Foolish Hope [Terminé]

Chapitre 7 : Dylan 🌅

It's in my head, darling, I hope
That you'll be here when I need you the most, so
Don't let me, don't let me, don't let me down
D-don't let me down
Don't let me down ; The Chainsmokers

Je passe la journée à la maison, tout seul. Je tourne en rond, je débarrasse entre deux moments de blues des cartons qui sont bientôt tous vides, je réfléchis à comment pouvoir donner une âme à cette maison. Tout y est blanc, repeint, on sent encore l'odeur de la peinture. Ok, c'est bien parce qu'on va pouvoir y mettre ce qu'on veut, mais en même temps... Je n'ai aucune motivation à faire ça, c'est pas mon truc. Je ne sais même pas à quoi est censé ressembler un foyer. Mais il le faut.

J'ai pris tout ce que j'avais pour acheter cette petite maison ici, et je n'ai pas encore envie d'en rajouter. D'autant qu'il nous faudra acheter des meubles, et trouver comment payer les factures qui vont arriver.

Je ne sais même pas si je resterai longtemps ici. Peut-être que je voudrai m'en aller dans quelques semaines, m'éloigner encore plus de ma ville natale.

La sensation est étrange, sur ma peau. Même si je refuse de la voir, je sens que ce n'est plus comme avant. Je n'ai plus mal au moindre étirement, au moindre coup donné dans un meuble. Je peux pousser une porte avec mon épaule, donner un coup de coude dans un tiroir, je ne sens plus cette douleur sourde qui m'accompagnait souvent et à laquelle j'ai fini par m'habituer en me renfermant sur moi-même dans un coin.

Mon ordinateur allumé devant moi, je parcours les sites de tatouage de la ville, en même temps que ma liste de souhaits s'étoffe, sur le brouillon raturé à côté. J'ai déjà prévu une petite dizaine de petits tatouages pour mes avant-bras, qui vont y fleurir rapidement, dès que je pourrai. Je commencerai là où il n'y aura aucun problème, et puis j'effacerai définitivement tout ça. Je jetterai de l'encre sur mes blessures, je les ferais disparaitre d'un coup d'aiguille qui sera libérateur. Et quand elles auront totalement disparues, alors je pourrais me tourner vers l'avenir sans toujours avoir un rappel du passé inscrit dans ma chair.

J'attends que Louise rentre à la maison pour décider quoi faire aujourd'hui. Je pense que nous pourrions aller faire des courses, mais en attendant, je me sens un peu désœuvré. J'allume la télé pour y regarder un documentaire qui ne tarde pas à me barber, mais je n'ai rien de mieux à faire donc je n'éteins pas et finis par somnoler devant l'écran jusqu'à ce que mon téléphone ne se mette à vibrer comme un dingue sur la table en bois. Je me dépêche de l'atteindre pour répondre à mon petit soleil de meilleure amie.

— Tu seras là à quelle heure ? lui demandé-je d'emblée, en regardant l'heure affichée en haut de l'écran.

— Pas encore tout de suite, il y a eu des bouchons, je suis désolée. Tu fais quoi ?

— Rien de passionnant, soupiré-je. Je ne connais rien ici, je ne sais pas quoi faire.

— Sors, tu trouveras sûrement. Ne te pose pas de questions, fais les choses avec spontanéité.

— Louise...

Je lève les yeux au ciel. Je n'ai pas l'habitude de m'ennuyer, de n'avoir rien à faire. J'ai toujours réfléchi à deux fois avant de faire un acte que je pourrai regretter. Alors tout ça, c'est... nouveau.

— Tu veux que je reste en ligne ? me propose-t-elle, et j'entends la radio derrière elle.

— Non, concentre-toi sur ta conduite, ne prends pas de risque... J'irais chercher un McDo pour manger, ça me fera faire un tour.

— Super, souffle-t-elle, et j'entends un maigre sourire de réjouissance dans sa voix.

Nous terminons la conversation là alors que je ne peux m'empêcher de m'en vouloir de faire subir ça à mon amie. De la voir chercher de l'espoir partout où il pourrait y en avoir, la moindre miette, sans jamais s'avouer vaincue. Elle m'a déjà répété des millions de fois que ce n'était pas de ma faute, n'empêche qu'aujourd'hui, je suis coupable de ne pas savoir avancer.