Chapitre 13

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Death -


Je fixe les derniers SMS envoyés par Milie et Bunny. Visiblement, la rencontre entre mon frère et sa sœur ne s'est pas aussi mal passé que tout le monde le craignait. D'un côté, cela me rassure. Bunny va retrouver sa petite sœur, ça l'aidera peut-être dans son combat. C'est bien. De notre côté, par contre, rien ne va. La découverte de Forest ne donnera rien avant quelques jours, le temps des analyses, en espérant trouver de l'ADN et que celui ci soit dans les bases de données. Sinon, on l'aura dans le cul, clairement. Pour les geeks, c'est pas mieux. Ils ont techniquement trouvé un truc, mais ils se battent actuellement avec un bouclage vidéo digne de la NASA dont ils peinent à décrypter le montage. Ça risque de leur prendre des heures, voir eux aussi, des jours. Donc, concrètement, on n'a rien. Absolument que dalle. Ça me rend dingue. Alors, dans un moment mort, je prend ma bécane et je roule, vite, indifférent aux gyrophares dans mon rétro. Je sème les flics dans un bouchon, vive les motos qui passent partout et je me rend là où je sais que je vais pouvoir laisser mes émotions prendre le pas. Là où j'ai récupéré Bunny un certain nombres de fois. Je me gare à l'écart et rendre dans l'usine qui cache une cage de combat. Je m'inscris auprès du bookmaker et attends mon tour. Assez rapidement, mon nom est crié dans les enceintes et la foule, déjà nombreuse et assoiffée de sang, hurle. Je me glisse dans la cage comme si j'y régnais déjà. En face de moi entre un homme qui doit avoir un tank dans sa famille. Deux mètres de muscles et de cicatrices qui prouvent qu'il a déjà bien vécut. Un torse nu qui hurle sa puissance. Des tatouages sanglant, noirs. Une ligne de barres comme j'en ai déjà vu chez certains types. Un compte des morts que le gars a causé. Dix sept barres noires comme une nuit sans lune. Je souris. Ce type est un petit joueur. Pour l'imiter, je retire mon cuir et le T-shirt noir que je porte en dessous. Ma peau pâle est elle aussi couverte d'encre. Le logo du Club en gros dans mon dos, un loup hurlant à la lune sur la poitrine, des phrases en cyrillique un peu partout. Le nom d'Émilie sur mon cœur, là où est sa place.Celui de mes frères enroulé autour de mon bras droit. Et le nouveau, encore frais, sur mon épaule gauche. Un phénix, pour Bunny. Pour moi.

Le type en face de moi sourit de toutes ses dents et fait craquer ses articulations. J'étire mon corps dans plusieurs directions pour échauffer mes muscles et me préparer pour la suite. La foule est bruyante. Elle me rappelle cette fois là, où pour sauver Stone, j'avais dû participer à des combats à mort. Aujourd'hui, je ne tuerais personne, mais fracasser mon adversaire va me faire du bien. Evil et Bunny seront content, ce n'est pas un arbre, même s'il est battit comme un putain de chêne pluricentenaire. Ça promet. Le bookmaker annonce les côtes, harangue la foule, déchaîne les passions. Une musique de Korn passe dans les enceintes alors que le début du combat est lancé. Mon adversaire fonce vers moi, décidé à m'en coller une bonne dans la tronche, son sourire suffisant me permettant de comprendre qu'il ignore qui il a en face de lui. Mon propre rictus s'agrandit, le déstabilisant un peu. Je bondis en avant, glisse sous ses bras et plante mon poing dans son torse trop dure, directement dans le plexus. Sa respiration coupée, l'homme recule de quelques pas. Je ne lui laisse pas le temps de se remettre. Je place mes coups, lui tente de les esquiver ou de les bloquer tout en cherchant à refaire fonctionner ses poumons. Puis il enchaîne à son tour. Nos coups portent violemment. Mon arcade droite explose brutalement et ma tête part sur le côté quand son poing s'écrase sur mon visage. Je titube, le regard voilé. Putain, il cogne fort le fils de pute. Je glisse le dos de ma main sur mes lèvres après avoir craché un peu de sang. Je retourne sur lui, mon pied percute sa rotule et l'envoie poser un genou au sol. Il grogne et se relève avant que je ne lui éclate définitivement son articulation. Ma botte frôle son pied quand il se jette en arrière. Dommage. Je lui colle un cou au menton et percute ses côtes avec ma jambe. Qu'il attrape et dont il se sert pour me jeter dans le grillage de la cage. Je grogne quand mon dos touche le métal et je me réceptionne tant bien que mal. Je me redresse et l'homme se jette sur moi au même moment. Ses doigts s'enroulent autour de ma gorge et me privent d'air. Je plonge mon regard dans le sien. Il trésaille. Parce que je n'ai pas peur, je ne me débats pas. Non, loin de là. Je souris. Comme le fils de pute cinglé que je suis. Et mon adversaire s'en retrouve totalement déstabilisé. Il resserre ses doigts. Je vois des points noirs dans ma vision mais je prend mon pied comme jamais. Ce combat m'excite.

Evil Eater - T2 - Bunny - À l'aube de nos vies.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant