Evil Eater - T2 - Bunny - À l'aube de nos vies.

Chapitre 14

Bunny -

Death a fait un truc impressionnant dans la cage hier. La vidéo de son combat tourne toujours sur la toile, affolant tout le monde. La police est sur les dents et cherche par tous les moyens de la retirer. On s'assure qu'elle réapparaisse dans la seconde. Le nombre de vue augmente sans cesse. Le tatouage du Club qu'il arbore dans le dos est parfaitement visible sur les images, nous offrant une notoriété de dingue. Émilie craignait que la police n'arrête Death mais ils n'ont rien fait pour le moment. Et je ne pense pas qu'ils fassent quoi que ce soit. Allongé sur le lit à l'hosto, je soupire, fatigué. Derby et Émilie sont là, à me tenir chacune une main tandis que je subis ce qui semble être une de mes dernières séances de chimio. Après viendra l'opération de la dernière chance, si je peux dire. Il y a des chances que je meure sur la table, que je ne me réveille pas, que ça échoue et que la tumeur revienne. Tant d'incertitudes. Mais je vais la faire, je vais me battre. Pour moi, pour Dawn, Derby qui commence à prendre de la place en moi, pour Émilie et mon futur neveu-nièce, pour mes frères, ma famille. Et pour aider à la traque du taré qui à tué Phantom. Je me dois d'être en forme. De revenir le plus vite possible. Parce que, putain de merde, j'ai tellement l'impression d'être un foutu boulet inutile ! Je ne sers à rien et tout le monde s'inquiète constamment pour moi à chaque respiration ! Je comprend mieux qu'Émilie est pété un câble à un moment de sa vie si on la traitait tout le temps comme ça. La famille est celle pour laquelle on se bat et qui nous relève des Enfers, mais bordel, parfois c'est elle qui nous donne la sensation de se noyer.La pitié, la compassion, et toutes ces merdes sont lourdes à gérer.

C'est pour ça que j'adore qu'Émilie m'accompagne. Parce que jamais je n'ai vu ça dans son regard. De la tristesse, de l'inquiétude et un peu de douleur. Mais pas de pitié. Ni dans celui de Derby d'ailleurs ... Derby. Elle ne quitte pas mes pensées. Elle est toujours là, dans un coin de mon crâne. S'en est un peu flippant. Je ne pensais pas qu'une personne pouvait creuser un trou aussi vite dans mon âme. J'aime son regard doux, son visage adorable. La légère rougeur de ses joues quand elle me parle, sa force de caractère. Tout en faite. Et à dire vrai, c'est la première fois que je me rapproche à ce point d'une femme autre que ma meilleur amie, et ce sans aucune pensée sexuelle. Enfin, si, j'ai grave envie de la goûter, mais je veux encore plus apprendre à la connaître. Elle m'attire mais j'aime passer du temps avec elle, sans que le sexe ne soit l'attraction principale du moment. C'est si différent des brebis qui ne s'intéressent à nous que pour nos queues. Derby est tellement différente. Franchement, heureusement que je côtoies Émilie depuis un moment parce que sinon, je ne saurais pas vraiment comment me comporter correctement. Et je ne veux pas que Derby pense une seule seconde que je ne partage du temps avec elle que pour la baiser.

Quand je tourne la tête pour la regarder et qu'elle le remarque, elle me sourit. Elle fait toujours ça, ses joues légèrement rougies. Et moi ? Je bande. Heureusement que mon fut en cuir est trop serré pour que ce soit trop voyant.

– Ça va ? Demande t-elle.

– J'ai la nausée. Répondis-je honnêtement.

– Tu veux qu'on appelle un doc ? Fait Émilie.

Je secoue doucement la tête. Non, ça ira. Ça ira forcément. C'est bientôt la fin. Je pourrais rentrer vomir mes tripes comme un grand garçon dans un coin tranquille. Seul. Je déteste qu'elles me voient malade. Ce qui est franchement con. Je sais que mes nausées ne sont plus causées que par la chimio. Mais aussi par le stress de l'opération. Mercy doit revenir sous peu pour m'accompagner à fond la dedans. De toute façon, c'est au point mort à Austin. Le type est un putain de fantôme ou bien ? Un truc de frappé. L'enquête rame, recule même, et la police fait chou blanc elle aussi. Personne n'a rien et une famille pleure un fils et un frère. On ne peut pas à ce point ne pas laisser de traces. C'est ... Soudain, une putain d'illumination percute mon crâne. J'en sursaute tant ça parait logique d'un coup. Pourquoi on n'a pas pensé à ça ? Je fixe les filles qui froncent les sourcils de concert.