Chapitre 6

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Bunny -


Nous y voilà. Dallas. L'hôpital. Le début du combat. À peine arrivé ici, dans cet endroit qui me fout les pétoches, le Doc a prit ses aises. Déjà, il s'est lié d'amitié avec le type qui me suit. Ce dernier, ravi que je me décide enfin à me lancer dans la chimio, fait tout pour que je ne prenne pas mes jambes à mon cou. J'ai une jolie chambre rien qu'à moi pour les séances. Mais je me fous de ça, tant que mes frères sont là à mes côtés. Parce que tout m'angoisse ici. Les effets secondaires ajoutent un plus à cette atmosphère qui me donne l'impression qu'un poids énorme pèse sur ma poitrine. J'ai tout le temps mal à la tête même si je pense qu'une partie de ma douleur est plus psychologique que réelle. Il n'empêche qu'elle est présente, pesante. Je me fiche un peu de perdre mes cheveux ou de vomir ou d'avoir mal. Les premiers finiront par repousser, je l'espère en tout cas. Je me vois mal avec une perruque pour le reste de mes jours. Autant me faire tatouer le crâne si je devais en venir là. Non, le plus gros soucis, c'est clairement de bander. J'suis pas le plus gros queutard du Club mais tout de même. J'aime bien me glisser dans une brebis chaude quand j'en ai envie. Le médecin a dit qu'on pouvait parfois avoir des pertes de libido. J'suis un mec, bien sûr que c'est le truc qui me fait le plus flipper. Pas de passer plusieurs semaines à l'hosto à me gaver de médocs toxique dans l'espoir de faire une opération pour enlever cette merde dans mon crâne. Peut-être même que j'aurais le droit à une seconde chimio après pour être sûr que la tumeur ne revienne pas me casser les couilles. You-pi. Je suis ra-vi. Je ne dois plus boire d'alcool, ce qui n'est pas un soucis en soit, et suivre un régime alimentaire strict, ce qui est déjà plus compliqué. Je savais que ça serait difficile. Mais je ne pensais pas finir sur les rotules dès la première séance.

Avachie sur le canapé de la maison que Evil loue le temps de, je grince des dents à chaque mouvement, mes muscles me donnant l'impression d'être passé sous un bus. J'observe la petite bassine stratégiquement posée à portée de bras. Au cas où nausée me prendrait. Je fini par coller mon regard au plafond. Au lieu de séjourner au Chapitre de Dallas, notre Près a préféré mettre de l'argent dans cette villa tranquille. Elle est grande, possède suffisamment de chambre pour tout le monde et bonus non négligeable, il y a une suite aménagée pour les personnes en fauteuil. D'après Stone, le proprio de la barrique a eu un accident de voiture qui l'a collé dans une situation similaire à Émilie, avec des roues donc. Comme il est souvent en déplacement pour son travail, l'homme a prit l'habitude de proposer son palace à la location courte durée. Pour nous, c'est tout bénef. C'est dingue le nombre de bâtiments qui ne sont pas tout a fait adaptés aux fauteuils. Ou a qui il manque l'essentiel. Au moins, ici, Émilie peut faire tout ce qui lui plaît sans avoir à demander de l'aide à qui ce soit. Présentement, ma meilleure amie est en cuisine, à préparer un bon repas en suivant la liste d'aliments autorisés par mon médecin. Elle sifflote une mélodie, un petit sourire vague sur les lèvres. Pour m'accompagner totalement dans ma baston contre ma copine la tumeur, les frères ont décidés qu'ils allaient manger comme moi et se soumettre aux mêmes restrictions. Pas d'alcool, pas de tabac. Du moins, pas en présence d'Émilie ou de moi pour ce qui concerne la nicotine. Stone, entre autre, fume beaucoup, donc je doute qu'il arrive à se stopper net. Je pense plutôt qu'il va essayer de drastiquement faire descendre le nombre de clope qu'il passe par jour dans le but final d'arrêter définitivement. C'est dingue comment, depuis qu'ils savent pour ma tumeur, les gars s'inquiètent de leur propre état de santé. Des risques de cancers et des dépistages qui existent. Émilie était déjà un rappel de ce qu'on risque à chaque fois qu'on pose notre cul sur notre bécane. Avec moi, ils ont maintenant de quoi réfléchir. Des cancers et autres saloperies, chez l'homme, il en existe pas mal. Mais bon, il y a plus de chance de mourir dans une fusillade lors d'une virée que de vieillesse dans notre pieu. Ou d'une quelconque maladie. On vit une vie dangereuse, remplie de balles, de couteaux et d'explosifs. Au moins, tu sais que tu es mort seulement quand tu crèves. Souffrance brève, fin de l'histoire. Pas en dépérissant des heures, des jours, des semaines dans un lit médicalisé, à attendre la grande faucheuse qui a perdu son GPS.

Evil Eater - T2 - Bunny - À l'aube de nos vies.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant