Bunny – Treize ans – Lieu inconnu.
J'ai mal.
J'ai faim.
J'ai soif.
L'odeur autour de moi me donne la nausée, comme d'habitude. Un mélange de sang séché, d'excréments, de saleté, de pourriture. D'un brin d'autre chose aussi dégueux. Mon dos me brûle là où les lanières du fouet ont mordu ma chair. Mon derrière me lance et me fait souffrir bien plus encore. Rester debout est douloureux, s'asseoir n'est pas une option, et dormir encore moins. La seule chose que je puisse faire dans mon petit univers, qui se résume à une pièce de trois mètres par trois comprenant une couverture faisant office de lit, un seau comme WC et un autre pour boire, c'est de faire couler un peu d'eau sur mes épaules pour soulager la brûlure. Et j'ai faim. Je ne sais même pas à quand remonte mon dernier repas. Plusieurs jours sûrement. Ma chambre étant éclairée non-stop par une ampoule nue visée dans le plafond, trop haute pour que je l'attrape, même en sautant. Pas de fenêtre, juste une porte en bois lourd. Verrouillée tout le temps même quand le Maître est avec moi pour « jouer ». Aucune possibilité de partir. J'ai essayé au début. Je n'ai récolté que des coups de fouet. Le Maître aime beaucoup son putain de fouet. Et m'enculer. Et m'étrangler quand il fait l'une ou l'autre de ses deux activités préférées. J'ai des bleus à la gorge pour en témoigner. Je ne sais même plus depuis combine de temps je suis ici. Sûrement longtemps. J'ai grandis, un peu. Et j'ai maigris, beaucoup. J'ai les côtes apparentes, des bras et des jambes toutes fines. Sales. Au début, j'essayais de me laver avec l'eau du seau. J'ai rapidement arrêté quand je me suis retrouver sans flotte pendant un looong moment. La soif est un truc dangereux. Mélangé à la faim, il a de quoi rendre marteau. Ou faire supplier pour un bout de pas grand chose. Il aime me voir ramper à ses pieds pour de la nourriture, Le supplier comme s'il était un putain de dieu. Il aime le pouvoir qu'il exerce sur moi. Mais, petit à petit, il le perd. Au même rythme auquel je perd l'envie de continuer à me battre. J'ai soif, mais je ne bois pas. Je me sers de l'eau pour mes plaies. J'ai faim, mais je ne mange plus, je ne supplie plus. Ou de moins en moins. Je laisse la bouffe pourrir dans un coin. Ça l'énerve. Ça l'enrage. Il devient plus violent, plus cruel. J'en viens à espérer qu'il finisse par me porter un coup plus fort que les autres et qu'il me tue.
Comme ça, fini la faim, la soif, la douleur.
Mais ce n'est pas encore le cas. Je suis toujours là. Je m'allonge sur le flan, essayant de ne pas trop bouger mes membres. Mon dos tire et saigne faiblement, quoi que je fasse. Je ferme les yeux et essaye de trouver le sommeil. Je suis épuisé. J'aimerais dormir et ne jamais me réveiller. J'aimerais dormir et de jamais cauchemarder. Faire de beaux rêves où je verrais mon adorable petite sœur rire et sourire. Au lieu de l'imaginer dans un endroit comme celui dans lequel je me trouve. Morphée fini par m'attirer dans ses filets. Et j'en suis tirée quand j'entends le bruit de la serrure. Ce clic caractéristique qui annonce le début de mon calvaire. Je n'ai pourtant pas dormis tant que ça je pense. Et il est déjà de retour ? Un soupçon de peur, émotion que je pensais oubliée, fuse dans ma poitrine. Ce n'est pas le Maître de l'autre côté de la porte. Il serait déjà entrée dans la pièce sinon. Il déverrouille, entre et reverrouille rapidement derrière lui de sorte que je ne puisse pas tenter de m'échapper. Pourtant, là, la serrure a tournée mais la porte reste close. Quelque chose cloche. Le cœur battant, je me colle contre le mur opposé en tremblant. Puis, lentement la poignée bouge et la porte s'ouvre. Tout doucement, comme on approcherait d'un animal craintif. Les gonds tournent et le bois livre le passage à deux hommes. Grands, habillé de cuir noir, flippants à souhait. Ils s'arrêtent quand ils me voient. Ils me détaillent sans un mot. Puis, l'un des deux s'avance d'un pas.
– Tu es en sécurité maintenant. Dit-il d'un voix grave.
Je sursaute et me ratatine sur moi-même avec une grimace de douleur. Je secoue faiblement la tête.
– Je sais, on n'a pas le look qui va bien, mais je t'assure que plus personne ne te fera de mal. Dit-il.
– Le ... Maître ? Croassé-je.
– Mort. Lâche l'autre homme d'un ton plat.
Mon second sursaut s'accompagne d'une pointe de ... d'espoir ? J'ai envie de le croire.
– Mort ? Répété-je.
– Définitivement. Me confirme le plus proche de moi. Si tu veux bien, on va t'emmener ailleurs, en sécurité, et tu verras un médecin.
– Pour ... de vrai ?
– Ouai gamin, pour de vrai. On a récupéré un autre gosse y'a pas longtemps, comme toi. Il a vécut des choses similaires. Et doit avoir ton âge. J'suis sûr que vous allez être potes.
Je le fixe. Il me tend sa main. Elle a l'air grande, puissante, dangereuse. Je déglutis. Puis, je pose la mienne dessus. Ses doigts se referment doucement autour des miens et il m'aide à me relever. L'homme enroule ses bras autour de moi pour me soutenir. Il dégage tant de chaleur que j'en ai la chair de poule. Je me repose sur lui. Fatigué, épuisé mentalement, je laisse les ténèbres prendre le contrôle. Je ferme les yeux, priant pour que ce ne soit pas un cruel rêve.
*** *** ***
On entre dans l'ambiance. ^^
Joyeux nouvel an et à l'année prochaine !!!!!!
Des bisous.
VOUS LISEZ
Evil Eater - T2 - Bunny - À l'aube de nos vies.
RomanceBunny- La famille. Une notion étrange. Longtemps, j'ai cru qu'elle englobait mes parents et ma sœur. Les personnes avec qui je partageais un lien de sang. Puis ce jour est arrivé et ma famille m'a été arrachée. Ou, plutôt, j'ai été enlevé à ma fami...