Evil Eater - T2 - Bunny - À l'aube de nos vies.

Chapitre 23

Derby -

Mon patron me traita de folle quand je lui expliquais les raisons de ma démission. Oui, peut-être. Folle de Bunny. Assurément. Bien sûr que je suis un peu folle de tout quitter comme ça, pour un homme. Un homme que je ne connais pas depuis très longtemps. Pour recommencer une nouvelle fois ma vie dans une autre ville. Mais je l'ai déjà fait une fois. Et j'étais seule, sans personne sur qui m'appuyer.Pour fuir mon passé. Dont je sais que je devrais un jour en informer Bunny. Parce que le passé revient toujours nous hanter. Ce passé dont j'ai tant honte. Qui me fait si peur. Je sais que jamais Bunny ne me jugera. Pas avec son propre passé, et son présent, mais pour les gens « normaux », ce que j'ai fais, ce que j'ai vécut, ce passé qui m'a forgée, est un crime. Un crime qui pourrait me valoir d'aller en prison. Un crime qui me fait peur. Honte. Mal. Pourtant, dans les bras de Bunny, tout ça s'efface. Plus rien ne compte. Il est comme une bouée de sauvetage. Mon salut. Alors, oui, je pars à Austin, presque sur un coup de tête, bourrée d'incertitudes face à notre avenir. Mais quand je regarde Émilie,qui m'a tout l'air d'être une personne censée et équilibrée, avec Death, qui semble tout le contraire, je me dis qu'être avec Bunny est possible. Je peux me montrer assez forte pour comprendre son monde et m'y intégrer. Si j'ai survécus à mon enfance et à mon adolescence, je peux m'adapter à lui, aux Evil Eater. Aux ténèbres. Je serais cette petite lumière qui y brille si fort que jamais Bunny ne s'y perdra. Son phare, toujours debout pour le guider. Oui, je peux être tout ça. Avec un sourire, je rejoins Dawn chez moi. Mon appart est un bordel sans nom, pleins de cartons partout. Je laisse les meubles en partant.

Apparemment, on n'en aura pas besoin, il y a tout ce qu'il faut au Club. Dawn était un peu septique d'aller y vivre. Elle aurait préférée une chambre étudiante sur le campus. Mais Bunny lui a assurée que c'était bien mieux au Club. Music a bien sûr appuyé en disant que lui serait là et qu'il lui servirait de taxi autant qu'elle le voudrait. La tête de mon Lapin était drôle. Celle de Music quand il a été menacé d'émasculation par au moins vingts méthodes différentes aussi. Dawn s'en est prise à son frangin en disant qu'elle était majeure, qu'elle couchait avec qui elle voulait, et qu'il n'avait pas à intervenir. Bunny a renchérit en disant que Music devrait subir ça pour le principe, qu'on ne touchait pas la famille d'un frère sans une bonne correction pour la forme. Les deux se sont prit le bec comme des gosses, c'était drôle. Ça l'est devenu un peu moins quand Bunny s'est levé rendre le contenu de son estomac dans l'évier. Ça a mit fin à la conversation / dispute entre eux. Dawn est passée de furie en colère à boule de douceur inquiète à tourner autour de Bunny en lui demandant s'il allait bien, s'il voulait quelque chose. Ces deux là m'amusent. Ils sont pareil. Totalement pareil. Même dans leur façon de s'outrer quand je leur dis. Deux copies. Avec Music, on s'en amuse beaucoup. Evil beaucoup moins. Il pleure sa tranquillité future qui s'envole. Sa tête ... On dirait qu'il a croqué un citron particulièrement acide.

– Bon. C'est le bordel ici. Grimacé-je.

– Ouai, c'est dingue le bordel qu'on accumule sans s'en rendre compte. Soupire Dawn. Et encore, j'en ai laissée un peu à Tracie. Qu'elle en face ce qu'elle veut. Ajoute t-elle avec les lèvres pincées.

– Comment on va emmener tout ça ?

– Je crois qu'un frère de Dallas a une camionnette. Il va faire allez-retour je suppose.

– Oh, d'accord. C'est bien. Je me demande comment c'est, Austin.

– Aucune idée. Mais j'ai hâte de le découvrir. J'ai l'impression de partir à l'aventure. Rigole Dawn.

– Oui. On se jette dans l'inconnu. C'est grisant.

– Et bizarre.

– Aussi. Dis-je.