7. Hacker

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Angie


Je pousse un cri quand je fuis en direction de la terrasse, puis pénètre dans la maison en refermant derrière moi. La silhouette est toujours là, je la vois. Sombre et vêtue de noir, je ne discerne rien d'autre.

Ma respiration se dégrade tandis que je cherche quoi faire et qui appeler. J'essaye de courir vers l'étage, mais mes pieds mouillés glissent sur le sol et je manque de me fracasser en tombant.

« Éteins les lumières, cache-toi et ne fais aucun bruit. »

Même si je suspecte une fracture de la hanche, je trouve la force nécessaire pour me relever. Pour une fois, je ne veux pas me poser de question. J'abdique à ce que m'ordonne Syke et appuie sur chaque interrupteur sur mon passage. La maison, désormais plongée dans le noir, ne me rassure pas. Bien au contraire, elle devient la cause de ma peur la plus abrupte et la plus profonde.

En boitant, je rejoins l'étage, puis la chambre de mes parents. Je me faufile dans l'armoire, remets quelques vêtements devant moi comme si ça pouvait réellement me cacher, puis patiente. J'ignore après quoi, pour être honnête. La petite fille enfouie en moi et qui n'a pas eu une enfance facile me hurle que je vais mourir, parce qu'un psychopathe m'a pris pour cible. Mais la femme que je deviens peu à peu, elle, aurait plutôt envie de sortir pour affronter ses fantômes.

Je ne me suis jamais cachée. Ni avant ni maintenant.

Mais le nouveau SMS de Syke m'oblige pourtant à rester dissimulée.

« Il ou elle se rapproche. »

Comment est-ce qu'il peut savoir ça ? Je resserre l'emprise de ma main autour de mon téléphone. En effet, lorsque je tends l'oreille, je discerne des pas dans les escaliers. Toute la force et la détermination dont je crois faire preuve s'envolent comme un nuage de fumée qui se dissipe. Mon cœur tachycarde, mes membres tremblent. J'ai la respiration grinçante à force d'essayer de la contenir. Je ferme les yeux, quand j'entends la porte de la pièce où je me cache, s'ouvrir.

Un pas.

Deux.

Je me mords la lèvre si fort que le goût du sang joint ma bouche. Je sens déjà cette vie qui m'échappe, je perçois mon organe principal diminuer ses battements à cause de la tétanie.

Et puis, le téléphone sonne.

La sonnette de la maison retentie.

Les alarmes se déclenchent.

Et l'inconnu stoppe tout mouvement, soudain. Après une seconde, il fait-demi-tour, d'une démarche bien plus rapide.

En dépit du fait que je l'entends s'éloigner, je suis incapable de sortir de ma cachette. Je me sens prise au piège, dans les tréfonds de mes appréhensions, sans plus aucun courage à ma portée pour tenter de me relever. J'ai toujours les paupières closes et le cœur en vrac, mais mes mains ont enfin cessé de trembler. Je m'en aperçois lorsque Syke me recontacte.

« C'est fini, Angie. Tu peux sortir, tout va bien. »

Oh, tu as tort, monsieur l'anonyme.

Rien n'est fini, mais surtout... rien ne va.


***


« Merci. »

Barricadée dans ma chambre, c'est tout ce que je suis capable d'écrire. Mon corps douloureux arbore les séquelles de ma fuite. Ma hanche n'est pas cassée, mais un bel hématome décore désormais ma peau.

Côté psychologique, là, c'est bien différent. On passe du bleu au noir. Un noir si obscur que c'est ma vie entière que je remets en question. Je ne suis pas responsable de ce qui m'arrive. C'est mot pour mot ce que je ne cesse de me répéter. Je n'ose plus bouger de mon lit. J'ai fermé toutes les portes à double tour, celle-ci comprise. Et maintenant, je me fonds dans une valse endiablée entre reproches et culpabilité.

« Est-ce que ça va ? »

« Non, pas tellement. »

Je pince les lèvres. C'est vrai, cette situation est dramatique, mais elle est davantage bizarre.

« Est-ce que tu as pu voir son visage ? »

« Non. »

Et puis, le cœur battant, je tape un autre message.

« Comment as-tu su qu'il y avait quelqu'un ? Est-ce que... tu me surveilles ? »

Il n'y a pas dix mille possibilités quant à la réponse qu'il va me fournir. Néanmoins, je connais déjà celle que je préfèrerai.

« Oui. »

Ma gorge se noue.

« Pour quelle raison ? »

« Parce que je pense que celui qui s'en prend à toi s'en est aussi pris à Olivia. »

« Est-ce que tu te trouvais... devant chez moi ? »

« Non... »

« Je ne suis pas sûre de comprendre. »

J'expire un bon coup. L'anxiété me ronge à nouveau.

« Les caméras de surveillance. C'est en passant par elles, que j'ai pu garder un œil sur toi. »

Je me redresse, la main sur le cœur. La tétanie que j'ai ressentie plus tôt n'est rien, face à celle qui coule désormais dans mes veines. J'ignore absolument tout de cette personne. Mais elle est capable de pirater mes propres vidéosurveillances pour m'espionner.

Depuis quand ? Et comment ?

À quoi d'autre ce dénommé Syke peut-il bien avoir accès ?

J'éteins mon téléphone sans répondre et cours débrancher les caméras. Je tire sur chaque fil, éteins chaque interrupteur. Je baisse ma webcam et enferme mon portable dans un tiroir.

En fait, je deviens paranoïaque.

C'est ça, le mot. Je n'arrive pas à accepter qu'on puisse pénétrer dans l'intimité des gens sans y avoir été invité.

Sans réfléchir, je fourre mes affaires dans un sac et entreprends de retourner dans ma chambre universitaire. Je ne perds pas de temps, je cours même. Et je rejoins enfin Ali, non sans épier derrière moi toutes les trente secondes.

­— Ouh, là ! Tout va bien ?

Alison me lance un regard suspicieux. Je hoche la tête, sans m'attarder aux explications. Ce dont je suis sûre, c'est que je serai plus en sécurité ici que nulle part ailleurs, au final.

Parce que dans cette pièce, il n'y a personne qui veuille me tuer. Il n'y a pas de silhouette sombre ni de pas inquiétants et aucun arbre aux feuilles suspectes. Il n'y a pas de lumière à éteindre ou d'armoire à rejoindre, et encore moins de messages bizarres.

Mais surtout parce qu'ici, il n'y a pas de foutues caméras de surveillance, non plus.



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SYKE HACKER T1 - MONSTER (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant