Stone –
Evil. Non, s'il vous plaît. Tout mais pas ça. Peu importe qui. Tout mais pas ça. Par les dieux. Je vous en conjure. Evil ... non. Non. NON. NON !!! Mon corps me fait un mal de chien. Mes oreilles sifflent. Mon crâne menace de me couler entre les tympans. Mais rien de tout ça compte. Non. Rien de compte. Sauf lui. Juste lui. La poussière flotte dans l'air, l'épaississant et rendant chaque respiration plus difficile que la précédente. Mais ça non plus, ça ne compte pas. Je force sur mes jambes pour essayer de me mettre debout. Du coin de l'œil, je vois Death, un bras autour du nez, marcher vers ce qui a été un bâtiment quelques minutes plus tôt. Il traîne de la jambe gauche mais avance comme s'il ne sentait rien. Mais il fini par s'arrêter. On ne voit rien du tout. Et la poussière est trop lourde. Trop dense.
– Evil ... Soufflé-je d'une voix brisée.
Autour de moi, les autres se relèvent peu à peu. Même Bunny, qui doit s'appuyer sur Mute pour tenir debout. Death hésite, balaye l'air devant son visage puis fait de nouveau quelques pas. Les mâchoires et le cœur serrés, je boite vers lui. J'enroule un bras autour de mes côtes en grinçant de douleur à chaque respiration. Putain, je crois bien que j'ai des côtes cassées. Mais qu'importe. Je plisse les yeux pour tenter de voir quoi que ce soit et, surtout, me remémorer la configuration des lieux. Où était Evil au moment de l'explosion ? Un peu devant moi, en décalé, sur la gauche, je crois. L'explosion m'a soufflé dehors parce que j'étais près de la porte, dans son axe. Mais pas Evil. Il a probablement percuté le mur. Qui s'est effondré sous le choc de la déflagration et du poids du reste qui tombait aussi. Je m'avance encore, jusqu'à buter sur un morceau de béton. Je chute en avant mais un bras m'agrippe et me maintient debout. Je croise le regard froid et vide de Death. Il a l'air totalement mort. Au loin, j'entends des sirènes. Bien sûr, l'explosion a dût être entendu et les pompiers, et sûrement la police aussi, rapplique. Pas le temps de penser à ça.
– Evil ? Appelé-je sans pouvoir forcer ma voix à porter.
J'ai si mal à la gorge. Je tousse et crache du sang. Pas bon signe non plus ça. Pour peu que la côte qui me lacère le flan se soit fichée de mon poumon ... Il n'y a qu'un pas. Je secoue faiblement la tête dans l'espoir d'en chasser les ténèbres et fouille la poussière et les débris du regard. Death sort son tel et compose un numéro. Je ne pige pas du tout avant d'entendre une faible sonnerie provenir de plus loin sur notre gauche. La sonnerie d'Evil. Son tel a survécu ? Une larme coule sur ma joue et étale la saleté qui s'y trouve. Je suis Death, tremblant sur mes jambes, le cerveau en bouillit. Je suis la sonnerie comme un marin les sirènes. Je tousse. Je souffle. Je souffre. Death farfouille la poussière, alors que plusieurs frères parmi les moins touchés nous rejoignent. Le Sergent d'Armes réussit à extirper le téléphone d'Evil des décombres. L'écran est fissuré mais il fonctionne encore. Evil ne peut pas être loin alors on se met à déplacer, tenter serait plus juste, les blocs de béton. Les pompiers arrivent alors, toutes sirènes hurlantes et sortent de leurs camions en nous criant de dégager la zone. Ils peuvent toujours se gratter ! La police ne tarde pas à se joindre à la fête. Merveilleux. Eux, dès qu'ils comprennent qui nous sommes, sortent leur arme et nous menacent avec. Tirez moi dessus si vous voulez, je ne quitterais pas les lieux sans lui. Non, certainement pas. Bouger mon corps me fait un mal atroce mais je ne reste pas sans rien faire.
– Ici ! Hurle brusquement Comet en agitant les bras, à deux mètres même pas de moi.
On se « précipite » vers lui. Et il est là. Caché par la poussière qui retombe, des morceaux divers et varié de gravats. Il est là. À moitié écrasé moitié enseveli par un pilier en acier, tordu et couché. Pilier qui semble l'avoir sauvé d'un énorme tronçon de mur écroulé. Je trébuche et tombe à côté de lui, m'ouvrant les genoux sur le sol. Je m'en fou. D'une main qui tremble beaucoup trop, je cherche son pouls. Mes doigts tâtonnent sur sa gorge à la recherche d'un battement. Que je ne trouve pas. Parce que mon propre cœur bat trop fort à mes oreilles et dans mes veines. Mercy glisse à côté de moi et me repousse doucement. Il effectue les mêmes gestes que moi et ferme les yeux pour se concentrer. Il soupire, un bruit doux qui est remplit d'un soulagement qui m'arrache un gémissement.
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Evil Eater - T2 - Bunny - À l'aube de nos vies.
RomanceBunny- La famille. Une notion étrange. Longtemps, j'ai cru qu'elle englobait mes parents et ma sœur. Les personnes avec qui je partageais un lien de sang. Puis ce jour est arrivé et ma famille m'a été arrachée. Ou, plutôt, j'ai été enlevé à ma fami...