Evil Eater - T2 - Bunny - À l'aube de nos vies.

Chapitre 5

Derby -

Encore une semaine de merde. Peu de pourboires, Clay qui se montre trop souvent pour ma santé et un coup de mou au moral. Je ne sais pas, je ne suis pas particulièrement en forme depuis peu. J'ai sûrement dû attraper une cochonnerie. Bah, ça me passera forcément. Les coup de mou, ça arrive à tout le monde. Du coup, je passe mon temps libre avec mes deux meilleures amies. Même si elles sont simplement plongées dans la rédaction de leurs cours ou en révision. Ne pas être seule vaut mieux que de se morfondre dans son coin. Je ne sais pas comment elles font. J'ai essayée de lire un de leur papier un jour. Je n'ai absolument rien comprit. Ça aurait été écrit en sumérien que ça aurait été la même chose pour moi. La psycho c'est un monde qui n'est pas fait pour moi. Et pourtant, comme me l'a fait remarquer Tracie, j'en fais souvent. Rien de vaut un bar et des gens alcoolisé pour faire de la psychologie et de la philosophie. Un barman est thérapeute et confidents à ses heures perdues. Ce qui m'arrive quand je suis placée derrière le comptoir. Je récolte les paroles des autres, leurs problèmes, leurs larmes, leurs douleurs, et je tente parfois de les alléger. Et je suppose que c'est une partie de l'origine de mes propres problèmes. À force d'absorber ceux des autres, ils me pèsent. Allongée sur le tapis duveteux de Dawn, je soupire à pierre fendre. Les filles froncent les sourcils de concert et me regardent.

– Tu veux allez faire un tour ? Propose Dawn.

– Vous êtes occupées. Désolée de déranger, je ferais mieux de partir pour vous laisser travailler en toute tranquillité.

– Dis pas de conneries, on peut faire une pause. Lâche Tracie. Vaut même mieux qu'on en fasse une. Allez la limace écrasée ! Debout, on va se promener un peu. Un demi-heure ou deux. S'aérer nous fera du bien à toutes.

– Carrément d'accord. Lance Dawn.

Je les regarde, les lèvres pincées, puis je fini par suivre leur mouvement. Je me lève, je mets mes chaussures et je vais faire attention au grand méchant loup ... Oups, pardon, mon esprit s'égare. J'ai la motivation d'une vache morte. Mais je me traîne derrière mes deux énergiques amies sur le campus. On se dirige vers un parc situé non loin. Il est plutôt sympa. On marche tranquillement, discutant de tout et de rien. Parler, lâcher tout ce qui ronge mon esprit, me fait du bien et les filles le savent. Elles ne laissent jamais la conversation s'essouffler, me relançant sur d'autres sujets dès que celui en court arrive à sa fin. La petite demi-heure devient rapidement une heure, puis deux. Lorsqu'on retourne finalement vers l'appartement, je suis plus légère, moins molle. Et plus alerte. C'est pourquoi je remarque un type qui n'a strictement rien à faire dans le paysage. Tout en cuir noir, il s'est a moitié dissimulé dans l'ombre d'un bâtiment. Ce qui me dérange le plus, c'est qu'il nous fixe. Lorsque nos regards se croisent, il ne détourne pas le sien une seconde.

– Derby ? Appelle Dawn, qui a avancé de quelques pas alors que je me suis arrêtée, me faisant rompre le contact pour me tourner vers elle.

– Oui ?

– Il y a un problème ?

– Ce type, là-bas ... Dis-je en le pointant du doigt.

– Quel type ? Fait Tracie. Où ça ?

Je regarde dans la direction que je montrais et, effectivement, il n'y a plus personne. Je fronce les sourcils. Puis raconte ce que j'ai vu. Putain, j'en parle comme si j'avais des hallucinations. Mais le ton sérieux que j'emploie fait hocher la tête aux filles.

– OK. Fait Dawn. Si tu as vu un mec chelou, alors il était là. Il a du prendre la tangente sans que tu ne le vois.

– Ouai. Des mecs bizarres, y'en a de temps à autre sur le campus. C'est un endroit ouvert, et remplis de personnes différentes, qui invitent leurs amis. Ou juste des gens qui passent par là. On fera attention.