Un beau village, calme et paisible, dans lequel raisonnent le chant des oiseaux et les rires joyeux des habitants. Le soleil brille, le ciel est bleu, un scénario idyllique... Très vite remplacé par une scène infernale. Des flammes gigantesques, hautes comme des maisons, des cendres et des étincelles virevoltant dans l'air, une odeur âcre et asphyxiante qui vous prend à la gorge et vous empêche de respirer, sans oublier cette fumée noire et toxique si dense qu'elle ressemble à un immense voile ténébreux qui s'abat sur le village.
Les habitants qui riaient joyeusement quelques secondes plus tôt se mettent à hurler de terreur et à courir dans tous les sens.
Soudain, un cri strident s'éleve au loin.
Opale se met les mains sur les oreilles tellement il est atroce. Elle ne connait que trop bien ce décor...
Puis la voix qui a crié se met à chuchoter. Opale n'arrive pas à entendre ce que disent les chuchotements tant les cris et les pleurs qui l'entourent sont affreux.Elle se réveille soudain en sursaut. Des sueurs froides perlent sur son front. Toutes les nuits, c'est le même scénario. Elle fait sans cesse le même rêve. Sans savoir pourquoi, elle voit des flammes ardentes qui s'élevent d'un village en ruines alors qu'il était parfaitement intacte quelques secondes plus tôt. Mais ce qui rend la scène encore plus terrifiante sont les sensations de brûlure qu'elle ressent dès qu'elle se réveille du cauchemar. Elle sent sa peau brûler et son souffle coupé court. Parfois même elle tousse fortement. Comme si elle avait vécu ce drame pour de vrai ! Mais non, ça ne peut pas être possible, ce n'est qu'un mauvais rêve. Après tout, les rêves sont bien connus pour avoir cette fâcheuse manie de donner l'impression qu'ils sont réels. Donc rien d'alarmant en soit, n'est-ce pas ? Si ce n'est l'impression de déjà vu que lui procure chaque nuit ce cauchemar mais qu'elle ignorait toujours malgré elle.
Opale prend quelques secondes pour reprendre son souffle et calmer sa respiration.
- Encore ce cauchemar... Se dit-elle.
- Grande sœur, tout va bien ?
Elle tourne la tête vers le côté de son lit où se tient sa petite sœur âgée de 11 ans, Saphirre. Elle a une expression inquiète et effrayée sur le visage.
Petite fille noire au teint clair, ses cheveux marron foncé et bouclés sont attachés en deux chignons de part et d'autre de sa tête et sa longue robe de nuit bleue ciel caresse ses chevilles
- O-Oui, tout va très bien, ma puce.
Dit-elle en essuyant les sueurs froides sur son visage.
Viens par-là !
Opale prend alors sa petite sœur dans ses bras et lui embrasse le front avant de relâcher son étreinte.
- Ça va mieux, maintenant ?
Saphirre hoche la tête doucement.
- Tu faisais un cauchemar. Encore...
- Oui, pardon, Saphirre...Je sais à quel point ce doit être terrifiant pour toi de me voir comme ça. Je ferai ce que je peux pour ne plus t'effrayer, d'accord ?
- Mais comment tu vas faire ? Tu ne peux même pas contrôler tes cauchemars...
- Je trouverais un moyen. C'est ce que je fais toujours, pas vrai ? Tu ne me fais plus confiance, petite sœur ?
- ... Peut-être... Peut-être que cette fois tu devrais tout raconter à papa et maman.
- Quoi ! NON !
Opale agrippe soudainement les épaules de sa sœur.
- Papa et maman ne doivent jamais, JAMAIS être au courant pour les cauchemars ! Promets-le moi, Saphirre.
- Mais je pense que-
- PROMETS-LE MOI !
- D'accord, d'accord ! Je te le promets ! Lâche mes épaules s'il-te-plaît, ça fait mal!
Opale réalise alors qu'elle était en train de presser les épaules de Saphirre beaucoup trop fort et lâche prise.
Un court silence s'installe.
- Je-.... J'ai besoin d'un verre d'eau...Tu devrais retourner te coucher avant que papa ne te voit encore debout.
Elle se relève alors pour s'asseoir sur son lit à baldaquin. Sa tête tourne et un violent mal de crâne la frappe l'espace d'une seconde. Elle se tient la tête en faisant une grimace de douleur puis décide d'aller dans les cuisines pour soulager sa gorge sèche. Elle met son peignoir par dessus sa petite robe de chambre blanche puis enfile ses pantoufles pour ne pas sentir le sol froid sous ses pieds. Il fait toujours trop froid dans ce château, même au printemps.Opale sort alors de la chambre qu'elle partage avec sa sœur. Les gardes postés devant la porte l'interrogent :
- Tout va bien, votre Altesse ? Vous avez besoin de quelque chose ?
- Oui ne vous inquiétez pas, j'ai juste besoin d'un verre d'eau.
- Encore une nuit difficile, princesse ? Elle se contente d'afficher un sourire gêné puis s'en va.
Ses cauchemars sont si fréquents que les gardes sont habitués à la voir se lever en pleine nuit depuis le temps.
Elle traverse les longs couloirs du château et descend les escaliers pour se retrouver dans les cuisines.
Elle ouvre le robinet, remplit son verre et le boit d'une traite. Sa gorge est étrangement sèche mais le sentiment de brûlure s'est à présent apaisé.
Soudain, elle entend des pas puis une voix s'élever derrière elle.
- Je vois que tu ne dors toujours pas, Princesse Opale.
C'est Reynolds Arantti, son père et roi du royaume d'Estir, le plus grand de tous les 6 royaumes principaux.
Elle se retourne, inquiète de sa réaction.
- B-Bonsoir, votre Majesté. J'imagine que je vous ai réveillé...
- En effet, et tu n'es pas sans savoir que je DÉTESTE être dérangé pendant mon sommeil !
- J'en suis navrée, votre Majesté. J'essaierai d'être plus discrète à l'avenir. Dit-elle en baissant les yeux.
- Le problème ici ce n'est pas la discrétion. Tu devrais être au lit en ce moment, princesse Opale ! Que fais-tu debout à 3h du matin ? Ne me dit pas que tu as encore des soucis pour trouver le sommeil !
- Hum- Je- - N'en dis pas plus. Les cernes gigantesques sous tes yeux sont une réponse bien assez suffisante. Pourquoi cela t'arrive-t-il ? Es-tu malade?
- J-Je-
Elle ne pouvait pas lui dire la vérité.
Je n'en sais rien, votre Majesté...
- Que veux-tu dire par-là ? N'es-tu pas censée connaître ton état de santé à ton âge ?
- Je le sais, votre Majesté. Veuillez pardonner mon ignorance...
- Enfin, nous en reparlerons plus tard. Retourne vite te coucher. Nous irons rencontrer le prince Adam du royaume d'Orylia dans la journée. Tu ne peux tout de même pas te permettre de te présenter à lui avec une mine aussi affreuse !
- Bien entendu, votre Majesté.
Dit-elle en faisant la révérence.
Le roi se retourne alors pour aller dans sa chambre.
- Heu, votre Majesté !
- Qu'y a t'il ?
- Je crois qu'il vaudrait mieux que je ne dorme plus avec Saphirre à partir de maintenant...
- Tes soucis de sommeil l'ont encore réveillée, c'est cela?
- ...
- Très bien, ta nouvelle chambre sera prête dès cette nuit.
Il s'en va. Et une fois qu'elle est bien sûre d'être seule, Opale se relève et soupire.
La journée du lendemain s'annonçait rude pour la jeune princesse de 17 ans.
Elle retourne d'un pas lent jusqu'à sa chambre qui n'a jamais été un réconfort pour elle. À ses yeux, ce n'est qu'une grande cage dorée aménagée par le roi. Opale réussit à se rendormir, même si les images du village en flamme ne quittent jamais son esprit.
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Le prix de la différence
FantasyDans un monde où la différence peut vous coûter la vie, la jeune princesse Opale cache un lourd secret. Tourmentée toutes les nuits par un étrange cauchemar dont elle ignore la signification, une rencontre inattendue dans la forêt va changer son des...