Chapitre 8

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Bunny -


Aujourd'hui, j'ai essayé de sécher la séance de chimio. Mais avec les gardes-chiourmes qui vivent avec moi, c'était un rêve irréalisable. J'ai bien cru qu'ils allaient m'y traîner par la peau des couilles. Je me suis bien vite rendu, tout simplement parce que mon corps de suit plus les volontés de mon cerveau. Avec un soupir, j'ai suivis le mouvement et je me suis retrouvé en enfer pour un jour de plus. À dire vrai, je n'en peux plus. Tous les jours, faire cette merde, c'est en train de me tuer plus sûrement que la tumeur que c'est censé combattre. J'en ai marre. Je suis fatigué, maigre, malade, au bout du rouleau. Mais je dois encore subir ça je ne sais combien de jours. Parce que ça marche, même si pour le moment, les résultats sont trop minimes pour être réellement encourageant sur la durée. Elle a diminuée cette salope. D'un quart de millimètre, mais c'est une diminution. Après tout, ça ne fait pas si longtemps qu'on la bombarde pour la faire crever. Et mon corps avec. D'après le mec qui me suit avec attention, d'ici un mois de ce traitement de choc, on pourra voir pour programmer une opération. Et ça me file la pétoche de fou. Une opération du cerveau, même bénigne, peut occasionner des problèmes. Ça reste une putain d'opé du cerveau merde ! Et si je changeais après ça ? Et si ils se loupaient et que je finissais en légume ? Et si j'étais paralysé ? Et si je ne pouvais plus jamais monter ma bécane ? Ou faire mon job au sein du Club ? Et si je ne pouvais plus être moi avec les Evil Eater ? Je serais qui à ce moment là ? Je ne sais pas être autre chose que Bunny, le Road Captain. Je ne suis pas comme Death, je n'ai aucun talent dans aucun domaine. Que se passerait-il alors ? Devrais-je quitter le Club ? Chercher un travail ? Devenir quelqu'un de « normal » ? En suis-je même capable ? Toutes ces interrogations sont en train de me bouffer. De me détruire. J'ai peur. Et je n'ai plus honte de le dire. J'ai peur. De l'avenir. De ce que je pourrais, ou devrais devenir. Ne plus être moi me fait peur. À un niveau que je n'avais jamais rencontré. J'ai vu la mort en face, je lui ai ris au nez tant de fois. J'aime courir sous les balles, danser devant des explosions, me jeter à la gueule d'un connard quatre fois plus gros et musclé que moi pour lui latter sa mère. Tout ça c'est ma putain de vie. Ma putain de vie ... Je veux dire, le gamin qui était là avant Bunny, il est mort. Il a disparut il y a longtemps. Et ses rêves avec lui. Je l'ai enterré ce petit garçon.

– Mec. Gronde une voix glaciale et familière à mon oreille.

Je lève les yeux et en rencontre une paire bleu glacée.

– Oui ? Fais-je, fatiguée.

– Je te collerais bien mon poing dans ta gueule mais Evil m'a dit qu'on ne frappait pas les malades.

– Pourquoi tu veux me frapper ? Gémis-je en m'allongeant comme une merde sur le canapé.

– Parce que tu le mérites ?

– Hein ? Marmonné-je en tournant la tête vers lui.

Death, qui d'autre hein, se tient près de moi, bras croisé sur son torse, le regard meurtrier.

– Tu sais que tu marmonnais tout seul depuis un moment hein ? Lâche t-il.

– Pardon ? Fis-je en me redressant d'un coup, déclenchant une nausée et un vertige.

– Ouaip.

– Merde. Soufflé-je.

– Tu veux que je te dise un truc ? Demande t-il.

– Non. Mais tu vas sûrement me le dire quand même, je me trompe ?

– Non, c'est vrai. Alors écoute moi bien, connard de mes deux. Tu seras toujours ce putain de Bunny. Quoi qu'il arrive après cette merde. Tu seras toujours mon frère, celui de Milie, des autres. Tu seras toujours le parrain de mon gamin, le connard qui aime faire des farces aux frangins, celui qui nous casse les couilles à longueur de journée. Tu seras toujours le Road Captain de ce Club. Et même, et c'est impossible que ça arrive, si jamais il arrivait un truc, tu serais toujours un Evil Eater et un membre de ma famille. Même manchot, cul-de-jatte, borgne, édenté et eunuque. Tu piges ça, fils de pute, ou il faut que je te latte le cul pour que ça rentre dans ton petit crâne épais ? Gronde Death d'une voix mortellement flippante, son regard de glace gelant mon âme et mon corps comme lui seul peut le faire.

Evil Eater - T2 - Bunny - À l'aube de nos vies.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant