront et que c'est la bonne chose à faire. Je voulais juste fuir cet instant où, même accompagnée, le vide reprendrait sa place.

Mais alors que je pénètre dans ma chambre, c'est une autre sorte de néant qui s'empare de moi.

Un trou béant, qui m'engloutit et m'arrache la poitrine.

Syke est ici.

Debout, son corps est tourné vers la fenêtre et ne pivote même pas pour me confronter. Je me déleste de mon bagage, puis reste plantée là. Je hais ce que le mien me fait éprouver, là, tout de suite. Il n'a qu'une envie, celle de le rejoindre, allant jusqu'à lutter contre ma tête, qui lui hurle de ne pas le faire.

Mais alors que je patiente, que j'attends après n'importe quoi, un mot, un geste, un regard, du moment que cela vient de lui, il ne fait rien. Il ne bouge pas. Ne me parle pas. Il ne me voit même pas.

Alors, comme je souhaite mettre un terme radical à tout ça, je lâche :

— Je suis fatiguée.

Il ne quitte pas la rue des yeux, mais j'observe pourtant les muscles de ses bras se contracter sous son simple T-shirt noir. Il ne répond pas, donc j'insiste.

SYKE HACKER T1 - MONSTER (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant