Evil Eater - T2 - Bunny - À l'aube de nos vies.

Chapitre 16

Derby -

Clay a disparut depuis plusieurs jours maintenant. Il ne vient plus à mon travail, que je peux effectuer sans m'inquiéter de sa présence et de ses tentatives aussi lourdes que malaisantes. Ça devrait me remplir de joie mais ce n'est clairement pas le cas. C'est tout le contraire. Ça me fait peur. On dirait qu'il prépare un truc et je sens au plus profond de mon âme que je ne vais pas aimer ce qui va suivre. C'est comme attendre sous un ciel noir que l'orage explose. J'ai l'impression de vivre en apnée, sur le qui-vive. Ce n'est pas quelque chose d'agréable. Mais j'ai Bunny et mes amies. Émilie est devenue une copine géniale. Elle a vécut des trucs franchement triste et douloureux mais elle s'est toujours « relevée » comme elle dit. Avec de l'aide, mais elle s'est remise à vivre. Et maintenant elle a retrouvée la moitié perdue de son âme. Même si je ne comprendrais jamais vraiment comment elle peut aimer Death sans conditions comme elle le fait. Il est flippant à souhait ! Je suis tombée par hasard, ou pas, sur la vidéo de son combat. En faite, elle traînait sur le téléphone de Bunny qu'il m'avait prêté pour que je regarde vite fait un truc. Death fait peur. Et je sais que, même si Bunny n'a pas l'air effrayant comme son frère, il est tout aussi létal et mortellement dangereux que lui. Mais étrangement, je n'arrive pas toujours à associer Bunny et l'aura sanglant qu'il dit avoir. Peut-être parce que je ne l'ai jamais vu comme cette vidéo montre Death. Je ne sais pas comment je réagirais si c'était le cas. Aurais-je peur de Bunny ? Ou l'aimerais-je malgré tout comme le fait Émilie avec Death ?

Aimer ? Je sursaute alors que je manque de faire tomber un verre par terre. Bon sang Derby ! Ce n'est pas l'endroit pour te rendre compte de tes putain de sentiments ! Détruire la verrerie du boulot ne va pas bien passer auprès du patron ! J'arrange le tout et ramène la vaisselle au bar pour la laver. Mais, merde, aimer ? Je place un verre sur le jet haute pression et l'actionne pour le laver. Aimer hein ... Je n'ai jamais aimée personne. Je n'ai jamais été aimée par personne. Penser que Bunny puisse s'intéresser à moi me perturbe. Je place un autre verre,puis un autre, et encore un. Aimer ... Un sentiment si fort. Qui peut faire soulever des montagnes. J'ai toujours du mal avec ce mot. Aimer. Tout le monde le balance à tout va, au point que je trouve qu'il perd tout son volume, sa profondeur. Il n'a plus de saveur, de sens. En tout cas, pour moi qui ne le côtoie pas. Mes parents ...Ils ne m'aiment pas, ne m'ont jamais aimés. Je n'étais pas ce qu'ils voulaient, je ne suis pas devenu ce qu'ils attendaient. Malgré leur éducation, malgré leur manière de me « dresser ». Je ne correspond pas, jamais. Je me suis toujours demandée, comment reconnaît-on l'amour sans l'avoir jamais rencontrer de toute sa vie ? Comment en connaître la saveur sans jamais l'avoir goûté ? Ça aussi, ça me fait peur. Je peur d'avoir mal, de ... Je ne sais même pas. Je ne correspond pas au genre de femme que Bunny doit fréquenter. Dans son monde, il doit y avoir une flopée de femmes magnifique prêtent à tout pour lui faire plaisir.Pourquoi s'intéresserait-il à une simple employée de bar comme moi ? Je veux dire, même Émilie veut mille fois plus que moi. Malgré son handicap, elle est propriétaire d'un restaurant réputé. J'ai fais des recherches dessus. C'est l'un des endroits les plus populaires d'Austin. Je ne suis pas riche, je n'ai rien de particulier. Je suis banale.

Un verre manque de m'échapper de nouveau à cause de mes mains glissantes et de mon esprit qui divague. Mathieu me tape sur l'épaule en passant derrière moi. Il fronce les sourcils et me pose une question silencieuse. Je me contente de hausser les épaules. Il se froisse un peu et me désigne quelque chose par dessus le bar. Je crois un regard bleu. Je cligne des yeux plusieurs fois. Bunny me fixe. Un sourire hésitant aux lèvres. Il m'a l'air seul. Je ne vois pas ses amis avec lui. Incertaine, je pose ce que j'avais dans la main près de l'évier et fait le tour du bar pour m'approcher de l'homme qui retourne mon univers. Son sourire ne bouge pas, rendant son visage encore plus beau. Je remarque alors Kirin à ses côtés.