Chapitre 4

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Death -


Mon meilleur ami est malade. Malade putain ! Mourant même. À cause d'une putain de tumeur de merde ! Et je ne le savais pas ! JE NE LE SAVAIS PAS ! Je n'ai pas vu sa détresse avant aujourd'hui. Je n'ai pas compris ses signaux d'alertes. Je n'ai pas vu qu'il n'allait pas bien. Je n'ai rien vu. Rien du tout. Je ... Je ne suis pas un bon ami. J'ai échoué. J'étais trop concentré surmoi, sur Émilie, sur nos problèmes. J'ai commis une erreur. Une grosse. Je ...

– Death ? Ça ne va pas ? Me coupe Émilie, dont je n'avais même pas remarqué la présence dans la chambre.

Elle roule vivement vers moi et monte sur le lit pour se coller à moi. L'une de ses mains attrape la mienne et les joint sur son ventre chaud et arrondit. Elle m'observe, le regard plein d'inquiétude.

– Death ?

– Je ne sais pas. Soufflé-je après plusieurs minutes de silence.

– À propos de Bunny ?

– Oui. J'ai l'impression d'avoir loupé un truc et de l'avoir laissé tomber à un moment donné.

– Bien sûr que non ! S'insurge ma femme. Quelle idée saugrenue ! À quel moment tu as laissé ton frère tomber ?

– Je me suis trop occupé de nous et je ...

Une gifle monumentale me coupe dans mon élan. Frappé de stupeur, car la douleur n'était rien, je fixe Émilie, ma douce Émilie, les yeux écarquillés. Elle est rouge d'une colère dont je ne comprend rien. Et serre sa main contre sa poitrine. Elle a dût avoir bien plus mal que moi. Mais son geste me sidère. Une larme roule sur sa joue. Bordel je ne comprend rien !

– Tu es vraiment le con le plus con de toute cette foutu planète. S'énerve Émilie.

– Je te demande pardon ?

– Tu ne peux pas te concentrer sur tout le monde en même temps ni résoudre les problèmes de tous. Tu as tes propres emmerdes à gérer. Moi, le bébé, nos parents. Et oui, Bunny aussi. Mais si tu crois que tu l'a abandonné ou un truc tout aussi con, alors tu es un idiot. Parce qu'il sait très bien qu'il peut venir te voir, me voir, au moindre soucis. S'il ne l'a pas fait tout de suite, c'est qu'il avait besoin de temps pour lui, pour se faire à l'idée, pour la digérer. Tu n'es pas plus responsable de la tumeur de Bunny que de mon handicap ! C'est la vie, c'est comme ça. Des gosses meurent de cancers pendant que des tueurs en séries crèvent de vieillesse en prison. Y'a pas de logique. C'est juste ainsi.

– Je ...

– On doit juste être là pour soutenir Bunny, sans nous oublier à travers lui. Sinon, ça ne sert à rien. On ne vit pas pour ou à travers les autres, mais avec eux.

Je hoche la tête. Émilie fini par me sourire et pose sa tête sur mon épaule. Je la serre contre moi, mes mains étalées sur notre bébé. À ruminer ses paroles. Ouai. Ouai, elle a raison. J'ai peut-être été un peu présomptueux dans cette histoire. Je souffle longuement et ferme les yeux. J'ai un peu présumé de mon rôle de pilier dans leur vie. J'aide à tenir la structure, je ne suis pas la structure.

– Tu pense pouvoir quitter Austin plusieurs jours ? Demandé-je au bout d'un moment.

– Bien sûr. Les jumeaux peuvent parfaitement gérer le navire en mon absence. L'équipe est rodée, même avec les derniers arrivés et les plannings ainsi que les menus sont déjà prévus pour au moins un mois. Il n'y a que les commandes à s'occuper et Adrien et Aurélien sont formés pour les passer. Et je ne doute pas qu'ils soient capable d'intervenir s'il y a un problème. Je suis de toute façon plus ou moins obligée de m'en tenir à de l'administratif pur et dur. La comptabilité a été donné à quelqu'un dont c'est le métier. Faut juste me dire combien de jours que je m'adapte.

Evil Eater - T2 - Bunny - À l'aube de nos vies.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant